Alors qu’on était habitué à lire et à entendre des déclarations, toutes intempestives qu’arrogantes des Sindumuja et des radicaux leaders de l’opposition, affirmant régulièrement l’abattage imminent du pouvoir en place à Gitega. Aujourd’hui, à l’approche des élections de 2020, des annonces de retours illico-presto au Burundi se font de plus en plus de manière insistante, qu’est ce qui a changé ? Quel vent les pousse à adopter une posture qu’ils répugnaient hier ?
Les temps changent et ne se ressemblent pas. Auraient-ils enfin compris que, malgré tout, la démocratie est impitoyable et que le processus électoral est incontournable. Pourquoi diable devraient-ils boire la coupe jusqu’à la lie ? Rien ne vaut la mère-patrie, après avoir joué aux enfants prodigues, se diraient-ils qu’il est maintenant temps de s’en retourner se réconcilier avec ceux qu’on a honni, le moment où on a cru aux douces voix des sirènes néocoloniales serait-il déjà révolu ?
La réciprocité est aussi vrai, leurs sponsors face au résultat médiocre des poulains, ne souhaitent plus continuer à dénouer les cordons de la bourse à perte, les chevaux ne sont pas gagnants. Ils préfèrent changer de fusil d’épaule et continuer à essayer de mettre l’huile sur le feu via d’autres subterfuges et sur base d’autres arguties. On parle de bruit de bottes à l’Est de la RDC. Ceci explique peut-être cela car un pion est toujours interchangeable par un autre.
Souhaitent-ils se reconvertir en cheval de Troie ? Rentrer au Burundi en attendant le moment favorable qui proviendrait de l’Est de la RDC, ou à défaut, une fois sur place laisser couler le temps et une fois les élections terminées, les contester et avec l’aide de leurs sponsors la jouer à la soudanaise, c’est-à-dire, provoquer un soulèvement populaire jusqu’au finish ?
C’est un constat, le Burundi est sur le chemin d’un Etat de droit, possible qu’ils soient actuellement sincères, qu’ils veulent réellement participer au processus démocratique de 2020 et s’inscrire dans la sollicitation du vote de la population, seule détentrice du pouvoir. Dans ces conditions dans l’ensemble, ça ne peut que donner du bien. Toutefois, ils ont occasionné tellement de dégâts à la Nation burundaise, pendant tant d’années, que personne ne leur accorderait un saint sans confession. La prudence devra être de mise quant à leurs actions sur terrain.
Une autre réalité cruelle est que la vie en Europe n’est pas aussi évidente qu’on a tendance à le croire, pour certains l’adaptation est problématique et la dépression les guette au bout. La vie légère connue autrefois au Burundi n’est plus qu’un vague souvenir et les perspectives d’avenir très sombres car la seule ambition possible c’est d’accepter d’évoluer au niveau le plus bas de la société européenne quel que soit le rang occupé antérieurement au pays.
Les paroles flatteuses susurrées aux oreilles par les néo-colons au moment où on les incitait à casser les institutions burundaises se sont estompées dans le temps, le temps que dure une rosée, aujourd’hui vivant sur le sol européen, la seule attention possible ou les seules visites qu’ils peuvent encore espérer sont celles des assistants sociaux qui encadrent leurs dossiers administratifs. Ça a été vite fini, le grand amour avec les néo-colons. Peut-être qu’un retour au pays serait de nature à guérir la déception constatée avec le périple européen. Se disent-ils.
Pour ses enfants, une maman inexorablement le reste quelle que soient les circonstances, il en va pareil pour la mère-patrie, ses filles et ses fils égarés sont les bienvenus au bercail, pourvu qu’ils soient tous animés de bonnes intentions, se tromper ça peut arriver mais persévérer dans l’erreur c’est diabolique. Sentez-vous à l’aise et soyez ce que vous auriez dû rester, des enfants dignes du Burundi. Bienvenus chez vous.
Minani Pontien