En cas de menace contre des intérêts américains, le président Trump a agité une possible destruction de l’Iran, qui dénonce des « railleries génocidaires ».
Face à la perspective d’un conflit avec l’Iran, Donald Trump hausse le ton. Dans un message publié dimanche sur Twitter, le président américain a menacé le pays de destruction en cas d’attaque contre les intérêts américains. Une déclaration qui survient alors que les relations entre Téhéran et Washington sont extrêmement tendues depuis le rétablissement des sanctions économiques américaines en novembre dernier. « Si l’Iran veut se battre, ce sera la fin officielle de l’Iran. Plus jamais de menaces à l’encontre des États-Unis », a lancé dimanche Donald Trump sur Twitter. Donald J. Trump sur Twitter _ _If Iran wants to fight, that will be the official end of Iran. Never threaten the United States again!_
Les tensions entre Washington et Téhéran se sont exacerbées, alors que les États-Unis ont annoncé le déploiement dans le Golfe du porte-avions Abraham Lincoln et de bombardiers B-52, invoquant des « menaces » de la part de l’Iran. L’administration Trump a ordonné au personnel diplomatique non essentiel de quitter l’Irak, citant des menaces émanant de groupes armés irakiens soutenus par l’Iran.
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Dimanche, une roquette Katioucha a été tirée contre la Zone verte à Bagdad, qui accueille des institutions gouvernementales et ambassades, dont celle américaine. Il n’était pas clair dans l’immédiat qui était derrière cette attaque. Les relations américano-iraniennes sont au plus bas depuis que le président Trump a décidé, il y a un an, de se retirer de l’accord international conclu en 2015, visant à limiter le programme nucléaire iranien en échange d’une levée des sanctions contre Téhéran, et depuis le rétablissement des sanctions économiques américaines contre l’Iran, en novembre dernier.
La presse américaine spécule sur des divergences au sein du cabinet de Donald Trump sur la manière de traiter le dossier iranien. Selon les médias américains, le conseiller à la sécurité nationale John Bolton fait pression en faveur d’une ligne dure contre l’Iran, mais d’autres au sein de l’administration sont opposés. Donald Trump lui-même a dit récemment qu’il avait dû « tempérer » John Bolton.
L’Iran dénonce des « railleries génocidaires »
Pour sa part, le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, a répondu lundi aux dernières menaces de Donald Trump à l’encontre de son pays en affirmant que « les railleries génocidaires » du président américain ne mettraient « pas fin à l’Iran ». « Donald Trump espère réussir là où Alexandre (le Grand), Gengis (Khan) et les autres agresseurs ont échoué », écrit Mohammad Javad Zarif sur son compte Twitter en faisant référence à deux conquérants étrangers ayant dominé la Perse (l’ancien nom de l’Iran) à une période donnée de son histoire plurimillénaire. « Les Iraniens sont restés debout pendant des millénaires alors que leurs agresseurs (sont) tous partis. Le #TerrorismeEconomique et les railleries génocidaires ne mettront pas fin à l’Iran », écrit-il. Il s’agit d’une réponse directe du chef de la diplomatie iranienne au dernier message contre l’Iran publié par le président américain, la veille sur le même réseau social.
Le ministre avait cependant minimisé samedi la possibilité d’une nouvelle guerre dans la région. À l’issue d’une visite en Chine, Mohammad Javad Zarif s’est dit « certain […] qu’il n’y aura pas de guerre puisque [ils] ne souhait[ent] pas de conflit et puisque personne ne se fait d’illusion quant à sa capacité à affronter l’Iran dans la région », a rapporté l’agence officielle Irna. L’Arabie saoudite a demandé samedi la convocation de sommets du Conseil de coopération du Golfe (CCG) et de la Ligue arabe à la suite du sabotage de navires dans le Golfe et d’attaques contre des stations de pompage dans le royaume.
Ces deux sommets extraordinaires auxquels Riyad invite ses partenaires se tiendraient le 30 mai prochain à La Mecque « pour discuter de ces agressions et de leurs conséquences sur la région », a indiqué l’agence de presse officielle saoudienne. Il s’agit « de se consulter et de se coordonner avec les dirigeants frères » à propos de « tous les sujets susceptibles de renforcer la sécurité et la stabilité dans la région ». Le ministre saoudien des Affaires étrangères Adel al-Jubeir a affirmé que son pays « ne veut pas une guerre » avec l’Iran et « va tout faire pour la prévenir », tout en assurant que Riyad est prêt « à se défendre et à défendre ses intérêts » si l’autre partie choisit d’aller vers la guerre.
Les alliés régionaux du royaume ont salué l’invitation saoudienne. Le ministère des Affaires étrangères des Émirats arabes unis a indiqué que dans les « circonstances critiques » actuelles les pays du Golfe et arabes devaient faire preuve d’unité. Dimanche, lors d’une réunion de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis se sont inquiétés d’une hausse des stocks mondiaux de pétrole. Les pays exportateurs ont affirmé leur détermination à stabiliser le marché malgré les tensions dans le Golfe.
Les pays de l’Opep sont « unanimes dans leur volonté de continuer à travailler pour arriver à la stabilité entre l’offre et la demande », a indiqué le ministre de l’Énergie saoudien Khaled al-Faleh, dont le pays est le premier exportateur mondial de pétrole. Malgré la chute des exportations de pétrole vénézuélien – provoquée par la crise politique à Caracas – et iranien, et en dépit de la baisse de la production des membres de l’Opep, les stocks de brut continuent d’augmenter, selon les Émirats. Également membre de l’organisation, l’Iran, dont le secteur pétrolier est frappé par des sanctions américaines, était absent de la rencontre. Principal rival régional du royaume saoudien, l’Iran a été montré du doigt par Riyad après des attaques contre un oléoduc saoudien revendiquées par les rebelles yéménites soutenus par Téhéran, qu’une coalition militaire sous commandement saoudien combat au Yémen. Ces attaques sont intervenues quelques jours après des « actes de sabotage » non revendiqués dans le Golfe qui ont touché entre autres des pétroliers saoudiens. Riyad a néanmoins assuré dimanche que la sécurité de son industrie pétrolière était « solide ».
Source AFP