Kinshasa – Les combats qui ont éclaté mercredi matin entre soldats congolais et rwandais à la frontière entre leurs deux pays, ont gagné en intensité dans l’après-midi avec des tirs d’armes lourdes, selon une source officielle et un témoin.

Après plusieurs heures de calme, les tirs ont repris à l’arme lourde, à Kanyesheza, à une vingtaine de kilomètres au nord-est de Goma, capitale du Nord-Kivu, a indiqué à l’AFP Julien Paluku, gouverneur de cette province de l’Est de la République démocratique du Congo.

Le colonel Ephrem Ramazani, commandant régional des commandos congolais, dont les hommes participent aux combats, a parlé de tirs d’armes lourdes de part et d’autre.

Selon un habitant d’un village proche des affrontements, joint au téléphone depuis Kinshasa, les combats ont repris vers 14h00 (12h00 GMT) et les tirs continuaient une heure après.

Ces sont des tirs de mortiers et même de roquettes, a-t-il ajouté, sous couvert d’anonymat.

Après plusieurs mois de calme relatif, des affrontements ont éclaté mercredi à l’aube entre soldats congolais et rwandais à Kanyesheza. Au cours de ces affrontements à l’arme automatique, un soldat congolais a été capturé.

Le Rwanda n’a pas fait de déclarations dans l’immédiat sur ces affrontements. Mais, selon une source au sein du Mécanisme conjoint de vérification de la frontière (JVM), Kigali a saisi cet organe auquel participent plusieurs pays africains et l’ONU.

Selon cette source, une mission du JVM qui avait été envoyée vers la zone d’affrontements, a fait demi-tour compte tenu de la tension dans la zone pour rentrer à Goma jusqu’à ce que la situation se calme.

Des échanges de tirs ont opposé pendant plusieurs heures mercredi matin des soldats congolais et rwandais à la frontière entre leurs deux pays qui entretiennent des relations tendues depuis des années, a-t-on appris de sources congolaises.

Des soldats rwandais ont « franchi la frontière vers 05h00 du matin [03h00 GMT] et ils ont enlevé un de nos militaires », un caporal, a indiqué à l’AFP le lieutenant-colonel Olivier Amuli, porte-parole de l’armée congolaise dans la province du Nord-Kivu (Est de la RDC).

« Nos troupes ont réagi avec force. [Les Rwandais] ont été repoussés chez eux », a-t-il ajouté dans un message texto envoyé à la mi-journée, « maintenant c’est calme mais la tension reste vive ».

Les combats ont eu lieu Kanyesheza, à une vingtaine de kilomètres au nord-est de Goma, capitale du Nord-Kivu. Le colonel Amuli n’a pas précisé s’ils avaient fait des victimes.

Selon un responsable de l’administration locale et un habitant d’un village proche ayant tous deux requis l’anonymat, les tirs ont commencé vers 04h00 du matin (02h00 GMT) et le calme était revenu vers 08h30 (06h30 GMT).

Les habitants ont paniqué et une école primaire située à côté de la frontière n’a pas ouvert ses portes, a précisé le villageois.

En fin de matinée, a-t-il ajouté, une délégation congolaise était en route pour « négocier le retour du militaire congolais enlevé ». Selon le responsable local, cette délégation est formée de militaires et membres de l’Agence nationale des renseignements congolaise (ANR).

Le gouverneur du Nord-Kivu, Julien Paluku, a relativisé l’ampleur de l’incident.

« Il y a eu des tirs entre les éléments de la RDF, l’armée rwandaise, et les éléments des FARDC à Kanyesheza », a-t-il dit.

« C’était de petits incidents, ce n’était pas des combats entre deux armées. Ce sont des incidents provoqués par l’armée rwandaise. Nous creusons pour déterminer les causes » de ces échanges de tirs, a-t-il dit.

Aucune version des faits n’avait pu être obtenue de source rwandaise à la mi-journée.

Les relations entre la RDC et le Rwanda sont tendues depuis des années.

Le régime tutsi de Kigali a combattu contre le gouvernement central de Kinshasa lors des deux guerres du Congo (1996-1997 et 1998-2003) et est accusé par la RDC de plusieurs tentatives de déstabilisation de l’Est de son grand voisin en soutenant des soulèvements de milices congolaises majoritairement composées de Tutsi.

Depuis la défaite en novembre du Mouvement du 23 Mars (M23), la dernière rébellion soutenue par le Rwanda au Congo, la frontière entre les deux pays est plutôt calme.