A un an des élections au Burundi, la jeunesse du parti au pouvoir (CNDD-FDD), les Imbonerakure, les «visionnaires», sont montrés du doigt par les autres partis politiques, mais aussi les organisations de défense des droits de l’homme. Accusés de commettre des violences et notamment de violences politiques. Pour en parler, Sonia Rolley reçoit Denis Karera, le président de la Ligue de la jeunesse du CNDD-FDD.
RFI : Comment expliquez-vous que votre mouvement, les Imbonerakure, la Ligue de la jeunesse du parti au pouvoir, ait si mauvaise presse aujourd’hui ?
Denis Karera : Nous constatons qu’il y a une campagne pour salir et déshonorer la Ligue des Jeunes. Les Imbonerakure, c’est la majorité des membres du parti au pouvoir. Et c’est aussi la pépinière du parti. Si on essaye de déshonorer la Ligue des jeunes, c’est pour qu’il n’y ait pas d’adhésions massives. Je peux vous informer qu’on compte beaucoup de milliers de jeunes qui ont adhéré à notre organisation durant ces dernières années. Donc, d’où viennent-ils, tous ces jeunes ? Ils viennent de ces partis politiques. Donc ils sont peur, ils voient que si la Ligue des jeunes reste forte, il est difficile pour eux d’accéder au pouvoir.
Parmi les sources de cette information qui disent que les Imbonerakure commettraient des violences politiques, il y a notamment une note de l’ONU. Elle date du 3 avril et dit que l’une des menaces pour la paix au Burundi ce serait justement les Imbonerakure. Depuis le début de l’année, sur 24 incidents impliquant les Imbonerakure, il y en aurait 23 qui seraient de nature politique.
Je pense que ça nécessite une certaine investigation sur ces informations qui ont été données. Parce qu’au niveau des Imbonerakure, nous ne disons pas qu’un Imbonerakure ne peut pas commettre une faute. Un Imbonerakure c’est un jeune comme un autre jeune. Il peut commettre une erreur, il peut commettre une violence, je veux dire. Mais cette personne sera appréhendée par les organes habilités, afin qu’il y ait un établissement des responsabilités. Et dans son cas, la responsabilité pénale et individuelle, cette personne doit être traduite en justice. Peut-être que ceux qui globalisent, généralisent ces faits ont d’autres objectifs à atteindre, surtout qu’on approche des élections. Ce n’est pas normal qu’aujourd’hui il y ait des cas de conflits fonciers et des conflits familiaux et on dit que c’est politique. On dit : ce sont les Imbonerakure, ce sont les Imbonerakure.
Souvent, on ne nous dit pas même son nom. Quand ils nous donnent son nom, nous demandons son âge. Mais ils nous disent : on a vu que c’était un jeune. Mais est-ce que tu peux facilement détecter la différence entre le jeune de 35 ans et cinq mois et le jeune de 35 ans, pour le qualifier de Imbonerakure ? Parce que l’Imbonerakure c’est un membre du CNDD-FDD et il a entre 15 et 35 ans. Donc ces cas qui ont été cités, ce sont les mêmes cas qui sont donnés par l’opposition. Et l’opposition, on sait qu’étant dans la compétition politique, peut-être qu’ils ne peuvent pas dire des choses qui les défavorisent.
Justement, parmi ces leaders de partis politiques, que ce soit au niveau national ou au niveau local, ils accusent les Imbonerakure de perturber leurs activités politiques sur le terrain de manière délibérée.
Je pense que, là aussi, il y a une exagération. Un citoyen simple n’a aucune prérogative de se mêler aux affaires de l’administration. Et c’est ce que nous avons dit. S’il y a une personne qui est découverte en train de déstabiliser la tenue d’une réunion d’un parti politique, cette personne n’a pas été mandatée par une autre organisation.
Il y a une autre accusation en ce moment et notamment dans la presse burundaise et les organisations des droits de l’homme, et ces accusations ce serait qu’il y aurait des Imbonerakure au Congo ou qu’il y en aurait eu, qui s’entraîneraient.
Ce sont peut-être des fabrications mensongères. Parce que nous ne connaissons pas au niveau de notre organisation, de jeunes qui sont impliqués dans ces affaires. Il faut que ces gens, qui ont donné ces informations, puissent donner aux instances habilitées des preuves de tout ce qu’ils disent. Sinon, comme je l’avais dit et je le répète : un Imbonerakure, c’est un jeune comme tous les autres jeunes. Et d’ailleurs, nous demandons souvent : est-ce que les jeunes des autres partis politiques sont des anges ? Et je pense vraiment qu’il faut vraiment être neutre, il faut être indépendant, pour que vraiment les informations qui sont données soient équilibrées et non pas politisées ou bien globalisées.