Le Président Nkurunziza a reçu en audience l’Ambassadeur des Etats-Unis d’Amérique auprès des Nations Unies.
8-04-2014

arton4600.jpgBujumbura, le 8 avril 2014 (PP) : Le Président de la République du Burundi, S.E. Pierre Nkurunziza, a reçu en audience, ce 8 avril, Mme Samatha Power, Ambassadeur des Etats-Unis d’Amérique auprès des Nations Unies et Membre du Cabinet de S.E. Barack Obama, Président des Etats-Unis.

L’Ambassadeur Samantha Power a commencé par saluer les bonnes relations entre les USA et le Burundi. Elle a affirmé avoir été au Burundi 15 ans auparavant mais qu’aujourd’hui elle trouve un grand changement. Le pays a recouvré la paix et la sécurité, la reconstruction bat son plein et la ville de Bujumbura rayonne. Elle a déclaré que c’est la première fois qu’un membre du Cabinet du Président Barack Obama visite officiellement le Burundi et a réitéré le souhait que le président burundais participe au Sommet Etats-Unis – Afrique au mois d’août. Elle a loué l’exploit des soldats burundais présents dans plusieurs missions de maintien de la paix comme en Somalie et en République Centrafricaine. Elle était à Bangui quand les soldats burundais ont atterri, à bord d’avions américains. Elle a trouvé des soldats dont le moral était au beau fixe, prêts à affronter la lourde mission qui les attendait.

Le message du Président Barack Obama consistait également à féliciter le président burundais pour sa politique de proximité avec la population, surtout à travers les travaux communautaires. « Nous venons vers vous avec un esprit d’amitié », a-t-elle dit, ajoutant que les Etats-Unis ne sont pas critiques envers le Burundi mais qu’il s’agit d’inquiétudes « pour que le Burundi ne tombes pas encore dans des difficultés, surtout la violence ». Parmi les sujets qui inquiètent les Etats-Unis figure la question du « 3ème mandat » du Président Pierre Nkurunziza, les rapports faisant état d’une probable distribution des armes aux jeunes affiliés au Parti au pouvoir, la possible détérioration de la paix à la veille des élections et le rétrécissement de l’espace démocratique.

Le Chef de l’Etat burundais a remercié l’Ambassadeur Samantha Power pour sa visite au Burundi. Il a également exprimé, au nom du peuple burundais, sa reconnaissance à l’endroit des Etats-Unis d’Amérique, pour le soutien indéfectible dont le burundi a bénéficié de la part de cette puissance mondiale pour la conclusion de l’accord d’Arusha pour la paix et la réconciliation. « N’eût été la pression du Président Bill Clinton, certains burundais n’auraient pas apposé leur signature sur cet accord car ils avaient refusé. Le médiateur, feu Nelson Mandela a alors fait appel au Président américain et finalement les politiciens burundais qui venaient de passer plusieurs années à négocié ont conclu cet accord historique qui a sauvé le Burundi » a révélé le président burundais.

Sur la question de sa réélection à la Présidence de la République du Burundi, le Chef de l’Etat burundais a été on ne peut plus clair : « A une année de l’appel aux candidatures, il est encore trop tôt pour se prononcer sur la question. Encore que c’est au parti Cndd-Fdd de décider qui sera candidat à l’élection présidentielle et ce à travers un congrès. Et il serait injuste de demander au Cndd-Fdd d’annoncer qui sera son futur candidat, à une année des élections. Cela est d’autant plus normal qu’aucun parti politique ne peut, pour des questions stratégiques, faire une telle annonce » a confié le Président Pierre Nkurunziza à l’Amb. Samantha Power.

A ceux qui croient qu’il y aura un référendum pour modifier la constitution, le Président Nkurunziza a déclaré que le Burundi n’organisera pas de référendum et que la constitution actuelle restera en vigueur. Il a invité tous les acteurs politiques, activistes de la société civile ainsi que la communauté internationale à apporter leur contribution afin que les élections de 2015 soient libres, apaisées et transparentes.

Evoquant les informations faisant état d’une distribution des armes aux membres de la Ligue des Jeunes du parti Cndd-Fdd, le Président Nkurunziza a traité cela de mensonges car pour lui, « l’heure est au désarmement de la population » et non à la distribution des armes, tenant à témoin la centaine de milliers d’armes (fusils, grenades et bombes, …) déjà récupérées et détruites. Il a rappelé que la population remet volontairement ces armes. « Il serait donc insensé de mener une politique de récupération des armes et en même temps de mener une autre politique de distribution des armes.

Pour permettre à ses interlocuteurs de bien saisir les défis que le Burundi doit relever et partant démontrer que le Burundi tient à garder et à promouvoir la paix et la sécurité, S.E. Pierre Nkurunziza a brièvement brossé l’histoire sanglante du Burundi, insistant sur le fait que les élections de 2005 ont marqué un tournant dans l’histoire du Burundi.

Avant cette année, toutes les consultations électorales étaient suivies d’assassinats politiques, emportant même les élus. En 1961, le Prince Louis Rwagasore a été assassiné quelques jours seulement après sa victoire aux élections législatives. En 1965 se tiennent d’autres élections législatives. Mais quelques mois plus tard, la plupart de ces élus du peuple sont éliminés. En 1993 se tiennent des élections et S.E. Melchior Ndadaye remporte l’élection présidentielle. Quelques jours plus tard, lui et plusieurs de ses collaborateurs sont sauvagement assassinés.

En 2005, le Burundi a réussi un exploit en organisant des élections sous la protection d’une nouvelle armée et d’une nouvelle police constituées d’anciens rebelles et d’anciens loyalistes alors qu’il y avait encore un mouvement en guerre contre le pouvoir de Bujumbura, le FNL. Ce dernier ne déposera les armes qu’en 2008. Ainsi donc, a-t-il conclu, « le Burundi de 2005 n’a rien de semblable à celui de 2014. Ce n’est donc pas maintenant, au moment où la paix et la sécurité sont devenues une réalité et que les soldats burundais sillonnent le monde pour aller y restaurer la paix, et au moment où c’est la première fois que certains fils du Burundi dirigent de grandes missions de maintien de la paix comme l’AMISOM et d’autres qu’on peut parler de « situation alarmiste ».

Enfin, sur le chapitre du rétrécissement de l’espace démocratique, le Président burundais a expliqué que certains partis utilisent cela comme prétexte pour le simple fait qu’ils n’ont pas de membres à l’intérieur du pays. « En 2005, par exemple, sur la quarantaine de partis politiques, ce n’est qu’une dizaine qui ont participé aux élections ». Néanmoins, pour lever toute équivoque, le Président Nkurunziza a annoncé que désormais des rapports seront régulièrement établis et rendus accessibles au public pour déterminer quelles sont les formations politiques qui ont tenu des réunions.

L’entretien entre l’Ambassadeur Samantha Power et le Président de la République du Burundi S.E. Pierre Nkurunziza s’est clôturé dans un climat de bonne entente, avec l’annonce d’un appui financier des Etats-Unis d’Amérique aux élections de 2015 de l’ordre de $ 7,5 millions.