Législatives au Royaume-Uni : Boris Johnson obtient une très large majorité
À l’issue du scrutin organisé ce jeudi 12 décembre 2019, le parti conservateur de Boris Johnson s’est largement imposé avec 357 sièges sur 650, signant une défaite écrasante du Labour.

Le Brexit aura bien lieu le 31 janvier : c’est le mandat donné par les électeurs britanniques au Premier ministre conservateur Boris Johnson, qui a décroché jeudi une éclatante victoire aux législatives après plus de trois ans de divisions et de psychodrame autour de la sortie de l’UE.

Avec un sondage sorti des urnes leur donnant une majorité inédite depuis Margaret Thatcher, et des premiers résultats leur attribuant des circonscriptions ouvrières détenues depuis des décennies par les travaillistes, le succès des conservateurs est de taille.  

Les Tories remportaient ainsi 357 sièges (contre 298 actuellement) sur 650, selon un sondage BBC/ITV/Sky News actualisé à 3 heures du matin, à l’issue d’une campagne axée sur la réalisation du Brexit, voté à 52% des voix en juin 2016, en vue de mettre fin à 47 ans d’un mariage tumultueux avec l’Union européenne.

Ce « nouveau mandat fort (…) donne à ce nouveau gouvernement l’occasion de respecter la volonté démocratique du peuple britannique », a souligné Boris Johnson, également réélu dans la circonscription d’Uxbridge et South Ruislip, à l’ouest de Londres.

À Bruxelles, où les dirigeants européens sont réunis en sommet, la France a salué une « clarification ».

Dans l’opposition, le Labour a chuté à 201 sièges (contre 262), une claque pour le leader du parti, Jeremy Corbyn, 70 ans. « Très déçu », le leader travailliste désormais sur un siège éjectable, a annoncé qu’il ne « conduira pas le parti aux prochaines élections » et souhaitait voir son parti entamer une « réflexion sur le résultat du scrutin et sur sa future politique ». Maigre consolation, il a été élu pour la dixième fois dans la circonscription londonienne d’Islington nord.  

Les conservateurs ont séduit de nouveaux électeurs

Chef de l’opposition le plus impopulaire jamais enregistré dans les sondages, Jeremy Corbyn a payé sa position ambiguë sur la sortie de l’UE, sur laquelle il a personnellement refusé de se prononcer. Il voulait renégocier un nouvel accord de divorce, plus social, puis le soumettre aux Britanniques avec comme alternative le maintien dans l’UE.

Mais les résultats qui sont tombés au fil de la nuit ont confirmé un net recul des travaillistes, qui ont perdu des fiefs symboliques, comme la ville de Workington. Un groupe de réflexion avait identifié « l’homme de Workington », un homme blanc, âgé, sans diplôme, pro-Brexit comme l’électeur clé pour remporter le scrutin. « Les conservateurs représentent désormais de nombreux ménages à faible revenu, des personnes qui travaillent dans les industries manufacturières et traditionnelles du centre et du nord de l’Angleterre », a expliqué le professeur Tony Travers, de la London School of Economics (LSE).

Jusqu’à présent, Boris Johnson n’avait pas réussi à faire adopter par le Parlement l’accord de divorce qu’il avait négocié avec Bruxelles, faute de majorité à la Chambre des communes. Or, durant la campagne électorale, le dirigeant de 55 ans a promis de soumettre cet accord aux députés avant Noël avec l’objectif de mettre le Brexit en oeuvre fin janvier. Prévu au départ le 29 mars dernier, il a été reporté trois fois. Le dirigeant conservateur a bénéficié d’un coup de pouce du Parti du Brexit, emmené par l’europhobe Nigel Farage, qui devrait faire chou blanc après s’être retiré de nombreuses circonscriptions pour ne pas diviser le vote pro-Brexit.

L’espoir d’empêcher le Brexit évanoui

Réaliser le Brexit doit permettre de tourner la page et de s’atteler aux « priorités » des Britanniques, comme la santé, la sécurité et les infrastructures, a affirmé le chef de gouvernement. Mais Boris Johnson devra aussi préciser quel type de relation il veut nouer avec l’Union européenne. Dès que le Royaume-Uni sera sorti de l’UE s’ouvriront de difficiles négociations sur ce sujet, censées être conclues d’ici à la fin 2020. Mission impossible vu la complexité du sujet, estiment bien des analystes.

Les nouveaux députés siégeront dès mardi et Boris Johnson leur déclinera son programme législatif par le biais du traditionnel discours de la reine jeudi.

Pour les pro-UE, l’espoir d’empêcher le Brexit s’est évanoui avec la défaite du Labour et l’échec des libéraux-démocrates. Ces derniers avaient fait campagne pour stopper purement et simplement la sortie de l’UE mais n’ont pas réussi à mobiliser et leur cheffe, Jo Swinson, a même perdu dans la bataille le siège qu’elle détenait depuis près de douze ans en Écosse.  

Bond des nationalistes en Écosse

À gauche, les nationalistes écossais du SNP ont bondi de 20 à 55 sièges, selon le sondage sortie des urnes. Ils comptent s’appuyer sur ce résultat pour demander un second référendum sur l’indépendance de l’Écosse, majoritairement hostile au Brexit, bien que Boris Johnson soit fermement opposé à une telle consultation.

Ne croyant pas à une avancée significative du SNP, l’ancienne cheffe des tories en Écosse, la populaire Ruth Davidson, avait promis de nager nue dans le Loch Ness s’ils dépassaient la barre des 50 élus. Affaire à suivre.

 
Par LEXPRESS.fr avec AFP