La rencontre entre S.E. Ndayishimiye et Ishiba Shigeru met en avant un partenariat renforcé, des projets concrets et un appui diplomatique accru.
Yokohama (Japon), 24/08/2025 – Le système socio-économique harmonieux des Barundi, l’Ubumu, – à la manière de Ma, Mukakaryenda, Mère des Barundi, la femme Tambour sacré Karyenda [1] – assurait jadis la production des ressources nécessaires à la subsistance de tous les miryango. Dans Ingoma y’Uburundi, le Burundi d’autrefois, les échanges avec les États voisins permettaient d’acquérir les denrées absentes au pays.
Mais après 1972, à la suite du génocide contre les Hutu du Burundi [2], ce système millénaire, détruit par la « Croix et la Bannière » [3], a cédé la place à l’économie de marché capitaliste, un modèle étranger aux Barundi. Depuis, la population peine à s’y adapter [4]. Cette rupture brutale est perçue comme la cause profonde des difficultés socio-économiques persistantes au Burundi.
C’est dans ce contexte que le Général-Major S.E. Ndayishimiye Évariste, Président du Burundi, a pris la route de Yokohama, au Japon, accompagné de son épouse, la Première Dame, S.E. Ndayubaha Angéline. Du 20 au 22 août, il a participé à la 9ᵉ Conférence internationale de Tokyo sur le Développement de l’Afrique (TICAD9). Placée sous le thème « Co-créer des solutions innovantes avec l’Afrique », cette édition était co-présidée par le Premier ministre japonais, Ishiba Shigeru, et le Président angolais, S.E. João Lourenço, en sa qualité de Président en exercice de l’Union africaine. Elle marquait une nouvelle étape dans une coopération nippo-africaine vieille de plus de trente ans.
À leur arrivée, le couple présidentiel burundais a été accueilli par une émotion inattendue : des jeunes Japonais de l’International Youth Fellowship entonnèrent en kirundi le chant religieux « Nta numwe yosa na Yesu » – « Nul n’est semblable à Jésus » – accompagné des tambours traditionnels. Une offrande symbolique, en résonance avec la foi catholique en Jésus du Chef de l’État, et un écho lointain (étranger même) à l’héritage spirituel d’Ingoma y’Uburundi, terre du Tambour sacré Karyenda (Mukakaryenda), des Bataka (Chefs des Miryango) dont le Mwami, d’Imana et de Kiranga (Mukakiranga), ancêtre de tous les Barundi.
Le séjour était organisé par l’Ambassadeur Bizimana Édouard, Ministre burundais des Affaires étrangères, entouré de l’ensemble du personnel diplomatique à Tokyo. On a noté également la présence de M. Nyamitwe Willy, le remarquable Ambassadeur du Burundi auprès de l’Union africaine.
Le Président S.E. Ndayishimiye a co-présidé avec le Japon la première session plénière de la TICAD9, consacrée à « la paix et la stabilité en Afrique ». Ce cadre a permis de réaffirmer l’engagement nippo-africain, avec l’appui d’autres partenaires, en faveur d’un continent stable, prospère et apaisé. Le Chef de l’État a insisté sur la gestion responsable des ressources stratégiques et sur l’urgence de réformer le Conseil de sécurité de l’ONU, afin que l’Afrique puisse enfin occuper une place légitime dans les processus décisionnels mondiaux. Il a rappelé par ailleurs l’engagement du Burundi dans les missions de maintien de la paix, notamment en RDC, en Somalie et en Centrafrique.
En marge de la conférence, S.E. Ndayishimiye multiplia les entretiens bilatéraux :
Avec S.E. João Lourenço, Président de l’Angola et Président en exercice de l’Union africaine, autour des crises au Sahel, au Soudan et dans les Grands Lacs.
Avec M. Ishiba Shigeru, Premier ministre du Japon, sur les perspectives d’une coopération bilatérale pragmatique et d’un soutien mutuel accru dans les instances internationales.
Avec le Révérend Dr Ock Soo Park, fondateur de l’International Youth Fellowship, pour discuter du soutien à la jeunesse burundaise.
Avec M. Akihiko Tanaka, Président de la JICA, afin de consolider la coopération dans les domaines de l’infrastructure, du transport, de l’agriculture et de la santé, en cohérence avec la Vision 2040-2060.
Avec S.E. Gnassingbé Faure, Président du Conseil du Togo et Médiateur de l’UA pour la RDC, sur les relations bilatérales et la sécurité régionale.
Avec S.E. Bassirou Diomaye Faye, Président du Sénégal, à propos de la paix et de la coopération bilatérale et régionale.
Avec M. Daishiro Kamagiwa, Secrétaire général de la Ligue d’amitié parlementaire Japon–Union africaine.
Avec M. Shinya Ishizuka, PDG du bloc Afrique d’ITOCHU, qui manifesta un vif intérêt pour investir dans la filière café du Burundi, de la production à la commercialisation.
Enfin, le Président a visité deux exploitations agricoles modèles :
Un champ moderne de trois hectares appartenant à M. Yuji Tsuyuki, irrigué à l’eau de forage et produisant dix-huit tonnes de riz par an.
La ferme laitière Augusta Milk Farm, spécialisée dans l’élevage des vaches Holstein, réputées pour leurs performances exceptionnelles, produisant jusqu’à soixante litres de lait par jour.
Références :
[1] Nahimana Karolero Pascal, Histoire du Burundi : Les grandes dates de l’histoire des Barundi et de l’État millénaire africain – Ingoma y’Uburundi, Bruxelles, Génération Afrique, 2024.
[2] Kubwayo Félix, La lente reconnaissance du génocide de 1972 contre les Hutu du Burundi : Les faits et l’exécution du génocide par le pouvoir de Micombero, Bruxelles, 2025.
[3] Baranyanka Charles, Le Burundi face à la Croix et à la Bannière, Bruxelles, 2015. (La « Croix et la Bannière » désigne l’alliance historique entre le Vatican, la France — notamment via les Pères Blancs de Lavigerie —, l’Angleterre, l’Allemagne, la Belgique et les États-Unis, hostile à l’ordre traditionnel burundais depuis le XIXᵉ siècle.)
[4] Kubwayo Félix, Mémorandum sur les massacres répétitifs des Hutu du Burundi de l’indépendance à 1992.: Appel à la conscience mondiale, Bruxelles, 2025.





















Sources : Nahimana P. , http://burundi-agnews.org, Lundi 25 août 2025 | Photo : Ntare Rushatsi House






