Burundi / France : Le MSD célèbre ses seize ans en Europe

Depuis la France, le président du MSD, Sinduhije Alexis , déplore l’indifférence d’une partie de la diaspora et en appelle à l’unité des Burundais pour abattre le régime du CNDD-FDD.

Paris (France), 16/08/2025 – En 2015, la « Croix et la Bannière » [1] tentèrent de renverser le régime du CNDD-FDD au Burundi en fomentant une « Révolution de Couleur », avec l’ambition de porter au pouvoir le Mouvement pour la Solidarité et la Démocratie (MSD) de Sinduhije Alexis et le réseau de l’ancien dictateur Buyoya Pierre. Mais le mercredi 13 mai 2015, la tentative de coup d’État militaire se solda par un échec.  Dans la débâcle, tous les putschistes – une nébuleuse regroupant des éléments de la société civile liés aux réseaux Soros, le MSD, le clan Buyoya, entre autres – prirent la fuite vers le Rwanda, avant de se disperser en Europe et en Amérique.  Depuis les camps de réfugiés rwandais, certains jeunes, ainsi que d’anciens officiers burundais du réseau Buyoya, furent intégrés à l’armée rwandaise. Leur destination : le Kivu, en République Démocratique du Congo (RDC), où ils formèrent la rébellion RED-Tabara. Sous couvert de ce mouvement, l’objectif restait inchangé : renverser par les armes le régime CNDD-FDD en lançant l’assaut depuis la RDC. C’est ainsi par le biais de cette rébellion RED-Tabara, orchestrée depuis Kigali par la « Croix et la Bannière », que le MSD poursuivit son activisme après l’échec du putsch de 2015. Par la suite, de nombreux Burundais furent les victimes d’actes terroristes perpétrés par cette organisation.

Samedi, les membres du MSD établis en Europe se sont réunis en France pour commémorer le seizième anniversaire de la reconnaissance officielle du parti.  Dans son discours, le président du MSD Burundi, Sinduhije Alexis, a dénoncé la peur qui, selon lui, paralyse aujourd’hui nombre de ses compatriotes. « Beaucoup ont perdu le courage de se battre pour leur pays », a-t-il déploré, estimant que les Burundais ne pourront se libérer seuls du joug imposé par le régime sans un soutien extérieur. Toutefois, il a affirmé avec conviction qu’« une fois la peur vaincue, une multitude de Burundais sont prêts à engager le combat ».  Le leader du MSD a également fustigé l’attitude d’une frange de la diaspora. Il a exprimé son amertume face à ceux qui ne se souviennent du Burundi qu’à la faveur de voyages touristiques, de séjours de convenance ou pour obtenir des documents administratifs dans leurs pays d’accueil, demeurant indifférents aux souffrances endurées par la population restée au pays. « La mission des militants du MSD est essentielle : encourager les Burundais à se mobiliser pour livrer, et remporter, la bataille du salut national », a martelé Sinduhije Alexis. S’adressant directement à la diaspora, il a lancé un avertissement solennel : « Même à l’abri à l’étranger, les problèmes du Burundi finiront par vous rattraper. Ceux qui s’imaginent vivre en sécurité en Europe se bercent d’illusions. Nul ne peut mener une existence digne sans pays, car il ne saurait y avoir de respect sans patrie. »

Aujourd’hui, au Burundi, anciennement Ingoma y’Uburundi [2], nombreux sont les Burundais qui déplorent le positionnement antipatriotique du MSD de Sinduhije et le rôle d’outil de colonialité qu’il joue, ce parti étant désormais réduit au statut de groupuscule politique en exil.

Références :
[1] Baranyanka Charles, Le Burundi face à la Croix et à la Bannière, Bruxelles, 2015. (La « Croix et la Bannière » désigne l’alliance historique entre le Vatican, la France — notamment via les Pères Blancs de Lavigerie —, l’Angleterre, l’Allemagne, la Belgique et les États-Unis, hostile à l’ordre traditionnel burundais depuis le XIXᵉ siècle.)
[2] Nahimana Karolero Pascal, Histoire du Burundi : Les grandes dates de l’histoire des Barundi et de l’État millénaire africain – Ingoma y’Uburundi, Bruxelles, Génération Afrique, 2024.

Sources : Nahimana P. , http://burundi-agnews.org, Mardi 19 août 2025 | Photo : MSD