Le sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union Africaine se tient à Johannesburg en Afrique du Sud. Avant de prendre l’avion pour Johannesburg, le président Uhuru Kenyatta du Kenya a déclaré que les pays africains doivent renoncer à l’aide internationale qui empêche de se développer! On se disait que le sommet était placé sous de bons auspices. Le dossier du Soudan du Sud, de la crise au Burundi, de la guerre contre Boko Harama, de la crise en RCA et en Libye sans oublier le Mali: des dossiers que les médias internationaux ont présenté comme brûlants!
Les propos de visionnaire du président du Kenya ont disparu comme neige devant le soleil. Et pourtant, c’est ce genre de résolutions que les peuples d’Afrique attendent d’un tel sommet. Le Burundi est détesté par les Occidentaux pour certains choix audacieux: les Occidentaux ont promis de financer les élections et ont posé des conditions inacceptables. Le gouvernement du Burundi a renoncé à l’aide et a pris la décision de financer lui-même les électons! Les Occidentaux ont promis de financer la construction des barrages hydroélectriques mais ont posé des conditions inacceptables. Le gouvernement du Burundi s’est tourné vers la Chine et l’Inde pour financer des barrages sur la rivière Mpanda, Kaburantwa, les sites des énergies renouvelables à Gitega et Bubaza. Les Occidentaux ont piqué une colère de fauve. Ils pensent à la Chine avec l’énergie produite sur les « trois gorges » qui a favorisé le développement industriel. Le Burundi imite l’Ethiopie et devrait bénéficier de la solidarité des pays africains engagés sur le chemin de l’émergence.
Hélas, voilà que le sommet de Johannesburg a été plutôt marqué par le chantage des Occidentaux pour humilier le président du Soudan, Omar El Béchir. Une ONG européenne aux couleurs sud-africaines a demandé à un juge sud-africain d’arrêter Omar El Béchir. D’après les médias occidentaux, RFI, France 24, BBC et Reuters en tête, un juge sud africain aurait pris la décision d’empêcher le départ du président soudanais. Pour motif: un mandat d’arrêt de la CPI ! La CPI souhaite que le président soudanais comparaisse à La Haye comme ce fut le cas du président Uhuru Kenyatta du Kenya et de son vice-président William Ruto.
L’affaire du juge sud-africain contre le président soudanais défraie la chronique. Parce que les Occidentaux le veulent ainsi. Ils savent que, participant à un sommet de l’Union Africaine et sur son invitation, l’Afrique du Sud ne peut ni arrêter ni inquiéter le président Omar El Béchir. Mais l’objectif des Occidentaux est de faire passer sous silence les dossiers importants que les dirigeants africains sont en train de traiter. Comme ça, les peuples naifs d’Afrique vont retenir cette tentative imaginaire d’arrêter Omar El Béchir. Et pourtant, il n’en est rien! C’est du bleuf! On se souvient que malgré l’hostilité américaine contre Kadhafi ou l’ancien président d’Iran, les deux bêtes noires des Occidentaux se rendaient à New York pour l’assemblée générale de l’ONU. Ils étaient respectés et recevaient tout le protocole lié à leur statut de chef d’Etat. L’Afrique du Sud pouvait-elle violer cette pratique? Omar El Béchir est l’invité de l’Union Africaine, en l’occurence du président en exerice. A défaut de la protestation de Zuma, il faut espérer le hurlement de Mugabe si d’aventure le départ du président El Béchir était retardé contre son propre gré.
Omar El Béchir séjourne légalement en Afrique du Sud et reçoit tous les honneurs d’un chef d’Etat. Il a poursuivi d’ailleurs ses activités en laissant braire les médias occidentaux. Ce qui est rageant, c’est de voir les chefs d’Etat africains présents à Arusha se taire! Est-ce parce que ce chantage des Occidentaux les amuse? Est-ce parce qu’ils craignent les Occidentaux et ne veulent pas prendre ouvertement position? Et qu’en est-il de la volonté exprimée par l’Union Africaine de se retirer de la Cour Pénale Internationale?
Le sommet de Johannesbourg s’est penché sur la situation au Burundi. Il recommande le respect de la souveraineté nationale en ce qui concerne la candidature de Nkurunziza. Il a repris et appuyé les décisions prises à Dar es salaam par le sommet des chefs d’Etat de la Communauté Est Africaine en date du 31 mai dernier. Mais pour plaire aux Occidentaux, le sommet demande au gouvernement du Burundi et à l’opposition d’engager un dialogue pour fixer par consensus un calendrier des élections. C’est une concession faite aux Occidentaux qui savent pertinement que l’opposition va recourir aux manoeuvres dilatoires et aller au-delà des échéances fixées par la constitution. Cette même opposition a montré sa mauvaise foi en récusant le médiateur Djinnit. Elle a refusé de participer aux consultations organisées par la CENI pour élaborer le nouveau calendrier en cours. Or, l’assemblée nationale doit être en place avant le 9 juillet! Si le gouvernement du Burundi entre dans ce jeu, la porte de la transition sera grandement ouverte.
L’autre concession faite aux Occidentaux est la décision d’envoyer des observateurs des droits de l’homme et des experts militaires pour s’assurer du désarmement des jeunes affiliés aux partis politiques. Ces observateurs avaient été proposés par les Occidentaux. Un groupe de 70 personnes. Le gouvernement du Burundi avait refusé en faisant remarquer que le Burundi a mis en place un réseau national des observateurs des droits de l’homme appuyé par le Bureau de l’ONU chargé des droits de l’homme à Bujumbura. Ce réseau est constitué par des personnes choisies dans la société civile plurielle. Pourquoi alors accepter des experts étrangers et essentiellement des Européens?
Quant aux experts militaires devant s’assurer du désarmement des jeunes affiliés aux partis politiques, le gouvernement du Burundi doit faire attention. Il s’agit d’un autre piège pour organiser le déploiement d’une force internationale. Le travail de la commission nationale chargé de la récupération des armes détenues illégalement par les civils est plutôt à encourager. Les experts chargés de superviser le désarmement? Non, c’est un piège des Occidentaux qui ont déjà fait venir au Burundi des armes pour aider les manifestants.Les experts militaires sont envoyés dans les pays en guerre. Est-ce qu’il y a une guerre au Burundi? Les manifestions sporadiques des fauteurs de troubles dans 3 ou 4 quartiers de Bujumbura ne justifient pas une telle décision. L’Union Africaine félicite la police et l’armée burundaises d’avoir été professionnelles dans la gestion des manifestations et envoie des experts pour quelle mission cachée?
Les décisions de l’Union Africaine sont du reste contradictoires. D’une part, elles reconnaissent la souveraineté du Burundi notamment le verdict de la cour constitutionnelle sur la question de la candidature de Nkurunziza. D’autre part, elles violent cette souveraineté en imposant des mesures qui puissent créer au Burundi un vide institutionnel.
Si le gouvernement du Burundi accepte ces décisions louches de l’Union Africaine, il aura hypothéqué le processus électoral. N’oublions pas que Pacifique NININAHAZWE, l’un des agents de la CIA et qui se cache derrière le mouvement contre la candidature de Nkurunziza, vient de publier sur sa page Facebook qu’il va lancer une guerre civile! Ces mêmes menaces ont été proférées par Jean Minani. Il faut se préparer aux élections et si les fauteurs de troubles veulent vraiment la guerre, la majorité des Burundais se mobilisera pour imposer la paix. Attendons de voir les déclarations des émissaires de l’EAC qui sont déjà à Bujumbura et mènent déjà des contacts avec les protagonistes de la crise burundaise. On se félicite de savoir que les campagnes électorales se poursuivent sans incident et qu’il y a une forte participation de l’opposition hier hostile aux élections.
Editeurs B-24