A 54 ans, Paul Bucumi garde toujours le courage de s’auto-affirmer. Pourtant non seulement les moyens mais aussi son apparence font défaut au moment où il comptait sortir son album.
« J’ai commencé à être tambourinaire sous le roi Ntare V en 1966 avant que je n’aille à l’école primaire. Le jeu au tambour est l’une des considérations qui m’ont poussé à devenir chanteur », indique Paul Bucumi, chanteur-compositeur de la colline Bihororo, commune Giheta, Province de Gitega. Il témoigne qu’il a commencé sa carrière musicale lorsqu’il était en troisième année primaire en 1970. Bucumi affirme que les chansons émanent de sa propre imagination. Il cite les plus connues entre et autres Ubwishime ni bubi cane, Birababaza, etc. Devant sa maison, avec un visage déterminé, Bucumi rassure qu’il n’a jamais rêvé de perdre son identité. Et de renchérir : « Je suis même prêt à vendre une partie de ma propriété afin de sortir mon album de treize chansons ». Il signale par ailleurs qu’il compte se plaindre suite aux sept chansons qui lui ont été volées. Ce vieux talentueux signale qu’il incarne la tradition dans la vie sociale et dans des rythmes variés comme le Reggae, le Zouk, les slows, les funks, etc. Les réalisations de Bucumi sont également reconnues par Innocent Nizigiyimana, un motard dans la ville de Gitega. Il certifie que pour se souvenir de ce qu’a fait Bucumi, il écoute chaque fois la Radio Ijwi ry’Umukenyezi. Il avoue que les chansons que cette radio utilise à l’ouverture et à la fermeture appartiennent à Bucumi.
Etre créatif
Selon Bucumi, pas mal de personnes incarnent des talents qu’ils n’osent pas exploiter. Egalement écrivain, acteur, metteur en scène des pièces de théâtre, il précise qu’il est, en collaboration avec Daniel Ndabakenga, auteur du théâtre Ibara kwa Zidori. Dans le but de garder la tradition occuper la population inoccupée, Bucumi signale qu’il compte faire une association dénommée « Garukira Akaranga Burundi de Giheta(AGAKABU) », cela dans le souci de sensibiliser la population au retour à la paix et à la culture burundaise, lutter contre les violences sexuelles de toutes sortes ainsi que la propagation du VIH/Sida. Toutefois, Bucumi rappelle que les moyens ont été un obstacle pour réaliser ses projets. Il évoque également la perte de ses sept dents en 2011. Pour lui, bien qu’il n’aille pas renoncer à chanter, cette perte de dents est à la base du changement de langage, à la déformation du visage. Et d’ajouter : « Je ne peux plus chanter en riant ».
Bucumi conclut en sollicitant des appuis afin de sortir son album. Il demande enfin à toute personne surtout à la jeunesse de partager son savoir avec les autres car c’est à force de se mettre ensemble qu’on peut produire plus.
M.Maniragaba