Bientôt la CPI sera privée de carburant pour fonctionner, puisque celui-ci n’était constitué, jusqu’ici, que de ressortissants du continent africain. Vue la forte résistance du Burundi à l’hégémonie atlantiste, il était prévisible que ce pays soit l’un des premiers à chercher à s’en émanciper en rejetant l’une des premières armes de cette hégémonie. Il était tout aussi logique que le seul pays du continent africain membre des BRICS, l’Afrique du Sud, suive le pas. D’autres suivront, puisque la porte est désormais ouverte, mais d’ores et déjà, l’Ouganda est dans les rangs de ceux qui vont quitter la Cour. Le premier ministre ougandais Ruhakana Rugunda a annoncé que le processus de retrait a déjà commencé. Ceux qui se désolent d’une fin prochaine de la CPI sont ceux qui se satisfont d’une justice expérimentale, aussi néfaste que la médecine expérimentale qui fut, elle aussi, pratiquée à large échelle chez les déshérités. La CPI aura été victime du martyre vivant qu’est Laurent Gbagbo qui fait de plus en plus figure de nouveau Mandela aux yeux des Africains. Et pendant qu’il croupit dans les geôles atlantistes, d’autres amis du système coulent des jours heureux dans les villas mises à leur disposition, à l’abri de toute poursuite. On trouve parmi ceux-ci les ex-présidents tunisien BenAli, ou mauritanien Ould Taya, qui croulent pourtant sous une avalanche de plaintes qui ne seront jamais satisfaites, et vivent comme des pachas au Qatar. Ou encore ceux que les US-Américains appellent « Our bastards » de l’Amérique latine planqués à Washington et protégés par les systèmes de sécurité américains. Ne parlons même pas des Bush, Blair, Obama, Sarkozy, Hollande, et tous leurs autres compagnons de félonie qui se rient de la justice internationale. Ce n’est peut-être pas par hasard que l’Afrique du Sud a entamé ses démarches le jour anniversaire de l’assassinat de Mouammar Kadhafi. RI
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On en avait pourtant parlé plusieurs fois. Mais à l’époque cela paraissait encore tellement lointain. Pourtant nous y voici : la Cour Pénale Internationale vit actuellement ses moments les plus difficiles.
Après la confirmation désormais officielle de retrait émise par le gouvernement du Burundi de cette institution jugée par de très nombreux Africains comme une cour raciste et ouvertement néocoloniale, servant les intérêts des élites occidentales, désormais c’est au tour de l’Afrique du Sud, membre des BRICS, d’annoncer officiellement son retrait de la CPI. A ce titre, une lettre a été transmise au secrétaire général de l’ONU comme le veut le protocole de retrait.
Il faut en effet se réjouir de cette décision sud-africaine, de même que burundaise, pour plusieurs raisons. La première c’est qu’une fois de plus cela permettra de comprendre aux élites occidentales que le monde d’aujourd’hui n’est plus celui ayant suivi la chute de l’URSS, période à laquelle l’Occident, et en premier lieu les USA, se sont autodéclarés être les gendarmes du monde. Deuxièmement, cette prise de responsabilité de deux Etats souverains d’Afrique prouve que le continent africain aura son mot à dire en ce 21ème siècle multipolaire. Troisièmement et par la même occasion cela confirme que certains pays d’Afrique ne vont plus tolérer le diktat des institutions néocoloniales, que ce soit dans le domaine de la justice internationale ou dans d’autres. Quatrièmement et cela est tout aussi important: d’autres pays suivront irrémédiablement. Le processus est bel et bien enclenché.
Last but not least, le rôle des médias. Souvenez-vous de mes articles sur ce sujet dont les idées allaient complètement à l’opposé de celles exprimées dans le mainstream. Plusieurs de mes lecteurs et amis me disaient que malgré toute la bonne volonté des analyses, elles auraient du mal à trouver écho auprès du leadership africain. Je répondais que le temps sera notre meilleur ami. Quelques années plus tard nous y voici. Rien ne sera plus comme avant. Et je suis particulièrement heureux que par les actions courageuses de certains pays, l’Afrique montre qu’elle sera effectivement partie intégrante du monde multipolaire. Quant aux médias, justement le renforcement des médias alternatifs, qu’ils soient russes, chinois, iraniens, syriens, latino-américains, africains et autres, est appelé à se poursuivre. C’est pour cela d’ailleurs que l’on observe en ce moment même une hystérie évidente pas seulement au niveau des élites politiques de l’Occident, mais également au niveau des élites médiatiques, par ailleurs complètement interconnectées et souffrant ensemble des coups reçus de la part des partisans de la multipolarité.
Finalement, lorsque je disais il y a quelques années qu’en engageant des poursuites à l’encontre du président ivoirien Laurent Gbagbo et de son ministre de la Jeunesse Charles Blé Goudé et d’autres leaders africains, la CPI y va de sa survie, cela se confirme pleinement aujourd’hui. D’ailleurs en parlant des perspectives de la suite des poursuites contre ces deux leaders ivoiriens, il est à penser que la CPI sera forcée de faire machine arrière. Pourquoi? Car des condamnations, qui n’auraient d’ailleurs aucune base légale car dès le départ arbitraires, ne feraient qu’accélérer massivement le processus déjà enclenché. Et sachant que pour le moment ce sont justement les pays africains faisant partie du système de la Françafrique qui sont les plus dociles à suivre les instructions occidentales (et donc éventuellement à rester plus longtemps membres de cette organisation que les autres pays du continent), la CPI devra désormais réfléchir trois fois avant de prononcer une quelconque condamnation à l’encontre de Gbagbo et de Blé Goudé. L’espoir est donc entièrement permis quant à leur libération.
Pour le reste, encore bravo au Burundi et l’Afrique du Sud pour leurs courageuses décisions. Et courage à tous les autres qui suivront dans un avenir proche et moins proche. L’Afrique fait partie intégrante du monde multipolaire et aura son mot à dire. Heureux aussi qu’on ait pu d’une certaine façon y contribuer. Propagande russe diront les mauvaises langues. Simple vérité diront nos amis.
Mikhail Gamandiy-Egorov