L’OBR collabore avec d’autres institutions pour mettre fin à la fraude et à la corruption. Des améliorations sont à apporter.
«Même si elles ne se manifestent pas ouvertement, la fraude et la corruption se pratiquent dans cette commune, » reconnaît Gérard Ndikumana, administrateur de la commune Rumonge.
En concert avec d’autres institutions de lutte contre la fraude et la corruption, M.Ndikumana indique que la police a saisi 500 kg de sucre en provenance du Malawi et du Rwanda et 5 sacs d’Omo made in Tanzanie.
En outre, raconte M.Ndikumana, le ministère du Développement Communal nous recommande de travailler en commun accord avec ces institutions.
Il fait savoir que grâce à la bonne collaboration avec la population, certains cas ont été dénoncés : « Dernièrement, il y a eu un groupe d’hommes qui a fait irruption dans notre commune soi-disant qu’ils venaient pour épauler les institutions de lutte contre la fraude et la corruption. A notre grande surprise, ce sont eux-mêmes qui pratiquaient la corruption. » Toutefois, même si les contribuables collaborent étroitement avec ces institutions, ils ont peur de dénoncer certains cas.
Quant aux autres institutions telles que la brigade spéciale anti-corruption, l’OBR, le tribunal de grande instance ou le parquet de la République, l’administrateur fait remarquer que certaines d’entre elles ne collaborent pas directement car elles sont éloignées du centre de Rumonge. Pour lui, si toutes les parties prenantes sont présentes dans la commune, cela pourrait inciter les fraudeurs à changer de comportement.
« Notre technicité intervient dans la synergie »
Pour le chef de poste Rumonge, OPP2 Venant Niyonzima, rien ne pourra aboutir si la synergie n’est pas de rigueur. « Si l’administration reçoit des renseignements sur la fraude ou la corruption, notre équipe technique intervient pour la saisie avant d’appeler l’OBR pour le contrôle. » Il fait savoir que s’il y a des cas qui sont suspects, la fouille devient obligatoire.
M.Niyonzima fait savoir qu’une lenteur peut se remarquer dans le traitement d’un cas si la brigade spéciale basée à Makamba reçoit des renseignements sur un camion transportant des marchandises fraudées : « Un camion peut passer plus d’une journée avant de subir le contrôle car nous sommes obligés d’échanger des informations et des éléments avec ces institutions», explique l’OPP2.
M.Niyonzima affirme que la collaboration est effective : « On fait souvent des réunions de sécurité au niveau de l’administration avec toutes les institutions opérant dans la commune. Ceux qui sont suspectés, ils sont emprisonnés en attendant le résultat des enquêtes de l’OBR. »
Même son de cloche chez OPJ Dorothée Nahimana. Pour elle, les institutions agissent en synergie pour éviter des cas de suspicion. « Récemment, on a saisi cinq sacs d’Omo et quelques cartons de biscuits fraudés et stockés dans une maison. En collaboration avec l’OBR, on a présenté le mandat de perquisition et on a scellé la maison. Et même le procureur de la République à Bururi était sur place, ce jour-là », souligne-t-elle en exhibant fièrement les produits saisis. Et d’ajouter : « La transparence est totale. Il y a même une amende de constat qui doit être versée à l’OBR. »
« Les produits fraudés sont distribués aux pauvres »
Oscar Rumeramagabo, procureur de la République à Bururi, note que les marchandises saisies sont distribuées aux pauvres : « Non seulement les fraudeurs doivent être punis, mais aussi leurs marchandises sont données aux plus nécessiteux. »
Ces derniers jours, signale-t-il, la plupart des voleurs utilisent plus le transport terrestre que maritime pour faire croire aux agents de sécurité routière qu’ils sont en ordre.
Même constat chez le commissaire général de la brigade anti-corruption, Liévin Macumi. Il révèle que la fraude a désormais une loi qui la régit : « Il y a une ordonnance conjointe sortie par les ministres des Finances et de la Justice qui stipule que les marchandises saisies doivent subir un contrôle et une amende de 50% de la valeur de la marchandise payable au sein de l’OBR ».
Selon lui, sans l’implication de tout en chacun, à commencer par les contribuables, la brigade anti-corruption et les autres institutions ne peuvent pas aboutir à une lutte efficace contre la fraude et la corruption. « Si nos informateurs ou dénonciateurs nous avisent sur une quelconque suspicion, on ne dévoile pas leurs identités, on les protège. » S’il y en a qui veulent s’afficher publiquement, poursuit-il, c’est leur affaire, la brigade ne fait qu’exécuter ce qui est permis par la loi.
« Nous devons être complémentaires »
Gaudence Ndayizeye, Commissaire des Enquêtes, Renseignements et Gestion du Risque de l’OBR, se veut rassurant : « La mission première de l’OBR est de lutter contre la fraude. Et pour aboutir à des résultats, nous devons agir en synergie. Les autres institutions doivent nous épauler. S’il arrive quoi que ce soit, ces institutions nous appellent pour passer au contrôle. »
Quant aux associations qui s’arrogent le droit de travailler avec l’OBR et les autres institutions, M. Ndayizeye est catégorique : « Il n’y a pas de considération hors norme pour ces gens. »
Dr Domitien Ndihokubwayo, Commissaire Général de l’OBR, n’y va pas par quatre chemins : « La loi donne la mission à l’OBR de lutter contre la fraude. Nous n’avons mandaté personne pour travailler à notre place. Gare à ces personnes, c’est à leurs risques et périls ! » Et d’insister : « S’ils veulent contribuer à cette lutte, qu’ils informent les institutions habilitées. »
Pour ceux qui croient que les agents de l’OBR ne coopèrent pas, M. Ndayizeye indique que leurs agents éprouvent beaucoup de difficultés, l’administration locale encourageant parfois les contribuables à la fraude. « Mais l’OBR ne se décourage pas, pour autant », conclut-il.