Rebondissement dans l’enquête sur le financement présumé de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy par Mouammar Kadhafi en 2007. Soupçonnant certains hommes d’affaires maliens d’être impliqués dans l’affaire, la justice française a fait une demande d’entraide judiciaire internationale à Bamako.

La justice française a officiellement déposé une demande d’entraide judiciaire internationale au gouvernement malien, dont Jeune Afrique a pris connaissance. Parvenue le 15 août au ministère de la Justice à Bamako, par le biais de l’ambassade de France, celle-ci concerne le financement présumé de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007 par l’ancien « Guide » libyen Mouammar Khadafi, alors que M. Sarkozy était ministre de l’Intérieur.

Alors qu’il occupait ce portefeuille, Nicolas Sarkozy s’est rendu au moins deux fois au Mali, en février 2003 et mai 2006. Outre l’ancien président, la demande d’entraide cite, côté français, Jean-François Copé, alors ministre du Budget, Brice Hortefeux, ministre des Collectivités locales, et Ziad Takieddine, homme d’affaires franco-libanais. Selon une source proche du dossier, l’entourage de l’ancien président Amadou Toumani Touré – politiciens et hommes d’affaires – est cité dans la demande d’entraide. Parmi les personnes concernées figure notamment Cheick Amadou « Bany » Kanté.

« Porteur de valises »

« Bany » Kanté gérait certains investissements libyens au Mali. Ex-DG d’Air Mali, représentant de la Libyan Africa Investment Portfolio (LAP) et secrétaire national adjoint du parti pour le développement économique et social (PDES) – le parti d’ATT -, il est soupçonné d’avoir joué un rôle de « porteur de valises » dans l’affaire du financement présumé de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy par Mouammar Kadhafi.

D’autres hommes d’affaires établis au Mali pourraient être concernés par l’enquête française menée par les juges d’instruction Serge Tournaire et René Grouman. Mediapart avait ainsi révélé qu’en 2005, Jean-François Copé, à l’époque ministre du Budget, avait consenti à l’homme d’affaires franco-libanais Gérard Achcar, président de la société AMI (Achcar Mali Industrie), l’effacement des deux-tiers d’une dette fiscale contractée en France – soit 4 millions d’euros.

Cette « ristourne » aurait été accordée par Jean-François Copé au couple Achcar, proche de Ziad Takieddine et de Nicolas Bazire, tous deux mis en cause dans une affaire de rétrocommissions plus ancienne, impliquant notamment l’ancien Premier ministre, Édouard Balladur, et l’ancien ministre de la Défense François Léotard. À l’époque, Nicolas Sarkozy était ministre du Budget.