Acte IX: La charité empoisonnée: Comment Hon. Olivier Suguru bâtit son Empire sur la morale achetable

« Les grands corrupteurs ne se cachent pas, ils illuminent leurs crimes sous les projecteurs de la philanthropie. » — Proverbe de la nouvelle oligarchie burundaise

Une générosité calculée

À première vue, Hon. Olivier Suguru incarne la réussite nationale : président de la Chambre de Commerce et de l’Industrie du Burundi (CFCIB), député depuis 2020, patron de l’Agence pour le Développement du Burundi (ADB), secrétaire général de SAVONOR, associé dans Inter Trade… un homme d’influence omniprésent.

Mais derrière les sourires et les dons spectaculaires se dessine une stratégie de « captation morale » : celle de la corruption déguisée en charité. À chaque rassemblement politique, Suguru se distingue par des contributions pharaoniques. Des millions injectés dans des œuvres de bienfaisance : orphelinats, hôpitaux, infrastructures communautaires.

Or, comme le rappelle le prix Nobel d’économie Joseph E. Stiglitz, « You will have stronger growth if you reduce the extremes of inequality. » Quand un seul homme concentre richesse et visibilité, il ne crée pas la prospérité ; il creuse l’inégalité et capture les consciences.

In dubio pro reo, diront les juristes — le doute profite à l’accusé. Mais jusqu’à quand peut-on douter face à la récurrence d’un même schéma ?

La pieuvre invisible de l’économie burundaise

Nos précédentes éditions (voir ACTE VI et ACTE VIII) ont levé le voile sur un empire tentaculaire : crédits bancaires sans garanties — notamment un prêt de 120 milliards de francs burundais auprès d’une banque para-publique —, sociétés écrans raflant des marchés publics, flux financiers opaques.

L’économiste Daron Acemoglu, du MIT, souligne dans Why Nations Fail :

“Inclusive economic institutions require secure property rights and economic opportunities not just for the elite but for a broad cross-section of society.” Quand les institutions servent l’élite, la prospérité cesse d’être collective ; elle devient prédatrice.

Nullum crimen, nulla poena sine lege — il n’y a pas d’infraction sans loi. Mais l’absence de loi ne signifie pas l’absence de faute morale.

La morale comme monnaie

Les proches de Suguru affirment que sa générosité est sincère. Pourtant, certains analystes y voient une tactique de corruption passive de masse : donner pour acheter les consciences, offrir pour anesthésier la vigilance citoyenne.

« Il ne partage pas, il investit », confie un cadre du secteur privé sous anonymat. « Chaque don est une promesse de loyauté achetée. »

Un équilibre fragile… jusqu’à quand ?

Le stratagème de Suguru semble fonctionner. Mais pour combien de temps ?
Les Burundais observent et murmurent. Ils savent désormais reconnaître ceux qui capturent leur économie sous des masques de vertu.

Si un homme peut capturer une banque parapublique, créer des sociétés fictives et détourner des fonds publics sans rendre de comptes, faut-il encore se demander s’il agit seul ?

La charge de la preuve incombe à celui qui allègue, certes. Mais la charge du silence incombe à ceux qui ferment les yeux. Pourquoi le laisserait-on faire ?

En attendant l’orage

Les experts s’accordent : une telle concentration de pouvoir financier et politique mine la confiance dans les institutions et fragilise l’économie. Le Gouvernement gagnerait à ouvrir une enquête sérieuse sur les agissements de cet homme et de son réseau.

Comme le disait Cicéron : “Nihil est tam populare quam bonitas” — rien n’est plus populaire que la bonté. Mais quand la bonté devient calcul, elle n’est plus vertu ; elle est stratégie.

À suivre…

Dans notre prochaine édition, ACTE X, nous révélerons comment le Léviathan aux mille visages, ce personnage mythique qui se nourrit des richesses nationales, a sapé et continue d’éroder les finances nationales. Nous avons une pile de preuves. Le temps de l’impunité touche à sa fin.

Très chers lecteurs, restez branchés — les prochaines révélations seront explosives.

Fiat justitia ruat caelum” — Que justice soit faite, même si le ciel doit tomber.

 

Par Jean Jolès Rurikunzira — Série : Les Masques du Pouvoir, ACTE IX.