Source : ppbdi.com, le 09/11/16
Il s’est exprimé sur différents points
Au cours d’une conférence de presse qu’il a animée, le vendredi 4 novembre 2016, le président de la Commission nationale indépendante des droits de l’Homme au Burundi (CNIDH), Jean-Baptiste Baribonekeza a donné des éclaircissements sur certains faits qui ont été à la une des journaux dans différents médias tant nationaux qu’internationaux. C’est notamment le rapport des experts des droits de l’Homme à l’Onu, le retrait du Burundi des statuts de Rome, la disparition du journaliste Jean Bigirimana, etc.
Concernant la décision du Burundi de se retirer des statuts de Rome instituant la Cour pénale internationale (CPI), M. Baribonekeza a indiqué que l’important est de regarder en vue l’objectif premier qui a présidé à la création de la CPI. C’est celui d’assurer la lutte contre l’impunité contre les crimes de guerre, les crimes de génocide et les crimes contre l’humanité. Il s’agissait ainsi d’assurer que toutes les personnes qui ont été auteurs de ces crimes soient poursuivies en justice et que les victimes puissent recevoir les réparations nécessaires.
Pour le cas du Burundi, a-t-il indiqué, il s’agit d’apprécier et de voir par rapport au contexte actuel si les éléments factuels en présence sont suffisants pour justifier une intervention de la CPI. « L’intervention de la CPI n’est pas encore justifiée. Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a pas de violation des droits de l’Homme ou qu’il n’y a pas de crimes. Mais, il n’ y a pas de crimes qui entrent dans la compétence de la CPI ».
« C’est une décision qui rentre dans le cadre légal prévu par le statut de Rome »
Selon M. Baribonekeza, dans les cas où des crimes internationaux ont été commis ou sont suspectés d’avoir été commis, la primauté est donnée aux juridictions nationales qui doivent d’abord mener des enquêtes et s’assurer que la justice soit rendue. « C’est à défaut de l’action des juridictions nationales ou par manque de volonté ou par manque de capacité que la cour pénale internationale peut intervenir ». Il a ainsi souligné que même les auteurs du statut de Rome avaient la conscience que, le moment venu, un pays membre peut décider de se retirer si certaines conditions sont remplies. D’après lui, le retrait du Burundi de la CPI est une décision qui rentre dans le cadre légal prévu par le statut de Rome. « L’important est de garder à l’esprit que le message à donner n’est pas le message allant dans le sens de mettre les voiles sur les violations des droits de l’Homme mais plutôt de mettre la responsabilité sur les instances judiciaires burundaises pour que toutes les violations des droits de l’Homme qui ont été commises ou qui pourraient l’être puissent être poursuivies en justice ».
« On ne peut se prononcer sur la véracité de certaines informations »
Concernant le rapport des experts du conseil des droit de l’Homme à l’Onu, le président de la CNIDH a indiqué qu’il n’y a pas de grande divergence du point de vue des faits que la CNIDH avait constatés. C’est ainsi que, d’après lui, ce rapport contient des données ou des informations sur lesquelles la CNIDH ne peut pas dire avoir la conviction que ces choses se sont réellement passées dans ce pays à cause notamment de la nouveauté de certains faits que les experts expliquent et que ni la CNIDH, ni aucune autre organisation, n’ont pu constaté. Ainsi, le fait d’avoir fait seulement deux visites dans notre pays, M. Baribonekeza trouve qu’on ne peut pas se prononcer sur la véracité de certaines informations qui figurent dans ce rapport.
Selon lui, les conclusions qui sortent du rapport contiennent également des informations qui doivent être vérifiées davantage. Par exemple, celles concernant les lieux de détention secrets. Le fait que ces experts affirment ne pas avoir été dans ces lieux et le fait qu’ils n’ont pas demandé d’y être, le présidenr de la CNIDH indique qu’il y a des informations qui méritent d’être vérifiées davantage. A propos de l’analyse très critique que font ces experts de l’Onu sur le système institutionnel burundais et sur d’autres institutions, c’est une analyse qu’il faut prendre avec des pincettes parce qu’elle tend à disqualifier tout le système national burundais. « Deux visites seulement ne sont pas suffisantes pour se prononcer définitivement sur un système institutionnel d’un pays ».
Concernant la disparition du journaliste Jean Bigirimana, M. Baribonekeza a laissé entendre que la CNIDH n’a pas pu le retrouver malgré toutes les enquêtes faites. Selon lui, une enquête sur un cas de disparition n’est pas une enquête qui s’ouvre et qui se clôture du jour au lendemain. « La CNIDH n’a pas croisé les bras et l’enquête continue pour savoir ce qui se serait passé et surtout qui en seraient les responsables ».
ASTERE NDUWAMUNGU