La fête du Tambour du Burundi s’invite en diaspora à Charleroi, Belgique
Charleroi ( Belgique ), 29/10/2022 – Chez les Barundi, peuple de l’Ubuntu, – Ingoma -, le Tambour, est la représentation de -Ma-, mère du tout, incarnée par le couple Mukakaryenda-Karyenda qui, par sa force et son énergie, donne naissance à notre univers ou à Imana ( l’image cachée de – Ma – ).
Ainsi -Ingoma-, le Tambour , est une entité sacrée au Burundi -Ingoma y’Uburundi-, Ingoma étant aussi l’-espace- des Barundi…
Ce samedi, le couple Mme Nyabenda Imelda et M. Niyongabo Philippe de l’association Belle Africa ( asbl) organisait à la salle communautaire de Dampremy, la première édition de « La fête du tambour sacré du Burundi ». Etant un véritable succès, ayant eu l’honneur d’accueillir des personnalités tel le Secrétaire de la Section belge du Parti CNDD-FDD, les représentants de l’ambassade du Burundi , le Président de la Diaspora Burundaise de Belgique et du Luxembourg (DBBL), le conteur congolais Tshibanda Pie et Mme Mangunza Wivine, conseillère communale de la ville de Charleroi, et bien entendu de nombreux citoyens Barundi de la diaspora vénus répondre présents, et surtout entendre tonner le fameux Tambour Sacré du Burundi …
Voici le discours de M. Niyongabo Philippe [1] , journaliste, tambourinaire et amoureux de la culture burundaise, qui avait précédé la prestation des maîtres tambourinaires burundais du Club socioculturel Iragi :
Mesdames, Messieurs, Honorables invités. Ce jour inoubliable en Belgique et en particulier à Charleroi à l’occasion de la fête du tambour sacré, permettez-moi de prendre un petit moment dans le but de nous rafraîchir la mémoire sur l’origine et le sens profond de ce tambour sacré.
Ses origines :
Entre les années 1320 au Burundi avec le roi Mwezi Kayobera jusqu’en 1420 à l’intronisation du roi Ntare Rushatsi pendant des guerres entre les roitelets de l’époque, le roi Ntare Rushatsi est devenu le fondateur du tambour sacré en unissant tout le territoire du Burundi avec une légende qui se transmettait de génération en génération pendant son séjour à Nkoma pendant la longue bataille entre les troupes de Ruhinda et de Ntare Rushatsi où il fêta sa victoire par ses tambours.
Ici je ne veux pas m’attarder sur cette légende historique, mais tous simplement je veux souligner le sens profond des noms qu’il a donné sur chaque partie composante ce tambour sacré. Il s’agit du choix historique et humanitaire de l’arbre choisi :
En kirundi l’arbre choisi l’UMUVUGANGOMA et en français ce trop d’arbre de la forêt s’appelle le Cordia Africa.
La peau qui couvrira le tambour sacré fabriqué sera une peau de vache capable de résister le plus possible.
Le pied, le ventre, les chevilles sont l’originalité du Roi Ntare Rushatsi le fondateur de ce tambour sacré.
Le sens profond du tambour sacré est constitué d’un berceau, cette peau symbole de l’endroit où l’enfant est couché sur le dos de sa mère à la naissance partout dans le pays da ns les coutumes ancestrales. Chaque burundais, chaque peuple en Afrique, en Europe, en Amérique et en Asie comprend facilement comment jadis les mamans portaient les enfants sur leurs dos en Kirundi (impetso y’umwana) et le roi fondateur avait prévu ce terme magique très particulier en famille
Les morceaux de bois qui soutiennent la peau sont représentés comme des mamelons, ce sein maternel qui fait grandir les bébés naissants.
Ensuite viendra le ventre, comme les mamans nous ont porté dans leurs entrailles durant 9 mois ce ventre où sort les merveilles à la naissance, ce tambour sacré ayant dans son ventre et sortira des mélodies de joie très particulières.
La partie que le roi appela le cordon ombilical, qui fait allusion à la liaison de chaque enfant à sa mère avant la naissance sans oublier les pieds qui font que nous puissions marcher.
Les deux baguettes, symbole de l’autorité du roi, symbole de l’autorité conjointe dans les familles ou l’existence est donné à l’enfant par l’époux et l’épouse et qui leur union donnera le respect dans l’autorité familiale. Le roi aussi donnera son autorité sur tout le territoire national et personne ne contredit l’autorité du roi. (uko zivugijwe niko zitambwa) quand le roi nouveau donnera le signal lors de son intronisation à travers l’annonce par le tambour sur tout le territoire, personne ne va refuser son autorité.
Aujourd’hui honorables invités, nous sommes ici dans cette salle communautaire à Dampremy dans le but de fêter ce tambour sacré qui est rassembleur pendant les fêtes, les cérémonies comme au palais royal et chaque tambour ayant un nom spécifique je cite par exemple :
1. Karyenda : un tambour qui représente son trône au palais royal i Buryenda entouré d’autres tambours subalternes.
2. Rukinzo, tambour compagnon du roi lors de ses déplacements indiquant sa levée et son coucher, sans oublier d’autres événements qu’il annoncera pour créer une nouveauté.
3. Hangarizo, tambour sacré parfois qui annoncera le début des semences du sorgho surtout le territoire dans le but de réglementer le début des semences par le roi lui-même.
Pourquoi je m’attarde sur ce principe de comprendre le sens dans le secret du tambour sacré ? C’est dans le but de vous faire comprendre que dans la tradition, il faut comprendre le message à travers les gestes et les rythmes des tambourinaires ainsi le chant premier :
1. Le chant qui saluait jadis le roi, aujourd’hui les tambourinaires chantent le chant qui salue tous les invités aux festivités.
2. Le chant et le rythme qui réveillaient le roi et l’invitait à se reposer maintenant la joie de garder un rythme spécial pour attirer votre attention.
3. Umuterero, combinaison de tous les chants quand les tambours résonnent beaucoup plus
4. Umurisho w’i Buryenda, comme jadis au palais royal chaque tambourinaire exhibe ses talents
5. Umuragane,un rythme de mélange des chants comme transmettre le message pendant les événements
6. Umuhabura un rythme avec des danses folkloriques des danseuses
7. Nzomusang’ikiganda : avant de clôturer et de promettre suivre partout les consignes, est un rythme pour le soutien d’autres compatriotes ou d’autres invités pendant les festivités.
Ainsi le tambour doit occuper une place légendaire dans la culture burundaise, ce tambour sacré est un instrument symbolisant la pérennité des nations au sein de l’UNESCO depuis 2014. L’UNESCO a déclaré officiellement depuis 2014 que ce patrimoine culturel encourage l’unité et la cohésion sociale et qu’il faudrait sauvegarder la richesse culturelle que procure le tambour sacré, le respect de la règle où les tambourinaires du Burundi manient aussi l’humour, la satire et l’élégance. Encore une fois merci de votre présence parmi nous dans cette salle communautaire à Dampremy.
[1] La journée dédiée à la fête du tambour sacré ( Charleroi, Dampremy ), Niyongabo Philippe, 30/10/2022 | https://www.burundi-forum.org/wp-content/uploads/2022/10/NiyongaboPhilippe30102022.pdf Source : https://www.facebook.com/niyongabo.philippe
Sources : Nahimana P. , http://burundi-agnews.org, Dimanche 30 octobre 2022 | Photo : Niyongabo Philippe