Rousseau disait déjà « Le plus fort n’est jamais assez fort pour être toujours le maître, s’il ne transforme sa force en droit, et l’obéissance en devoir. De là, le droit du plus fort ; droit pris ironiquement en apparence, et réellement établi en principe » de domination. Tout comme dans l’affirmation proverbiale « la raison du plus fort est toujours la meilleure », le mot raison aurait pu se mettre au pluriel : les raisons qui sont donc des arguments, des justifications invoquées pour se donner raison, c’est-à-dire se donner l’avantage moral sur le sujet qu’on veut dominer.

Le plus fort, c’est le plus puissant, quelle que soit la source de sa puissance : la force physique, la richesse, le prestige, le rang social. Celui qui est le plus fort a les moyens de s’imposer, mais est-il pour autant justifié de le faire ?

La force qui fait le droit ne peut être qu’ injuste car à géométrie variable faisant que l’effet change avec la cause de l’intérêt, rendant la norme non universelle mais un instrument de domination du puissant ; dès lors convenons-nous que cette force ne devrait pas faire le droit, autrement on va continuer à assister aux dérives et désordres qu’on observe au sein de la dite « communauté internationale », les faibles ou les petits sont écrasés sous de fallacieux prétextes. La raison du plus fort restant toujours la meilleure. Ces jours-ci, le Burundi est dans cet œil du cyclone. Les puissants ont décidé de coordonner leurs efforts pour le mettre à genou, ou alors, à défaut de pouvoir le faire, le détruire.

Un rapport tendancieux, manipulateur, dangereux et mensonger concocté par trois personnes sans scrupules dit « final » de l’Enquête indépendante des Nations Unies sur le Burundi (EINUB) publié mardi décrit d’abondantes preuves de violations graves des droits de l’homme, voire un génocide en cours commis à grande échelle, par le gouvernement burundais et des personnes qui lui sont associées, fait l’objet de discussion à Genève. Les néocolonialistes qui souhaitent faire de ce territoire leur jardin privé ferment leurs yeux et leurs oreilles aux vérités que les officiels burundais produisent car de toute façon la raison néocoloniale est plus forte que la souveraineté nationale d’un petit Etat fut-il membre des Nations Unies.

Beaucoup l’ont déjà écrit et tout se sait tous les procédés classiques pour accéder au pouvoir sans passer par la case « urnes » ont été tentés au Burundi. Gouvernement de transition en annulant les élections de 2015 par les manifestations et le putsch, formation de milices urbaines et rebellions, etc.
Face aux échecs de toutes ces tentatives, le CNARED et ses soutiens dits de la « société civile » ont compris que la pression diplomatique était le véritable outil qui leur restait pour faire plier Bujumbura dans un délai raisonnable. Ce que disait Dr Jean Minani dernièrement à Bruxelles: « Nkurunziza peut partir sans user des armes, par négociations et pressions diplomatiques »(Ikiriho).

Il est clair que tous les pays confrontés à la criminalité ou à des rebellions ne peuvent pas éviter d’utiliser la force publique pour rétablir l’ordre publique. Etonnant le silence de ces personnes sans scrupules sur les cas d’agressions armées que le Burundi a subi ainsi que les actes de terrorisme dans les cités à la grenade sans parler des citoyens brûlés vifs et des biens publics et privés saccagés par leurs suppôts locaux. Non, on s’en fout, il faut plutôt imposer une guerre humanitaire. Voilà la solution cachée préconisée par ces experts.

On est pas au bout de nos surprises.

Ruvyogo Michel