La réunion de l’opposition à Addis-Abeba était attendue ce jeudi. Déjà l’ombre de la défection de Rwasa pesait sur cette rencontre. Ce qui a poussé certains ténors très convoités comme Hussein Radjabu à décliner l’offre. Il s’est expliqué sur les réseaux sociaux et prétend avoir délégué Manasse Nzobonimpa et l’ambassadeur Hassan Rukara. A vrai dire, il est aux abois. Tout reposait sur la manipulation de Rwasa et la stratégie visait à s’appuyer sur ses combattants. Rwasa a compris qu’on l’exploitait et a décidé de s’affranchir de toute tutelle.

reynders-400x267.jpg
Ministre des Affaires étrangères belge M. Didier Reynder avec des Frondeurs

Il se raconte que Gervais Rufyikiri, Pie Ntavyohanyuma, Pancrace Cimpaye, Teddy Mazina, Pamela Kazekare, Maggy Barankitse, Bernard Busokoza, Alexis Sinduhije, Pacifique Nininahazwe, Vital Nshimirimana, Jeremie Minani, Léonce Ngendakumana, Jean Minani, Chauvineau Mugwengezo, Charles Nditije et bien d’autres fossoyeurs de la démocratie étaient attendus dans la capitale éthiopienne. L’ordre du jour était à convenir de même que les concessions quant aux leaders à placer à la tête de cette coalition qui est censée jouer le contre poids du régime de Bujumbura. Mais d’aucuns se demandent ce que ce pléthore d’opposants sans assise populaire et ces activistes mercenaires des Occidentaux vont convenir à Addis-Abeba! Juste une réunion pour justifier les fonds alloués par l’Union Européenne?

Comme certaines indiscretions le signalent depuis Bruxelles, c’est le parlement européen et le gouvernement belge qui font pression pour que cette réunion aboutisse au moins sur un communiqué. Quant aux chances d’aboutir à un front commun de l’opposition, les Occidentaux ne se font plus d’illusion depuis le volte face d’Agathon Rwasa. Pour parler en termes crus, les Occidentaux reconnaissent que sauf naïveté, Nkurunziza a réussi son coup. Maintenant que bien des pays de par le monde ont découvert l’ampleur de la manipulation médiatique des Occidentaux dans le coup monté contre le régime de Bujumbura, il ne leur reste qu’à essayer de sauver les meubles en faisant croire que la crise humanitaire s’est aggravée et que le conseil de défense des accords d’Arusha est un interlocuteur incontournable pour conduire le dialogue à bon port. C’est dans cette optique que l’Union Européenne vient de débloquer 4,5 millions d’euros en faveur des réfugiés burundais dans la région des Grands Lacs. Cette somme sera en partie utilisée pour financer les activités du conseil de transition et le lobbying des organisations internationales qui vont appuyer ce dit conseil.

Sans vouloir dénigrer cette rencontre d’Addis, il est permis de dire que la montagne va accoucher d’une petite souris. A Bujumbura, la vie a repris le cours normal. La police a installé des agents en civil dans tous les coins du centre ville pour éradiquer le phénomène des poseurs de grenades. Les prostituées rwandaises à Buyenzi, Kamenge et Bwiza sont sous haute surveillance. Bien des débrouillards rwandais et agents de DMI ont été expulsés du territoire. Les réfugiés rentrent en masse. Les fonctionnaires font amende honorable pour leur absence justifiée par les moments difficiles que le pays vient de vivre. Les jeunes qui avaient été manipulés pour fuir vers Kigali et suivre des entraînements militaires ont perdu les illusions: ils se dénoncent mutuellement et finissent en taule. D’autres sont arrêtés par la police quand ils tentent de se rendre en Tanzanie via Ruyigi et Cankuzo. Les militaires ex-FAB qui étaient les plus séduits par les putschistes se sont rendus compte de la manipulation et reviennent à la raison. Les renseignements traquent tout fauteur de troubles et la police ratisse tous les quartiers et exige la fin de l’insurrection ou la chasse à tout ancien manifestant. Bref, le régime a coupé les herbes sous les pieds des opposants et des activistes. Il ne reste qu’à réussir la réconciliation entre les jeunes du CNDD-FDD et ceux de Rwasa. Les langues se délient pour rejeter cette retrouvaille des anciens rebelles, défenseurs des éternels opprimés du Burundi: les Hutus! La minorité est-elle pour autant menacée? Pas du tout. Car au CNDD-FDD, les Tutsis sont choyés. Mais on les traite de complaisants, d’opportunistes et non de radicaux comme ceux qui travaillent avec Nditije (un hutu) ou Concilie Nibigira (une hutue, orpheline lors du génocide de 1972)!

La rencontre d’Ethiopie est un non événement. Car l’UPRONA pleure la perte de son statut de parti de prédilection des Tutsis. Cela c’est illustré par la suppression de la référence aux équilibres ethniques et du genre dans le règlement l’ordre intérieur de l’assemblée nationale. Pour la première fois depuis la restauration de la démocratie décapitée en 1993, l’UPRONA n’est pas représenté au bureau de l’assemblée nationale. Il est tellement insignifiant qu’il n’a point de groupe parlementaire! Concilie Nibigira et Charles Nditije se rendent compte que le piège que ce même UPRONA utilisait bien des décennies avant de diviser pour régner est utilisé pour d’écarter! Et qui a dit que l’inventeur de la guillotine meurt par la même invention! Car la terre tourne et tout se paie ici bas! Mais l’UPRONA, c’est Abadacikana. Ils peuvent surprendre avec une stratégie originale de réconciliation de façade et récupérer la vice presidence de la république et des postes ministériels! De toute façon, tout ne fait qu’en foncer le clou dans le pied de l’opposition et des activistes! Comme vient de le dire Pierre Nkurunziza dans son message à la nation: » les 29 juin et 21 juillet, le peuple burundais a pris son destin en mains. Ce sont des dates à jamais inoubliables ». Le temps joue plus que jamais en faveur du régime issu des élections et non des compromissions étrangères.

Editeurs B-24