Bazombanza : « Le chef de l’Etat nous enjoint d’être solidaires pour éviter d’autres tueries »
Après l’attaque perpétrée au chef-lieu de la commune Rusaka en province de Mwaro par une bande armée qui a fait 7 morts et 3 blessés, le vice-président de la République s’est rendu ce samedi 17 avril. Il était porteur d’un message de réconfort et d’appel à la cohésion du chef de l’Etat.

Samedi 17 avril. Il est 12h20. Nous sommes au chef-lieu de la commune Rusaka, province de Mwaro, au centre du Burundi. Une foule immense se trouve sur le terrain de volleyball. La douleur et  la peur se lisent sur certains visages. Sur d’autres,  la stupéfaction,  la désolation. Et pour cause, l’horreur s’est produite ici, dans cette commune.

Dans la nuit de vendredi 16 avril, des inconnus armés de fusils se sont introduits dans un bar  au chef-lieu de ladite commune. Ils ont tiré à bout portant sur des personnes qui étanchaient paisiblement leur soif.
Sept personnes sont mortes sur le champ et trois autres blessées. Les habitants et les autorités administratives sont sous le choc après cette attaque. Les crépitements d’armes pendant tout un quart d’heure ont traumatisé la population .

Cette attaque est consécutive à celle qui a été perpétrée, il y a deux semaines, au domicile du chef de zone Makamba, en même temps secrétaire du parti Cndd-Fdd dans la commune de Rusaka. Cette attaque a fait deux victimes dont son enfant et un  domestique.

Les personnes interrogées sont stupéfaites. Elles disent que les comités mixtes de sécurité ont baissé la garde. « Comment des inconnus tirent sur les gens et se volatilisent dans la nature sans être identifiés alors que tout autour du lieu du crime il y avait des gens », s’interrogent-ils.

Des messages de réconfort

Différentes autorités administratives se sont relayées sur l’estrade pour réconforter la population et les familles des victimes. S’adressant à ses administrés et ses hôtes de marque, l’administrateur de la commune Rusaka, a invité tout le monde à la retenue. Elle a interpellé la population à renseigner “toute chose qu’ elle soupçonne capable de perturber la sécurité.”

Pour sa part, Gaspard Gasanzwe, gouverneur de la province de Mwaro, en même temps natif de cette commune, a appelé les habitants de cette commune à être solidaires. « J’invite tous les habitants de cette commune, dans toutes leurs diversités ethniques, politiques, religieuses, à cohabiter pacifiquement. L’heure est venue pour s’atteler aux travaux de développement ».

Il a invité aussi la population à vaincre la peur en dénonçant tout malfaiteur. Et de demander à toute personne qui détient illégalement une arme de la remettre secrètement. Il a mis en garde “tout malfaiteur qui planifie de perturber la paix et la sécurité de mettre fin à ces velléités.”
Même message de réconfort du côté de Datus Nyandwi, assistant du ministre en charge de la Sécurité publique. Il a dit que son ministère est préoccupé. « Nous sommes venus vous réconforter ». Il a encouragé la population à ’’redoubler d’efforts dans la sauvegarde de la paix et la sécurité qui sont les piliers du développement’’.

« Soyez solidaires »

Bazombanza : « Que ceux qui ont commis ce forfait soient identifiés, arrêtés et traduits devant la justice »

S’adressant à la population, Prosper Bazombanza, vice-président de la République,lui-même natif de cette région, a fait savoir que c’est un envoyé du président de la République, Evariste Ndayishimiye. « Il a appris avec amertume ces tueries. Je suis  porteur de son message de réconfort, de compassion ».

Pour Prosper Banzombanza, c’est honteux et douloureux qu’une commune comme Rusaka, à voir son emplacement, soit le théâtre des meurtres. Il soupçonne que les malfaiteurs seraient en provenance des communes limitrophes. « Les enquêtes vont clarifier les choses », a-t-il fait savoir.

L’autorité gouvernementale n’en revient pas. « C’est le moment de retrousser les manches pour s’atteler aux travaux de développement, mais voilà des détracteurs parmi nous trempent dans les tueries ».
Il a invité la population à prendre ce que s’est passé comme une deuxième leçon. Et de la mettre en garde : « Que cela ne se produise plus, que ce soit ici à Mwaro, ou à travers tout le pays. C’est incompréhensibles que des gens soient tués alors que tout autour pullulent des gens dans les boutiques ».

Des mesures pour renforcer la sécurité

Le premier vice-président leur a promis de mettre une position militaire au chef-lieu de la commune. Mais il leur a dit qu’on ne pourra pas avoir une position militaire pour chaque ménage.
Et d’inviter les habitants de la commune Rusaka à renforcer les comités mixtes de sécurité. Pour lui, la quadrilogie (administration, population, forces de l’ordre, justice), doit se mettre ensemble pour des actions préventives.

Et surtout dénoncer tout suspect. « L’ennemi n’a pas de couleur », a-t-il martelé, avant d’ajouter : « Soyez solidaires, tolérants. Ne vous regardez-vous pas en chiens de faïence pour l’un ou l’autre motif. Aucun motif ne peut justifier un meurtre. S’il y a des malentendus entre l’un ou l’autre, que cela cesse ».

Il a  demandé avec insistance aux forces de l’ordre de travailler étroitement avec l’administration. « Dans un délai ne dépassant pas 14 jours, le président de la République a ordonné que ces malfaiteurs soient identifiés, arrêtés et traduits devant la justice ».

Rassurant, il a invité tout un chacun à donner des renseignements sur ces malfaiteurs. « Ce crime ne peut pas rester impunis. Restons solidaires ».

Selon des sources policières, 8 personnes ont été déjà arrêtées pour des raisons d’enquête. Juste après les coups de feu, la police est intervenue mais c’était trop tard, ces hommes armés s’étaient volatilisés juste après leur attaque meurtrière.

Par Felix Haburiyakira (Iwacu)