John Pombe Magufuli est titulaire d’un doctorat en chimie de l’Université de Dar Es Salaam. John Pombe Magufuli, né le et mort le est un homme d’État tanzanien. Nommé à la tête de plusieurs ministères au cours de sa carrière, il est élu président de la République le et réélu le , il meurt en fonction.
Entrée en politique
Partisan du Chama cha Mapinduzi (CCM), premier parti de Tanzanie1, il dirige successivement différents ministères, à savoir celui de l’Élevage et la Pêche, les Terres, le Logement et les Travaux publics entre 2010 et 2015. Il tire de cette période son surnom de « Tingatinga » (le « bulldozer » en swahili) pour son engagement dans la construction de nouvelles routes2.
Président de la République
À 56 ans, il est désigné candidat à la présidentielle à la suite de primaires réunissant 38 candidats1. Le , il est élu cinquième président de la République3, succédant ainsi à Jakaya Kikwete.
Il est élu sur un programme de « reconquête de la souveraineté économique face aux institutions financières internationales », selon l’universitaire et politologue Rwekaza Mukandala4.
Politique économique et lutte contre la corruption
Dès le lendemain de son investiture, John Magufuli entame un vaste plan de réduction des dépenses publiques, en réduisant notamment de 100 000 dollars à 7 000 dollars (92 000 euros à 6 460 euros) les frais de la cérémonie d’inauguration du nouveau Parlement1. Il est également à l’origine d’une action pour réduire le budget des événements et des déplacements officiels en limitant le nombre de membres composant les délégations1, ou encore de la suppression des indemnités de séance des députés et de l’annulation de la fête nationale5.
Afin de montrer l’exemple, il réduit également son salaire de 15 000 à 4 000 dollars par mois, devenant de ce fait l’un des chefs d’État africains à la rémunération la moins élevée6.
Son mandat se caractérise essentiellement par une lutte énergique contre la corruption. D’importantes sommes qui s’évaporaient auparavant dans la fraude fiscale sont désormais investies dans l’éducation et la lutte contre la pauvreté7.
La pays a amendé les lois régissant l’attribution des contrats d’exploitation minière, se donnant le droit de les renégocier ou de les rompre en cas de fraude avérée. La nouvelle législation supprime par ailleurs le droit des sociétés minières à recourir à un arbitrage international. Le contentieux fiscal avec l’Acacia Mining, accusée d’avoir sensiblement sous-évalué durant des années sa production d’or, s’est finalement soldé par un accord : la Tanzanie obtient 16 % des parts dans les mines détenues par la multinationale. En revanche, cette politique de lutte anti-corruption a aussi « effrayé les investisseurs, qui craignent désormais d’avoir affaire à la justice tanzanienne, et affaibli la croissance », selon Zitto Kabwe, l’un des responsables du parti d’opposition Chadema4.
Porté par l’une des plus fortes croissances économiques du continent (5,8 % en 2018 et 6 % estimés pour 2019 selon le FMI), le gouvernement tanzanien s’engage dans un vaste programme de développement des infrastructures, en particulier ferroviaires. Le petit port de pêche de Bagamoyo, auquel 10 milliards de dollars d’investissement ont été attribués, devrait devenir le plus grand port d’Afrique en 2030. La Tanzanie tend à se rapprocher de la Chine, qui promet de soutenir des projets économiques. En réaction à cette nouvelle orientation diplomatique et au manquement à la démocratie, les États-Unis suspendent leur participation au Millennium Challenge Account, un fonds de développement bilatéral4.
À partir de 2016, les autorités intensifient leurs efforts en matière de protection des espèces menacées. Les populations d’éléphants et de rhinocéros sont depuis en augmentation8.
Tournant autoritaire
En 2015, le gouvernement adopte une nouvelle loi anti-cybercriminalité pour encadrer les nouvelles formes de criminalité pour le web. Néanmoins l’application de la loi menace la liberté d’expression des citoyens, arrêtés et jugés pour « insulte au président » sur les réseaux sociaux et les applications de messagerie instantanée5.
Depuis 2016, le pouvoir en place met en place une forte régulation de l’information : 6 chaînes de télévision, 21 stations de radios et plusieurs journaux auraient ainsi été suspendus pour avoir critiqué la nouvelle administration2.
Le , six membres du Chama cha Demokrasia na Maendeleo (Chadema), le principal parti d’opposition, dont le président du parti Freeman Mbowe sont arrêtés et inculpés pour « appel à la haine » à la suite d’une manifestation le 2.
En , John Magufuli déclare que ceux qui utilisent de la contraception sont trop lâches pour alimenter une grande famille. Il encourage ainsi la population à ignorer les conseils sur la contraception, estimant qu’ils viennent souvent des étrangers avec des motifs jugés malfaisants9,10,11 La déclaration a fait l’objet de critiques, entre autres d’Amnesty International12.
Pandémie de Covid-19
« Coronasceptique » affirmé, il estime que la Tanzanie a été préservée de la pandémie de Covid-19 de 2020. Il déclare notamment : « Le virus a été totalement éliminé par Dieu grâce aux prières des Tanzaniens ». Alors que des élections présidentielle et législatives doivent se tenir en octobre de la même année, le climat politique se durcit. Les chiffres sur le nombre de personnes contaminées ne sont plus communiqués, tandis que les médias se contentent de relayer la communication gouvernementale. Un journaliste et un média ayant publié des informations au sujet de la pandémie ont été poursuivis. Entre 2015 et 2020, la Tanzanie est passée de la 75e à la 124e place au classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières13.
Il a demandé aux forces de sécurité de tester à l’aveugle les kits de test PCR du coronavirus avec des prélèvements sur des chèvres, papayes, moutons, et huile moteur. Tous, a-t-il dit, se sont révélés positifs au Covid-1914.
En mars 2021, son absence publique depuis la fin du mois précédent est remarquée, suscitant des interrogations quant à son état de santé15. Le 12 mars 2021, John Magufuli est en bonne santé, selon le Premier ministre Kassim Majaliwa : « J’ai parlé avec lui aujourd’hui. Il envoie ses salutations à tous les Tanzaniens », déclaré Kassim Majaliwa dans un communiqué publié par son bureau16.
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