Le projet qui était censé être le plus abouti des néo-colons au Burundi après les élections de 2015 est la mise en place du CNARED c’est-à-dire, le conseil national pour la restauration des accords d’Arusha, dont l’ossature principale est le partage du pouvoir et de l’avoir conformément aux quotas ethniques. Cette opposition radicale CNARED positionnée par ses financiers du monde occidental dit vouloir garantir la pérennité de l’application de cet accord en détruisant le gouvernement actuel qui selon elle, dans les actes du gouvernement le partage ethnique défini dans l’accord est de plus en plus mis de côté.
Paradoxalement, c’est la mise en pratique au quotidien, de ces quotas ethniques contenus dans l’accord d’Arusha par le pouvoir en place au Burundi, que certaines ONG occidentales ont pris la décision de mettre la clé sous le paillasson en disant qu’elles ne sont pas moralement capables d’appliquer l’accord d’Arusha dans sa lettre et dans son esprit ethnique.
Tenez, après 26 ans au Burundi, l’organisation Handicap International « ne s’estime plus en mesure de mener ses projets ». Le communiqué de presse précise que le retrait de l’organisation s’est réalisé « en raison des décisions du gouvernement burundais vis-à-vis des ONG internationales » et notamment « l’obligation du fichage ethnique de ses employés ».
Le 1er octobre dernier, les actions de toutes les ONG présentes au Burundi avaient été suspendues par le gouvernement. La condition posée pour leur redémarrage était entre-autres, un plan de mise en place de quotas éthiques au sein de leurs équipes, explique l’organisation.
L’organisation a engagé des discussions avec le gouvernement burundais, sans parvenir à trouver de solution.
L’obligation d’établir la composition ethnique de son personnel et de communiquer ces informations aux autorités constitue pour l’ONG « une ligne rouge qu’elle n’entend pas franchir », ne voulant «pas être complice d’une forme de discrimination ethnique». Réalisant des interventions dans les domaines de la santé, la réadaptation, l’éducation ou l’insertion socio-économique, l’organisation déplore que les capacités d’action des ONG « se réduisent de plus en plus au Burundi, au détriment des populations les plus vulnérables ».
D’un côté on finance le CNARED pour qu’il milite pour le maintien stricto sensu des quotas ethniques et de l’autre on dit aux ONG occidentales de ne pas les appliquer, qu’au besoin même il faut dégager ? Cette contradiction n’est pas anodine car c’est une façon de dérouter le décideur Burundais et de tout faire pour maintenir le Burundi dans un état de déstabilisation permanent.
Ruvyogo Michel