Le Burundi a connu une « légère amélioration » au niveau de l’indice synthétique de fécondité depuis 1987 à ce jour, a révélé Nicolas Ndayishimiye, expert burundais sur les questions de population et de développement, ainsi que directeur général de l’Institut des Statistiques et des Etudes Economiques du Burundi (ISTEEBU).
L’expert Ndayishimiye s’exprimait au cours d’une interview accordée à Xinhua quatre mois après la sortie des résultats préliminaires de la 3ème enquête démographique et de santé (EDS) 2016-2017, réalisée au Burundi depuis octobre 2016 à mars 2017.
Les grands indicateurs de la problématique démographique au Burundi, a-t-il souligné d’emblée, sont les aspects liés à l’état des lieux sur la fécondité et à la contraception dans la mesure où ils permettent d’établir une comparaison avec la situation y relative prévalant dans les sous-régions d’Afrique de l’Est et d’Afrique subsaharienne.
« Par rapport à la fécondité, l’EDS 2016-2017 montre que l’indice synthétique de fécondité est de 5,5 enfants par femme ; ce qui constitue une légère amélioration au regard des résultats des deux EDS réalisés auparavant. Car, lors de la première EDS réalisée en 1987 par le Burundi, l’indice synthétique de fécondité était de 6,9 enfants par femme ; alors que la deuxième organisée en 2010, cet indice était de 6,4 enfants par femme, si bien qu’au niveau de l’Afrique subsaharienne, le Burundi se classait juste avant le Niger. Donc, le Burundi et le Niger étaient les deux premiers africains avec un indice de fécondité très élevé », a précisé l’expert burundais.
Pour lui, ces légères améliorations sur l’indice de fécondité au Burundi sont à mettre à l’actif des efforts nationaux menés pour faire baisser le taux ad hoc, en l’occurrence via des campagnes de sensibilisation de masse au niveau politique et aux progrès marqués dans la vulgarisation des pratiques contraceptives en vogue dans le monde contemporain.
L’expert Ndayishimiye a laissé entendre que l’analyse des questions démographiques et de santé au Burundi, montre une étroite corrélation entre le taux de fécondité et celui de la prévalence contraceptive.
L’expert Ndayishimiye a souligné également que sur le front de la problématique démographique, le Burundi souffre également des défis liés à la pression démographique ; étant donné que le taux moyen annuel de croissance démographique est de 2,4%.
Sur ce, il a indiqué que si rien n’est fait pour rectifier le tir en la matière, la population burundaise, estimée aujourd’hui à 11,2 millions d’habitants, va doubler dans 15 ans.
« Cela est un défi crucial parce que le Burundi, avec une superficie de 27.834 kilomètres carrés couplée à une densité de plus de 400 habitants par kilomètre carré, risque également de voir cette densité portée à 800 habitants au kilomètre carré dans les quinze prochaines années avec des implications sur la gestion de la problématique foncière », a-t-il averti.
L’urgence du moment est que le Burundi déploie des « énergies immenses » pour assurer une couverture contraceptive « satisfaisante » à tous les niveaux, a-t-il recommandé avant de révéler que 35% des besoins burundais en contraception, ne sont pas couverts à ce jour.
Le défi démographique burundais entretient aussi une connexion directe avec la question de l’emploi, a-t-il en outre signalé.
« En s’y penchant de près, on découvre avec amertume que les jeunes de moins de 25 ans représentent plus de 50% de la population burundaise. Cela signifie que si 60% des Burundais continuent à être pris en charge par 40% de leurs compatriotes », a-t-il explicité.
L’expert Ndayishimiye a affirmé que la problématique d’accès à l’emploi pour les jeunes burundais n’est pas résolue à court et à moyen terme en termes de créations de nouveaux emplois, le risque encouru par le Burundi est « une flambée du taux de chômage juvénile » dans les années à venir.
« L’amer constat relevé à ce jour, est que plus l’effectif des membres des ménages burundais est élevé ; plus ces ménages sont plus pauvres que ceux ayant des tailles réduites, soit deux ou trois personnes à prendre en charge », a-t-il ajouté.
Si le Burundi ne réussit pas à réduire le taux de fécondité, les progrès marqués dans d’autres secteurs de développement, n’auront pas d’impact majeur, a-t-il averti.
Xinhua