Le ministre français des affaires étrangères Laurent Fabius est signalé à Pretoria. Officiellement pour encourager la participation au sommet mondial sur le climat prévu à Paris. Mais également pour solliciter le soutien de l’Afrique du Sud dans l’isolement de Nkurunziza et des propositions très fortes de la Communauté Est Africaine qui tient son sommet ce dimanche à Dar es salaam. La France souhaite faire jouer Jacob Zuma pour faire pression sur le chef de l’Etat tanzanien qui est accusé d’avoir aidé Nkurunziza à regagner Bujumbura après la tentative de putsch. Une mission jugée délicate pour Zuma qui est attendu au tournant par les pays membres du BRICS qui soutiennent Nkurunziza et le respect des institutions en place au Burundi. Zuma qui est pointé du doigt dans beaucoup de scandales de corruption, hésiterait cependant à faire plus que son opposition officielle (affichée) contre Nkurunziza!

L’Eglise catholique du Burundi vient de retirer ses prêtres dans la CENI et ses démembrements. C’était prévisible. Un prêtre qui a souhaité garder l’anonymat estime que les évêques catholiques n’ont jamais porté le président Nkurunziza, protestant et prédicateur, dans leurs cœurs. Tout ce qui peut le chasser du pouvoir est donc à soutenir. Dès sa prise du pouvoir, le président Nkurunziza organisait des rencontres avec les représentants des confessions religieuses. Au grand désarroi des évêques catholiques, il se mettait d’abord à prier avant la tenue de chaque réunion. Monseigneur Simon Ntamwana l’a interpellé sèchement:  » Monsieur le président, de quel droit dirigez-vous les prières? C’est à nous de le faire. Nous avons été appelés pour cette mission ». Et les évêques catholiques ont claqué la porte des réunions. Déjà une rupture.

Comme si cela ne suffisait pas, le président Nkurunziza, protestant, se permettait d’aller à des cultes catholiques et de se présenter à la communion de l’eucharistie. Par deux fois, il s’est présenté devant l’autel avant de recevoir un avertissement sévère des évêques! S’il a renoncé à mépriser ce saint sacrément des catholiques, il a continué à aller aux lieux du culte et à prendre la parole au cours des messes. Or, le canon catholique veut que ce soit le prêtre qui enseigne seul et dans un monologue! A ces griefs, il faut ajouter la perte par les prélats catholiques de leur place privilégiée dans les honneurs de la république depuis l’arrivée au pouvoir du major Pierre Buyoya en 1987. Avec Nkurunziza, ils sont relégués à l’arrière plan et lui en veulent dans leurs sermons! S’ils avaient accepté d’envoyer des prêtres dans la CENI, c’était à contre-cœur et parce que cela rapporte financièrement pour bien des prêtres très affectés par la perte des subsides qui venaient du Vatican! D’ailleurs, certains prêtres ont obtempéré sans cacher leur indignation face à cette fronde.

La vice présidente de la CENI vient de céder à la manipulation des Occidentaux et d’abandonner sa fonction. Comme elle ne subissait aucune pression et encore moins une quelconque surveillance du régime, madame Spes Caritas Nditoreye a pris l’avion à destination de Kigali. Une fois au Rwanda, la CENI a été informée de sa défection par un appel téléphonique anonyme. Elle aurait laissé une lettre de démission.

Pour RFI, c’est un rebondissement dans la crise burundaise. Et d’affirmer que Nkurunziza est plus que jamais isolé suite à cette défection. Une vice présidente de la CENI devient pour les Occidentaux un cas de relations internationales! C’est une stratégie des Occidentaux pour ne pas être accusés d’ingérence dans les affaires internes d’un Etat souverain. Il faut dire que le tapage médiatique de RFI et la réjouissance débordante de son correspondant Esdras Ndikumana suite à cette défection montrent que ce coup a été monté par les Occidentaux. De la même manière qu’ils ont fait pour le vice-président de la cour constitutionnelle. Comme ils ont fait pour le journaliste Jean Baptiste Bireha dans l’assassinat de l’opposant Zedi Feruzi.

RFI bombarde cette victoire du lobbying des Occidentaux à longueur de journée et n’équilibre même pas pour informer les auditeurs de la réaction du président de la CENI. Or, pour la CENI, cette défection est regrettable mais ne peut pas empêcher la prise des décisions par consensus. Madame Nditoreye a quitté le pays en toute liberté et sans mission officielle. Un départ en première classe pour un exil doré en Europe? Allez savoir dans bien des pays comment les gens menacés quittent leur pays. Ce n’est pas la tête haute et au vu des services de renseignements et de la police judiciaire.

HRW comme RFI accusent la police burundaise d’usage disproportionné de la force contre les dernières pochettes des insurgés à Bujumbura. Le montage d’images est fait pour manipuler l’opinion internationale et diaboliser la police. Rien n’est dénoncé des meurtres que les insurgés commettent dans les quartiers. Rien n’est dénoncé des véhicules brûlés, des élèves et des fonctionnaires pris en otages. Car, les Occidentaux travaillent à la chute de Nkurunziza. Même quand des grenades sont lancées et font des morts et des dégâts matériels considérables, RFI signale mais pas de condamnation! A coup sûr, l’opinion internationale n’est pas dupe et a compris qu’il s’agit d’une propagande malveillante. Au départ, les Occidentaux accusaient Nkurunziza de vouloir changer la constitution pour briguer un nouveau mandat. Puis ils l’ont accusé d’avoir fait pression sur les membres de la cour constitutionnelle. Maintenant, ils l’accusent de violenter des manifestants qui tuent des innocents, lancent des grenades et mettent les quartiers à feu et à sang! Des violences que ces Occidentaux ne toléreraient jamais chez eux mais qui deviennent banales au Burundi. Même le terrorisme est passé vous silence!

Devant un tel complot, Nkurunziza est plus que jamais fondé à ne pas lâcher. Il doit tout miser dans l’organisation des élections. Le Mali a organisé des élections malgré des millions de réfugiés. Le Nigeria a organisé des élections malgré les hécatombes de Boko Haram. L’Ethiopie vient d’organiser les élections sans observateurs européens. On dirait d’ailleurs que la mission d’observation électorale de l’Union Européenne n’était au Burundi que pour accompagner les manifestations et le renversement du régime. Devant l’échec prévisible, elle se retire avec fracas. Elle parle de climat peu propice aux élections transparentes. Archi-faux car plus de 90% du territoire est en paix. Était-ce le cas pour le Nigeria? Pire encore, l’Europe participait au dialogue organisé par la MENUB. 6 des 8 points de négociations étaient en train de trouver un compromis. Mais les Occidentaux ne veulent pas d’un compromis proposé par le sommet de l’EAC qui est pressenti favorable au maintien de Nkurunziza comme candidat. Le départ de la mission d’observation électorale de l’Union Européenne est une fuite en avant. L’Europe et les USA pourraient sans se gêner financer une rébellion ou un plan l’assassinat de Nkurunziza.

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