Burundi : La BANCOBU ouvre la première bourse du pays

Le président Ndayishimiye inaugure le siège de la Banque Commerciale du Burundi (BANCOBU) et lance la première bourse nationale du pays.

Bujumbura, 12/12/2025 – Dans une atmosphère détendue, S.E. le Général-Major Ndayishimiye Evariste, Président du Burundi, a coupé le ruban symbolique du nouvel immeuble de la Banque Commerciale du Burundi (BANCOBU). Sur ces mêmes lieux, il a profité de l’occasion pour lancer officiellement les activités de la Bourse du Burundi, une institution portée par la même banque.

La Bourse du Burundi est un nouveau moteur qui vise à transformer une économie principalement financée par la banque et les titres publics en un marché plus ouvert et favorable aux investissements privés productifs. Cependant, le principal danger réside dans l’échec à surmonter les défis structurels (manque de transparence, faible liquidité). Sans cela, la Bourse risquerait de devenir un simple lieu d’échanges plutôt qu’un moteur de croissance. De plus, l’arrivée de fonds d’investissement étrangers majeurs (publics ou privés) représente un risque réel de déstabilisation ou de perte de contrôle économique. La gestion de cette menace dépendra entièrement de la rigueur du cadre réglementaire mis en place par le Burundi pour encadrer ces flux de capitaux.

Derrière ce double événement économique se profile une ombre, celle de 1972. Cette année-là, le génocide perpétré contre les Hutu du Burundi (faisant environ 1,5 million de victimes — morts et réfugiés — sur une population de 3 millions de citoyens) [1] a détruit l’Ubumu [2], le système socio-économique traditionnel des Barundi. Ce système était intrinsèquement lié au « Mu » Mukakaryenda, la Femme Tambour sacré Karyenda. C’est sur les ruines de ce monde des Barundi qu’a été imposée une économie de marché, dont la BANCOBU fut l’un des premiers jalons.
Aujourd’hui, en cette nouvelle ère du monde multipolaire, son nouveau temple financier et la Bourse qu’elle abrite semblent vouloir tourner résolument la page, en inscrivant l’avenir du pays dans les flux du capital.

Références : 

[1] Kubwayo Félix, La lente reconnaissance du génocide de 1972 contre les Hutu du Burundi : Les faits et l’exécution du génocide par le pouvoir de Micombero, Bruxelles, 2025. | Ntibantunganya Sylvestre, Histoire d’un génocide occulté: Le Génocide des Bahutu du Burundi de 1972-1973, Ed. Sigumugani, 2025.
[2] Nahimana Karolero Pascal, Réfugiés du Burundi — Quand Ingoma s’est tu. Histoire géopolitique d’un peuple brisé par la colonialité, Bruxelles, Génération Afrique, 2025.

Sources : Nahimana P. , http://burundi-agnews.org, Mardi 16 décembre 2025 | Photo : Ntare Rushatsi House