Monsieur la Président, chers collègues,
Comme c’est la première fois que ma délégation prend la parole sous votre présidence, je voudrais tout d’abord vous féliciter pour votre accession à la présidence du conseil de sécurité pour le mois d’août. Connaissant votre expérience et professionnalisme avéré ainsi que le dynamisme de votre équipe, ma délégation n’a aucun doute que votre présidence sera couronnée de succès. Vous pouvez toujours compter sur la coopération du Burundi tout au long de votre mandat à la tête de ce conseil.
Qu’il me soit également permis de remercier à travers vous Monsieur le Président, tous les membres du conseil de sécurité qui ont toujours soutenu la souveraineté et l’indépendance politique du Burundi ainsi que le respect des principes de la charte des Nations Unies lors des consultations sur le Burundi depuis 2015.
Nous remercions en outre toutes les délégations qui se sont exprimées ce matin. Nous sommes très reconnaissant du soutien inestimable de la majorité d’entre vous. Vous êtes du bon côté de l’histoire et de la vérité. Nous regrettons toutefois du faut qu’une minorité d’Etats membres continue d’être prisonnière de la rhétorique de 2015 et ne cherche pas à évoluer au rythme de l’évolution positive de la situation politico-sécuritaire dans le pays. Cette minorité d’Etat membres va jusqu’à s’éloigner diamétralement à l’évaluation de la situation présentée ce matin par l’Envoyé Spécial du Secrétaire général. Ces propos alarmistes qui ne tiennent pas compte de la situation du terrain devraient cesser.
Je salue tout naturellement la présence de l’Envoyé spécial du Secrétaire général, Michel Kafando parmi nous. Je le remercie également pour son briefing au Conseil ce matin.
Monsieur le Président, l’objet de mon intervention ce matin est de partager avec les membres du Conseil de Sécurité les nouveaux développements intervenus après le dernier briefing sur la situation au Burundi du 24 mai.
Sur le plan sécuritaire, la situation au Burundi est restée calme, stable et entièrement sous contrôle. Ce retour à la normalité dans le pays a permis entre autres l’organisation du référendum constitutionnel sans aucun incident majeur, le retour massif des réfugiés, l’accueil de plusieurs conférences au niveau régional et continental, ainsi que l’accueil des hautes personnalités étrangères en visite au Burundi. La récente visite en date est celle du Président de l’Union Interparlementaire qui a eu lieu la semaine passée. Au terme de sa visite et après avoir parcouru six provinces à l’intérieur du pays, le Président de l’Union Interparlementaire a émis un communiqué dans lequel il a déclaré avoir trouvé un pays calme et stable. Il a été impressionné par la volonté manifeste de la classe politique burundaise de tourner la page de 2015 afin de s’atteler à l’organisation des élections libres, transparentes et apaisées en 2020.
Au niveau politique, vous souviendrez que lors de la promulgation de la nouvelle constitution le 7 juin, le Président de la République a porté à la connaissance des Burundais et de la communauté internationale que son 2ème mandat prendra fin en 2020 et qu’il s’apprête à soutenir le nouveau président qui sera élu en 2020. Contrairement aux discours de certains qui lui avaient prêté des intentions de vouloir façonner la nouvelle constitution pour lui-même afin de se maintenir au pouvoir jusqu’en 2034, ce geste de haute valeur politique et démocratique du Président de la République est un bel exemple non seulement pour le Burundi mais également pour le continent.
Toujours sur le chapitre politique, il ne serait pas superflu de souligner que l’esprit de tolérance, l’assainissement et l’ouverture de l’espace politique burundais se renforce de plus en plus. En témoignent le retour et l’intégration de plusieurs milliers de réfugiés ainsi que les leaders politiques qui avaient fui le pays dont notamment l’ancien président Sylvestre NTIBANTUNGANYA, l’ancienne vice-présidente Alice NZOMUKANDA ainsi que quelques anciens membres du parlement burundais. Ces politiciens de retour au pays jouissent de leurs droits civiques et politiques sans aucune entrave. La libération de plus de 2000 prisonniers au début de l’année rentre également dans le cadre de cette dynamique de réconciliation, de cohésion sociale et de tolérance politique en cours dans le pays.
S’agissant du dialogue inter burundais, ma délégation tient à rappeler que le dialogue comme moyen de trouver des solutions pacifiques aux différends politiques est devenu une culture dans notre pays. Ceux qui nous demandent de promouvoir le dialogue enfoncent une porte déjà ouverte. Au-delà des efforts très louables de la Communauté Est Africaine, le Burundi dispose d’un Forum permanent des partis politiques qui est une excellente plateforme de dialogue entre les partis politiques agréés au Burundi. C’est dans ce cadre que tous les partis politiques se sont réunis au Nord du Burundi le 3 août pour échanger à bâtons rompus sur les enjeux importants des élections de 2020. Cette rencontre s’est soldée par l’adoption par plus de 20 partis politiques d’une feuille de route en vue des élections libres, inclusives et paisibles en 2020.
Pour sa part, la dynamique régionale se poursuit normalement. Les contacts au plus haut niveau se sont poursuivis depuis votre dernière réunion. la semaine dernière, Son Excellence Monsieur le Président de l’Ouganda qui est aussi le médiateur en chef du dialogue inter burundais a reçu en audience le premier vice-président du Burundi qui était porteur d’un message spécial de son Excellence Monsieur Pierre NKURUNZIZA, Président de la République. Dans la même foulée, au début de cette semaine, Son Excellence Monsieur le Président de la République Unie de Tanzanie a également reçu en audience le Ministre des Affaires Etrangères du Burundi qui était lui aussi porteur d’un message particulier du Président de la République à Son Homologue Tanzanien.
Pour ce qui est du retour des réfugiés, il me plait de vous informer que depuis 2016 à cette date, plus de 206.000 réfugiés sont retournés volontairement au Burundi. Ceux-ci incluent 100.000 qui ont décidé de rentrer en 2016, 168.000 qui ont regagné leurs familles de janvier à août 2017 ainsi que 38.254 réfugiés qui ont regagné le pays depuis la tripartite d’août 2017 (Burundi, Tanzanie, HCR). Ce mouvement de retour volontaire de réfugiés se poursuit à un rythme satisfaisant. Toutefois, ma délégation voudrait réitérer sa demande au HCR et aux amis de la région d’intervenir auprès de certains pays d’accueil qui tiennent en otage nos compatriotes en exile en érigeant des obstacles artificiels à leur retour volontaire au pays et de veiller à ce que les camps de réfugiés gardent leur caractère civil conformément à la convention de 1951 relative au refugiés et à la résolution 2389 du 8 décembre 2017 du Conseil de sécurité sur la région des Grands Lacs.
En ce qui concerne les droits de l’homme, le Burundi réitère sa disponibilité et sa coopération avec d’autres nations et les Nations Unies pour promouvoir la protection des droits de l’homme au Burundi et ailleurs dans le monde. Cette noble mission ne sera possible qu’à travers une coopération accrue et un dialogue franc et sincère entre les Etats membres. C’est dans ce cadre que le Burundi reste coopératif dans la mise en application de la résolution initiée par le Groupe africain le 28 septembre 2017 à Genève sous le chapitre de la coopération et de renforcement des capacités. Le Burundi attend la notification officielle de la part du Haut-commissariat aux droits de l’homme de la nomination des trois experts dans la transparence et le respect de la procédure établie en la matière. Ce qui se dit sur un soi-disant manque de coopération du Burundi par rapport à la mise en œuvre de cette résolution, qui aussi la nôtre, relève de la désinformation et du manque de transparence. Il en est de même pour le Mémorandum d’entente sur le Bureau du Haut-commissariat aux droits de l’homme au Burundi, le Burundi reste ouvert pour la poursuite des discussions dans un esprit constructif.
En ce qui concerne les sanctions économiques que les partenaires de l’Union Européenne ont prises contre le Burundi dans la foulée de la fièvre électorale de 2015, ma délégation voudrait informer les membres de ce Conseil que le contexte dans lequel lesdites sanctions ont été prises a fondamentalement changé. Les tensions électorales de 2015 sont terminées. Elles restent pour nous une page de l’histoire qui nous servira de leçons pour réconcilier de façon irréversible notre pays. Je rappelle aussi que suite au retour incontesté de la paix et de la sécurité dans le pays, le Sommet de Chefs d’Etat de l’Union Africaine qui s’est tenu début juillet en Mauritanie a adopté une résolution demandant à l’Union Européenne de lever les sanctions injustes et immorales qui pèsent sur le Burundi et qui sont comme vous le savez, contraires aux principes de la Charte des Nations Unies.
S’agissant de la coopération avec les Nations Unies, le Burundi est fier de participer activement et brillamment aux missions de paix des Nations Unies et de l’Union Africaine. Plus de six mille hommes et femmes Burundais sont déployés dans les différentes opérations de maintien de la paix principalement en Centrafrique et en Somalie. L’excellent travail de nos braves soldats en mission de paix qui ont choisi volontairement de sacrifier leurs vies en sauvant celles des autres loin de leur terre natale et dans des conditions particulièrement difficiles, doit être apprécié et reconnu à sa juste valeur.
En conclusion Monsieur le président, ma délégation voudrait réitérer son appel vibrant au Conseil de sécurité afin que celui-ci ait le courage de retirer le Burundi de son agenda. Il sied de noter que la situation politico-sécuritaire actuelle dans le pays est calme, stable et entièrement maitrisée. Elle est loin de constituer une menace à la paix et la sécurité internationale, domaine de compétence de ce Conseil. Aucun argument objectif ne peut justifier le maintien des réunions intempestives sur le Burundi en ce moment.
Ma délégation attire particulièrement votre attention sur le fait que l’organisation des réunions en cascade sur le Burundi qui ne sont pas motivées par la réalité du terrain pourrait devenir un facteur de déstabilisation du pays au lieu de promouvoir la paix et la stabilité et miner les efforts régionaux. Cet acharnement contre le Burundi, un pays dont le retour à la normalité n’est plus à démontrer devrait cesser, sinon l’histoire retiendra que notre pays a été maintenu à l’agenda du Conseil injustement pour satisfaire des intérêts non Burundais et non africains.
Monsieur le Président, le temps précieux que le conseil alloue au Burundi devrait être consacré aux autres zones de tensions et de conflits qui sont légion en ce moment. La place que le Burundi mérite aujourd’hui ne se trouve pas dans cette salle. Elle devrait être au niveau des agences des Nations Unies en charge du développement socio-économique pour booster son relèvement économique.
Je vous remercie de votre aimable attention !