Pour le président du parti Sahwanya Frodebu, son parti n’a eu de cesse de solliciter une qualification « des événements sanglants de 1972 » depuis 1992.
« Il s’agit d’un génocide des Hutu du Burundi commis par le pouvoir politico-militaire dirigé par le colonel Michel Micombero à l’époque des faits », tranche-t-il.
Pour lui, le régime incarné par le premier président de la République est également responsable d’autres crimes commis notamment contre des Tutsi, soit par confusion (jugés hutu du fait de leur faciès) ou étiquetés de monarchistes.
Tout en appréciant le travail accompli par la Commission Vérité et Réconciliation, Pierre-Claver Nahimana recommande à cette commission d’accélérer ses travaux et d’en transmettre les résultats aux institutions prévues par la loi « pour qu’au cours de l’année 2022 le peuple burundais arrive à assumer collectivement les ’’événements’’ auxquels il a été soumis par le pouvoir en place à cette époque ».
Et de demander également à la Commission présidée par Pierre-Claver Ndayicariye « de redoubler d’efforts » dans le traitement des autres périodes sanglantes ayant endeuillé le peuple burundais.
Concernant le risque d’ingérence dans les travaux de la CVR, Pierre-Claver Nahimana se justifie. « Un parti politique a parfaitement le droit de donner son avis sur les événements du passé ».
Et de concéder toutefois que si la CVR présente un rapport dont les conclusions divergent du diagnostic du Sahwanya-Frodebu, celui-ci « s’ajusterait ».
Interrogé sur la qualification de génocide qui revient en principe à l’ONU, le leader du Frodebu évoque le rôle des Etats. « C’est aux Etats à qui il revient de qualifier les événements en premier. L’ONU viendra plus tard s’appuyer sur les recherches et les conclusions émises par les Etats pour qualifier les faits à son tour ».
Rappelons que l’ancien président Sylvestre Ntibantunganya, sous la houlette du Sénat burundais, a animé en mai dernier, une série de conférences sur la tragédie de 1972. A l’issue de ces conférences, il avait été demandé au Gouvernement de qualifier les événements sanglants de 1972 de « génocide des Hutu ».
Par Alphonse Yikeze