Le Burundi d’aujourd’hui nous émeut et nous enchante. De quoi être fier, ce bout de l’Afrique des Grands Lacs où une majorité silencieuse longtemps ignorée et qui n’avait de place que dans la fosse commune se taille une place au soleil! Et le monde regarde et s’en émeut. Prenons le temps de mettre en exergue des faits caractéristiques de notre génération qui font des jaloux :
1 – La masse laborieuse gravit inexorablement les échelons de l’autodétermination.
Par des péripéties rocambolesques, elle finit par se doter d’une armée. La célébration de ce fait grandiose résonne à travers toutes les petites joies comme passer tout près d’un camp militaire sans s’inquiéter après six heures du soir; partir de la ville la nuit et arriver sain et sauf chez-soi en campagne; être sûr que le militaire/policier ne viendra pas réquisitionner nos récoltes et dynamiter notre maison, baïonnette bien montée sur son kalachnikov. Et maintenant nous pouvons parler de ce passé ouvertement, nous savons que nos enfants peuvent aller à l’école et leur réussite ne leur sera pas volée.
2 – Qui aurait su que cette masse laborieuse et silencieuse a aussi des envies?
Une armée à elle ne lui suffit pas, il lui faut aussi la présidence! Et pourquoi pas ? Elle a des cervelles reposant sur des épaules bien robustes et des colonnes vertébrales musclées qui ont développé la résistance au génocide. Elle s’est dotée des organisations politiques pour organiser la marche pour récupérer le pouvoir et en assurer un partage responsable.
Avez-vous vu le CNDD FDD ? Mais regardez aussi, les FNL ! Direz-vous que ce sont des organisations exclusivement hutues? Certainement pas. Ces organisations qui ont une grande assise populaire étouffent cette représentativité virtuelle massive qu’une minorité déguisée et éhontée s’est forgé par le mensonge dans les média. Elle nous avait fait croire que son rôle consistait à critiquer l’action gouvernementale. Cependant, on ‘est retrouvé en face d’une société civile qui paradoxalement est impliquée dans toute forme de récupération du pouvoir. Incivique, non?
3 – L’insurrection et le mouvement Sindumuja est une chance que le Burundi, même traumatisé, devrait célébrer. Cette occasion unique a mis à nu les rêves et les projets de l’intelligentsia Sindumuja : s’approprier le pouvoir et le peuple. Il faut célébrer cette insurrection quand bien même elle a fait ombrage à un autre élan politique de génie, relevé au sein du CNDD FDD et qui consiste à élaguer et tamiser ses représentants avant d’aller solliciter les votes du peuple. Ceci est une action engagée et il serait heureux de voir toutes les sphères organisationnelles adopter ces best practices. Simplement, il faudrait que nos représentants soient les meilleurs parmi nous et que le perchoir soit constamment mérité. Que personne ne se dise j’y suis et donc j’y reste. Je n’insinue aucune justification des frondeurs du CNDD FDD qui ont infusé des quantités considérables d’énergie aux insurgés.
4 – Le mouvement Sindumuja se rend compte qu’il est l’ombre de lui-même.
Ils commencent à se rendre compte que la masse populaire Burundaise n’est pas ce genre de rue où le pouvoir s’égare et où les voleurs de pouvoir peuvent se faufiler et l’attraper aussi simplement! Le peuple a décelé les actions malignes que ces voleurs de pouvoir avaient plantées dans leurs interventions diverses comme société civile. Leurs empreintes horribles estampillent le ternissement sauvage de notre pays et ses conséquences nocives sur les plans économiques et diplomatiques. Y avait-t-il un brin de civisme dans l’action de cette société civile incivique ?
L’insurrection était-elle démocratique? Si Sindumuja était un mouvement pacifique, il aurait patiemment attendu 2020 en posant des actes positifs, en évitant de calomnier l’autorité et en participant autant que faire se peut dans le développement du pays. Que faudra-t-il payer pour que ses adeptes se fassent encore accepter parmi nous comme repentis ? Cette dérive a été une occasion en or pour le peuple d’apprendre qu’il ne faudra plus laisser perdurer la sape par quelques membres de la société civile; et heureusement qu’un observatoire arrive à grand pas !
5 – En célébrant tout ce qui précède, il faut rire de la bassesse des tactiques Sindumuja:
L’usurpateur Sindumuja se réveille aujourd’hui et remarque que retourner la terre est un travail dur et que tous ses esclaves lui ont tourné le dos. En face à ce désespéré, le peuple lutte pour ne pas relâcher le pouvoir et retomber dans la servitude d’une minorité qui ’sarclait’ la population selon un calendrier préprogrammé. Ainsi cette intelligentsia malsaine utilise le nom Sindumuja pour irriter la majorité en espérant l’induire dans des actes répréhensibles. A part le peuple Burundais qui connaît comment le petit nombre de gens qui mènent ce mouvement rompu dans l’art de jouer la victime à la face du monde fonctionne, très peu d’individus dans la communauté internationale savent. Ceux qui savent sont souvent dans les affaires avec ces usurpateurs et vont plutôt renforcer le mensonge que la minorité est un mouvement global national. Les Belges sont
de ceux-là.
Ce vocable réaffirme la facette de l’ethnisme Tutsi pure et dure. Il est utilisé pour mutiler le mental des hutus, les terroriser, les enrager et leur avertit cyniquement que les actes qui ont emporté nos héros recommencent de plus belle. Le respect des lois est affirmé avec verve alors que sur le terrain, les âmes sont fauchées chaque jour dès la tombée de la nuit. L’occident s’en accommode aisément et aide volontiers à occulter cette facette en affirmant que c’est une simple différence d’interprétation de la constitution. Si cela était vrai, il serait acceptable surtout si l’opinion minoritaire ne visait pas d’extorquer l’assentiment populaire et n’avait pas le dessein de nous marcher sur les corps comme par le passé.
Le mouvement Sindumuja s’appuie aussi sur ces grosses pointures hutues dont la mémoire des événements passés n’influence pas. Ntiba est un exemple frappant! Une lacune notoire des Sindumuja est la perte de cette langue fine qu’on nous apprend dès notre enfance et que la langue française met beaucoup d’énergie à souligner. Pensez à ces discours de berger sortis tout droit des bouches des individus que nous croyions cultivés comme l’ex président du barreau de Bujumbura et le journaliste politicien président du MSD et demandez-vous si une démocratie saine comme la nôtre réserverait une place au perchoir à ces pirates.
Le peuple a compris comment les voleurs de pouvoir travaillent, il peut bâtir sa démocratie sans le concours de cette minorité qui prétend être plus intelligent que tout le peuple réuni.
Qu’ils soient de la minorité ou pas, la confiance du peuple sera mérité par des gens qui sont notamment polies, travailleurs et justes.
Elie Hakizimana