C’était dans la matinée d’un dimanche. Le 2 août 2015. En rentrant de la messe, la mauvaise nouvelle m’a frappé comme un coup de massue. Je me suis presque évanoui. Petit à petit, j’ai retrouvé mes esprits.
Puis la nouvelle se répandait comme un incendie de brousse. C’était donc vrai : je ne verrai plus mon général Muremure ! Je suis allé m’étendre sur un matelas. Un moment de méditation, de douleur indicible. Car, cher Adolphe, je te considérais comme un héros, un grand frère intrépide.
Combien de fois ai-je partagé de la bière sur la même table avec toi ? À Kamenge, Kabondo et même du vin de banane à Nyangwa chez la mère de mon frère Innocent Museremu ?
Je dirais plutôt : combien de fois t’avais-je sollicité pour faire capoter les plans de ceux qui m’en voulaient à mort à cause de mon franc-parler ? Et fraternellement, tu intervenais en ma faveur. Je sais que d’autres te jugeaient et te condamnaient pour des barbaries qui ont endeuillé bien des familles. Tu étais avant tout un guerrier, un homme si fort et si fragile. Ce paradoxe propre aux grands hommes.
Et je sais que cela peut blesser ou choquer tes détracteurs: je te rends hommage et te réitère ma gratitude pour ce que tu as été dans la lutte pour la libération des déshérités du Burundi. Et tu le sais: je t’ai dédié mon dernier livre « les démobilisés malgré eux ».
Cher Adolphe, avec ton trépas, j’ai perdu un grand frère, un grand combattant. À ce triste anniversaire, je partage juste ces prières : que Dieu ait pitié de ton âme ! Que la terre de nos ancêtres te soit légère ! Que le parlement puisse baptiser certaines infrastructures publiques en ton nom, en ta mémoire !
KABUTO Daniel