kadafi.jpgOn est encore loin de l‘épilogue sur le recouvrement de la fortune de Mouammar Kadhafi cachée dans plusieurs pays africains. Un récent rapport du Conseil de sécurité des Nations unies relance les débats sur la question, impliquant entre autres des pays de l’Afrique de l’Ouest.

Six ans après son assassinat brutal, l’ancien guide libyen Mouammar Kadhafi continue d’alimenter les débats. Depuis sa disparition, le mystère entier pèse sur sa fortune disséminée au-delà des frontières libyennes, estimée à plusieurs centaines de milliards de dollars selon plusieurs associations et ses proches.

Dans ce dossier opaque non encore élucidé, Quartz Africa – sur la base d’un récent rapport de 299 pages du Conseil de sécurité des Nations unies – établit une liste de pays africains dans lesquels sont repartis les avoirs de Mouammar Kadhafi.

Comme depuis le début de cette “chasse au trésor”, l’Afrique du Sud est le pays le plus cité. L’homme d’affaires tuniso-suédois Erik Iskander Goaied, qui se consacre depuis quatre ans à cette affaire, révélait que quelque 400 milliards de dollars étaient cachés dans ce pays. Le rapport de l’ONU publié en début du mois de juin est moins explicite sur les avoirs des Kadhafi en Afrique du Sud même s’il se doute que ce pays n’en révèle plus que ce qu’il sait vraiment.

Les experts de l’ONU estiment toutefois qu’un montant de 8 milliards de dollars a été transféré d’un compte Standard Bank of South Africa à un compte Stanbic au Kenya. Les deux banques ont rapidement démenti ces informations contenues dans le rapport onusien et relevé le fait qu’elles n’ont pas été approchées dans le cadre de l’enquête.

Plusieurs flux ont également été constatés en Afrique de l’Ouest. Le panel affirme avoir été alerté par au moins six personnes que de l’argent appartenant au guide libyen devait être transféré vers Tripoli.

Parallèlement, à en croire Quartz Africa, 560 millions de dollars en coupures de 100 sont entreposés dans des coffres en aciers à Ouagadougou, la capitale burkinabè et attendent également d‘être transféré. La Société de convoi de transport international, une compagnie locale, a été chargée de déplacer cet argent vers la Libye en échange d’une commission de 10 à 35 %. Selon le gouvernement burkinabè, cette entreprise n’a jamais existé même si elle a une adresse postale.

Un recouvrement peu probable

Au Ghana, serait aussi caché de l’argent libyen. Des caisses estampillées du logo du Comité international pour la protection des droits de l’homme contiendraient un bon magot. Mais selon le Conseil de sécurité de l’ONU, l’argent aurait été transféré depuis 2016 vers un autre pays. Aucune réaction à ce sujet de la police ghanéenne ni de l’ONG internationale, approchées par les experts du Conseil de sécurité.

Sur tous ces mouvements, l’ONU appose un nom, celui de Béchir Saleh, l’ancien directeur de cabinet du “Guide”, aujourd’hui justement installé à Johannesbourg. Ce dernier aurait autorisé les transferts d’argent susmentionnés. Une thèse entièrement réfutée par M. Béchir qui considère cette “chasse au trésor” comme un mirage.

L’immense fortune de Mouammar Kadhafi continue de constituer un fantasme jusque dans son propre clan. Sa famille, les groupes rebelles libyens et les premiers gouvernements post-révolution exigent la restitution de ces avoirs.

Si l’Afrique du Sud reconnaît en détenir une partie, le pays a cependant bloqué toute transaction depuis le début de la guerre civile mi-2014. Raison évoquée, le risque que ces fonds atterrissent entre les mains d’islamistes incontrôlables qui en tirerait un pouvoir exorbitant.

Mais l’une des plus grandes craintes sur la question de cette fortune, c’est que le Libyens n’en prennent jamais entièrement possession, même après la guerre civile. Et ce, d’autant qu’aucun montant officiel n’est connu.

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