Tom Perriello – envoyé spécial des USA dans la région des Grands Lacs
En organisant l’investiture le 20 août, donc 6 jours en avance, le président Nkurunziza a pris tout le monde de court. Les Américains ne décolèrent pas. Mais ils se sont fait violence pour envoyer l’adjoint de leur ambassadeur au Burundi pour les représenter aux cérémonies. Idem pour les pays occidentaux. Ceux-ci seraient d’ailleurs divisés car la Belgique a autorisé sans leur aval la publication d’un communiqué rendant public le gouvernement de Nyangoma. La France aurait mené des consultations directes avec Bujumbura pour des concessions envers l’opposition à travers la révision de l’article 129 de la constitution. Les Américains eux, attendraient le lancement de la campagne électorale en Tanzanie pour donner le feu vert à Kagame afin d’attaquer le Burundi avec mission d’assassiner le président Nkurunziza. Ce qui explique la cohérence du Rwanda à travers l’absence aux cérémonies d’investiture du président Nkurunziza!
Une fois l’investiture du président organisée et le contenu des échanges entre Kagame et l’envoyé spécial des USA dans la région des Grands Lacs divulgué, les services de renseignements tanzaniens et sudafricains ont dépêché des experts à Bujumbura. Ils veulent connaître l’état du moral de l’armée burundaise surtout du côté de ceux qui défendent le régime. Car Kigali se félicite d’avoir divisé l’armée à travers deux assassinats: celui du général Adolphe et du colonel Jean Bikomagu! Il lui suffirait donc de déployer quelques bataillons pour prendre la capitale et installer des « marionnettes » sous les apparences d’une rébellion dirigée par Godefroid Niyombare! Ce que la Belgique monte avec Nyangoma n’est que de la diversion. Et la position du BRICS?
Même si Kikwete s’en va, nul n’ignore que la Tanzanie est un système qui dirige le pays et non une personne. Les stratégies seraient en train d’être prises pour contrecarrer le plan de Kagame. Et l’Afrique du Sud, en envoyant le ministre de la sécurité avec une équipe d’experts lors des cérémonies d’investiture, a clairement affiché sa position contre le plan des USA. La Chine et la Russie pourraient également redoubler l’appui diplomatique envers Bujumbura et avertissent discrètement que toute tentative de déstabilisation des institutions démocratiquement élues ne sera pas tolérée! Cette « guerre froide » n’est qu’un secret de polichinelle et certains pays occidentaux se retirent sur la pointe des pieds.
L’Allemagne et la Suède viennent d’annoncer la poursuite du partenariat avec Bujumbura. La Norvège et la Suisse invitent Nkurunziza à dialoguer pour permettre le retour des politiciens, la libération des manifestants et l’ouverture de l’espace médiatique. Les Nations Unies ont déclaré avoir pris acte de l’investiture du président et de l’entrée du pays dans une nouvelle législature. Ban Ki-Moon ne parvient pas encore à concilier les intérêts des Américains, des Européens et du BRICS pour proposer un nouveau médiateur pour le Burundi. Il est préoccupé par la volonté de Kigali de déstabiliser le Burundi pour cacher le volcan qui s’agite au sein du FPR!
Kagame va briguer un nouveau mandat grâce à une révision de la constitution. Apparemment tout se passe bien! Et pourtant, la contestation s’organise à l’intérieur du pays comme à l’extérieur du Rwanda. Au sein du FPR, les familles de membres fondateurs en disgrâce ne veulent plus de Kagame au pouvoir. Les défections surviennent chaque jour. Il y a des départs en exil et des arrestations. Il y a surtout les sympathisants de Kayumba Nyamwasa! Cet ancien bras droit de Kagame vit sous haute protection en Afrique du Sud. Ses lieutenants auraient réussi à convaincre beaucoup de hauts gradés de l’armée rwandaise de se préparer à en découdre avec Kagame avant 2017. L’opposition interne sort timidement du silence et les têtes risquent de tomber. L’Ouganda a d’autres chats à fouetter et Museveni connaît bien le caractère caméléon des Occidentaux et balaie devant sa case! Kagame sait que quitter le pouvoir serait synonyme de fin du mythe de l’héros qui a provoqué et arrêté un génocide des Tutsis au Rwanda! Et c’est faux car Nyamwasa pourrait assurer la relève et réhabiliter bien des Rwandais écartés de tout projet de réconciliation et de vérité pour la paix durable.
Le réseau de Nyamwasa travaille librement en Tanzanie et à l’Est de la RDC. Kagame a peur que Nkurunziza n’ouvre la porte à Nyamwasa en représailles à l’hostilité qu’il lui a manifestée depuis le début de la crise. Voilà pourquoi il faut prendre au sérieux les menaces qui sont de plus en plus dénoncées contre Bujumbura. C’est le DMI qui éliminerait les personnalités au Burundi pour provoquer les réactions sous forme de tueries interethniques. Jusqu’à maintenant, Kigali a échoué. Il espère y arriver s’il tuait Nkurunziza. A bon entendeur, salut!
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