Ouvrons cet éditorial par une question : le gouvernement du Burundi peut-il rester les bras croisés devant une accusation aussi fausse que grave de la BBC, selon laquelle il existe, dans notre pays, des maisons secrètes de détention et de torture ? Non et non, a fait savoir tout récemment la ministre en charge de la Justice lors d’une séance d’information sur le film documentaire de la BBC incriminant les Forces de sécurité burundaises, notamment le Service national de renseignement, dans la torture et l’assassinat d’opposants burundais. Ce disant, la ministre avait toutes les meilleures raisons d’affirmer que la BBC avait délibérément commis un acte condamnable, que nul ne peut justifier, que nul ne peut tolérer. Le gouvernement ne peut donc pas rester les bras croisés, car c’est à hurler de rage devant un mensonge et une insulte d’une aussi rare gravité, qui ne s’inscrivent que dans la seule logique de la déstabilisation des Institutions démocratiquement élues, guidées par le seul souci majeur de renforcer la paix et la sécurité, créant ainsi un cadre idéal favorable à la concrétisation du Plan national de développement 2018-2027, qui ne peut se concevoir et se réaliser que dans un climat politique sain.
Pourquoi est-ce que la BBC, une institution aussi prestigieuse qui, en 1940, prêta ses micros au général de Gaulle appelant, à partir de Londres, le peuple français à résister contre le nazisme hitlérien, en est arrivé à coopérer avec les déstabilisateurs des institutions démocratiquement élues et du peuple burundais qui les a mises en place ?
Comment les journalistes de la BBC en sont-ils arrivés là, eux qui n’ignorent pas que le métier de journaliste est régi par des règles professionnelles impliquant la responsabilité, pour garantir un journalisme honnête non réfractaire à la loi et à la morale ? Comment la BBC en est-elle arrivée là alors que la voie qu’elle a empruntée et l’objectif poursuivi ne servent qu’à son discrédit et à son déshonneur ? Pourquoi la BBC a-t-elle délibérément écorné son prestige ?
Le film documentaire produit et diffusé par la BBC, étriqué et vide de sens, a eu une médaille d’or, celle du déshonneur, du discrédit, de la perte du prestige et, naturellement, celle de l’indignation du peuple burundais qui, samedi dernier, s’est levé comme un seul homme, à travers tout le pays, pour jeter l’anathème sur la BBC et ses associés contre le Burundi, dans le contexte d’une marche-manifestation pacifique. Sans oublier l’indignation de celles et ceux qui sont au fait de la réalité burundaise caractérisée par la paix, la sécurité et les voies les plus justes conduisant à une réconciliation pérenne du peuple burundais avec lui-même. Coopérant étroitement avec les détracteurs du gouvernement burundais, la BBC est, de ce fait, devenue leur alliée objective.
C’est, certainement, au nom de la liberté de la presse que la BBC dira qu’elle a agi ainsi. Répondons-y en citant Sir Winston Churchill : «Tout le monde est favorable à la liberté d’expression. Il ne se passe pas un jour sans qu’elle soit portée aux nues. L’idée que s’en font certains est qu’ils sont libres de dire ce qu’ils veulent, mais si quelqu’un leur répond, c’est un scandale». N’est-ce pas, messieurs les journalistes de la BBC, particulièrement Mme Charlotte Attwood et Mme Maud Jullien, qui ont donné la médaille de la honte à leur institution ?
Louis Kamwenubusa