Dans son adresse à la presse à Bangui, le général Philippe Pontiès, commandant l’opération Eufor RCA qualifie de succès les 11 mois de déploiement en Centrafrique. « Aujourd’hui, nous quittons Bangui, nous quittons une ville apaisée. Les camps des réfugiés sont en train de se vider et, les déplacés rentrent chez eux. J’ai effectivement le sentiment que le devoir est accompli. »

Philippe Pontiès évoque des avancées significatives en matière de dialogue, de liberté de mouvement des populations et de réconciliation nationale. « Nous partons sur fond d’avancées en matière de préparation des consultations électorales, la reprise de la vie économique et sociale, une certaine sérénité retrouvée à Bangui, l’emblématique marché de PK5 qui a repris son développement, et des Banguissois de toutes communautés qui amorcent des rapprochements en vue de retrouver leur vivre-ensemble.»

L’opération militaire de l’Union Européenne en Centrafrique a été lancée en avril 2014 en soutien à l’opération française Sangaris. Eufor RCA avait deux missions : d’abord contrôler l’aéroport, puis sécuriser deux arrondissements (3e et 5e) de la capitale centrafricaine, les secteurs les plus sensibles qui ont été le théâtre d’affrontements communautaires.

Approche judiciaire

Avec un effectif de 700 militaires, contre le millier d’hommes initialement prévu, la mission a été un succès auprès de la population. « On peut dire que leur présence a permis de rétablir un début de sécurité à Bangui. La présence de ces soldats européens a beaucoup rassuré la population », reconnait un habitant du quartier de Miskine dans le 5e arrondissement. « La mission a été positive en majorité, car on sent que la spirale de la violence et des agressivités a baissé, même si cela n’est pas encore à un niveau appréciable », témoigne pour sa part Innocent Kparè, professeur d’anglais à Bangui.

Cependant, certains habitants semontrent moins enthousiastes. « Ils sont venus en Centrafrique pour désarmer tous les groupes armés dont Seleka et Antibalaka. Ils n’ont pas encore fini de le faire et, veulent rentrer. On est dans l’embarras », déplore Hervé Konga. « Je vois que c’est négatif, parce que la population ne vaque pas encore librement à ses occupations tant à Bangui qu’à l’intérieur du pays. Donc Eufor ne nous a pas donné satisfaction », témoigne pour sa part Eugénie, une mère de foyer.

Eufor RCA se retire, après avoir préparé le terrain à une autre mission européenne, EUMAM qui sera déployée d’ici fin mars pour aider à la restructuration des forces armées centrafricaines. « Eumam est une mission de conseil au profit des autorités centrafricaines pour les aider à formaliser leurs besoins en matière de forces armées centrafricaines, c’est-à-dire exprimer le modèle d’armée souhaité », précise le général Philippe Pontiès.

Aujourd’hui, Eufor se retire, la force onusienne Minusca tire vers sa pleine opérationnalité. Malgré tout, Bangui fait encore face à une persistance de la criminalité et du banditisme. Le commandant en chef de Eufor recommande une approche judiciaire pour lutter contre l’impunité, réduire les activités criminelles ainsi que la circulation illégale d’armes dans la ville.

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