Burundi : Maniratanga rassemble les Barundi de New York aux États-Unis

Autour de l’ambassadeur Maniratanga Zéphyrin, des membres de la diaspora burundaise de New York célèbrent l’indépendance du Burundi dans une ambiance fraternelle.

New York (USA), 20/07/2025 (BdiAgnews)– Dans une ambiance chaleureuse et fraternelle, en présence de l’artiste burundais Burundi Augustl’ambassadeur Maniratanga Zéphyrin, représentant permanent du Burundi auprès de l’ONU, a rassemblé des membres de la diaspora burundaise des USA [1] pour commémorer l’anniversaire de l’indépendance de leur pays.

Parmi les invités, une présence particulièrement remarquée : plusieurs enfants de feu Nkurunziza Pierre, ancien président du Burundi. Ce leader très populaire avait su gagner le cœur des Barundi  et bien au-delà des frontières africaines jusqu’en Amérique du Sud  grâce à ses célèbres Travaux de Développement Communautaire (TDC) qu’il organisait chaque semaine pour communier avec le peuple. Leur participation empreinte de nostalgie a insufflé une émotion particulière à la cérémonie, visiblement appréciée par l’assemblée.

Dans un discours bref mais percutant, l’ambassadeur Maniratanga a insisté sur l’importance de l’unité et de la solidarité au sein de la diaspora. Il a exhorté ses compatriotes à croire en l’avenir du Burundi et à investir dans leur pays d’origine, contribuant ainsi au développement socio-économique national.

Ce moment de partage, de souvenirs et de fierté commune a resserré les liens entre ces Barundi établis aux États-Unis, rappelant que, même loin de leur patrie, leur attachement au Burundi reste indéfectible.

Le Burundi, connu aussi sous le nom d’Ingoma y’Uburundi, est un État millénaire, fondé sur une organisation politique unique Ingoma, la dyarchie sacrée entre le tambour Karyenda et le Mwami, niché au cœur de Kama, le nom traditionnel de l’Afrique [2]. Le pays a traversé une longue période difficile durant la colonisation (1878-1962), marquée par les ingérences, jusqu’à nos jours, de puissances étrangères symbolisées par la « Croix et la Bannière » [3]. Le défi du Burundi actuel est de se relever en tirant parti du nouvel ordre mondial multipolaire. En février 2025, l’Union africaine (UA) a franchi une étape historique en adoptant une résolution qualifiant la colonisation européenne (XVe-XXe siècles) de crime contre l’humanité, marquant un tournant dans la réparation mémorielle. En 1966, soit quatre ans après son indépendance proclamée en 1962, un coup d’État militaire a renversé Ingoma pour instaurer une République, un État néocolonial.  Avec le génocide de 1972 contre les Hutu [4] du Burundi [5], l’Ubumu ( signifiant « à la manière de la mère, de maman » : la femme Tambour Mukakaryenda), système socio-économique traditionnel des Barundi, fut détruit et remplacé par une économie de marché occidentale.  Depuis son indépendance en 1962, le Burundi s’efforce de reconstruire son identité tout en affrontant les lourdes séquelles de la colonialité [6], c’est-à-dire la persistance des structures de domination héritées du colonialisme, même après la fin officielle des empires coloniaux européens.

Cette cérémonie annuelle souligne avec force l’importance d’une conscience historique profonde que chaque Murundi se doit de porter en lui.

Références :

[1] Nahimana Karolero Pascal. Burundi : La diaspora burundaise : Du Monde, de Belgique et d’ailleurs – Histoire, trajectoires et ancrage. Bruxelles : Génération Afrique, 2025.

[2] Nahimana Karolero Pascal, Histoire du Burundi : Les grandes dates de l’histoire des Barundi et de l’État millénaire africain – Ingoma y’Uburundi, Bruxelles, Génération Afrique, 2024.

[3] Baranyanka Charles, Le Burundi face à la Croix et à la Bannière, Bruxelles, 2015. (La « Croix et la Bannière » désigne l’alliance historique entre le Vatican, la France – notamment via les Pères Blancs de Lavigerie –, l’Angleterre, l’Allemagne, la Belgique et les États-Unis contre l’ordre traditionnel burundais depuis le XIXᵉ siècle.)

[4]  Selon l’Ubungoma,  Hutu désignent « l’être du lieu du tambour sacré Karyenda », une force nourrissant les sons du Tambour Sacré en énergie ou productrice des ressources nécessaires pour satisfaire les besoins des miryango (les sons du Tambour, les familles) du Burundi, pays lui-même appelé Ingoma, le Tambour. Ainsi en 1972, les Hutu, piliers de l’Ubumu, furent ciblés et tués en raison de ce rôle fondamental.

[5] Kubwayo Félix, La lente reconnaissance du génocide de 1972 contre les Hutu du Burundi : Les faits et l’exécution du génocide par le pouvoir de Micombero, Bruxelles, 2025.

[6] Sindayigaya Jean-Marie, Renaissance de l’Afrique par les Valeurs de l’Africanité-Ubuntu, Bruxelles, 2023.

Sources : Nahimana P. , http://burundi-agnews.org, Lundi 21 juillet 2025 | Photo : NKUNZIMANA Joseph