A 24 ans, Chris Irakoze vient de mettre en place une application informatique permettant de parcourir l’actualité burundaise en une seconde. Une invention qui survient après un long travail de recherche, de curiosité mais aussi…de hacking.
Par Armel-Gilbert Bukeyeneza, Bujumbura
Le web, c’est son affaire ! La preuve ? « Bi-News », une application que Chris Irakoze vient de concevoir il y a environ un mois. Tout sourire, le jeune informaticien burundais explique : « Elle récupère les titres et les liens de tous les grands sites d’information au Burundi ». Et comment se la procurer ? « Simple ! Il faut juste la télécharger. »
Une idée de génie
« Chaque jour, me réveiller, écouter la radio, parcourir presque tous les sites, ceci me donnait vraiment le tournis », déclare Chris. Un défi qui accoucha d’une idée : avoir quelque chose qui simplifie la vie et qui permet de tout avoir ou presque. « J’ai passé trois semaines, concentré, à creuser mes méninges tous les soirs, à mixer les programmes, partage le passionné du web.
« Je maîtrise aussi le hacking »
Le jeune inventeur confesse quelques pratiques illégales : « J’ai déjà infiltré cinq sites burundais et plus de dix au niveau de l’Afrique. Pire, certains ne s’en sont même pas rendu compte. » Mais, rectifie-t-il, l’intention n’est pas de nuire : « Juste par expérience, m’aiguiser en matière de sécurité sur le web. » Comment a-t-il fait ? Il n’a rien à cacher et nous cite les deux programmes qu’il a utilisés : ‘ACUNETIX’ pour tester la vulnérabilité du site et ‘SQLMap’ pour exploiter les failles détectées.
Personne n’est à l’abri alors ?
« Non ! », dément Chris. Selon lui, il est bel et bien possible de bétonner sa protection : « Il faut d’abord savoir les voies par lesquelles les hackers attaquent. Soit c’est par le formulaire, le plus souvent à cause d’un mot de passe trop faible pour entrer sur le site. Soit en récupérant certaines données, à l’aide des paramètres que contient le lien d’une page quelconque de votre site. »
Comment faire pour éviter de se faire piéger ? « Il faut avoir un mot de passe relativement long et qui ne contient pas le même genre de caractères. Mélanger les signes, les chiffres et les lettres. Et vérifier à chaque fois les données qu’envoient les utilisateurs de votre site car elles peuvent contenir des codes permettant une infiltration. » Par exemple : « L’on sait que personne n’a un nom qui comporte des chiffres ou des ‘points virgules’. Mais quelqu’un peut les envoyer à votre serveur pour enfin récupérer les données de votre site. Bref, met-il en garde, Il faut toujours vérifier les données que vos utilisateurs vous envoient. »
Le web, une histoire d’enfance
Tout a débuté en 2000, il était alors à l’école primaire. « Je commençais à tripatouiller un IBM qui était à la maison pour en savoir plus sur l’internet qui faisait ses premiers pas au Burundi, » se rappelle Chris. Cette curiosité le mena sur un terrain inattendu : « J’avais besoin de découvrir certains logiciels inaccessibles ici, car il fallait commander par internet en payant par carte de crédit. Toutes ces techniques étaient du chinois à cette époque. J’ai dû apprendre à contourner toutes ces formalités. » En un mot, reconnaît-il, « j’ai appris à voler ces logiciels ! »
Un avenir tout tracé
Partant de cette expérience, Chris sait désormais que tout est possible. Il se forme et s’informe. Pendant son parcours scolaire secondaire, les livres traitant de l’internet sont ses compagnons de chevet. Quand il doit choisir son orientation à l’université, il n’hésite à aucun moment : ce sera l’informatique.
Aujourd’hui, après quatre années passées à l’université Espoir d’Afrique, Chris aura bientôt son diplôme de licence. Pour lui, l’avenir se peaufine déjà : « Je suis en train de réfléchir à créer une boîte qui enseigne et donne des conseils en matière de sécurité sur le web. » En effet, Chris est bien placé pour savoir quels sont les besoins en la matière et sait qu’il a les moyens d’enseigner ses connaissances à ses congénères. Pour le moment, il n’a pas encore tiré de profit financier de sa découverte : « C’est gratos », nous a-t-il confié.