Le facilitateur dans le processus de Nairobi dirigé par la Communauté est-africaine (EAC), Uhuru Kenyatta, a entamé ce 14 novembre une visite de trois jours en République démocratique du Congo pour tenir des réunions consultatives sur la situation sécuritaire dans l’est de la RDC, lit-on dans le communiqué du secrétariat général de l’EAC de ce 17 novembre.
En plus du président Félix Tshisekedi, il a écouté les points de vue et recommandations du premier ministre congolais Jean-Michel Sama Lukonde, les représentants de l’Assemblée nationale et du Sénat, le ministre de la Défense, les leaders traditionnels et de la société civile dans les provinces du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et de l’Ituri ainsi que les représentants du corps diplomatique.
Il a également effectué une visite officielle, ce 15 novembre, à Goma dans le cadre de la session de sensibilisation avec les parties prenantes et a tenu des consultations avec les dirigeants de la mission onusienne de maintien de la paix (MONUSCO).
Selon The East African, l’ancien président kényan Uhuru Kenyatta est arrivé dans la principale ville de l’est de la RDC, alors que de nouveaux affrontements entre les forces congolaises et les rebelles du M23 continuaient juste au nord.
Des troupes congolaises (FARDC) combattaient le M23 à Kibumba, à 20 kilomètres au nord de Goma, ont indiqué des responsables sécuritaires et des résidents locaux, écrit ce quotidien régional.
Uhuru Kenyatta a appelé tous les groupes armés locaux de déposer les armes sans condition, de participer au dialogue et de rejoindre le processus de Nairobi visant la restauration de la paix dans l’est de la RDC.
Il a réaffirmé l’engagement de veiller à ce que les groupes armés étrangers qui ne veulent pas arrêter les hostilités volontairement et retourner dans leur pays d’origine soient expulsés du territoire de RDC par force.
Comme l’indique le communiqué du secrétariat général de l’EAC, Uhuru Kenyatta a souligné la nécessité de renforcer les synergies, la coordination et la complémentarité parmi les diverses initiatives afin de réussir le rétablissement de la sécurité dans l’est de la RDC et la promotion de la coexistence pacifique entre les Etats membres de la communauté.
La prochaine session de dialogue de paix sur la situation sécuritaire dans l’est de la RDC débutera le 21 novembre 2022 à Nairobi.
Des réunions consultatives
En marge de la conférence internationale sur le changement climatique (COP27), les chefs d’Etat de l’EAC ont tenu, à Shamar El Sheikh en Egypte ce 7 novembre, une réunion consultative de haut niveau sur la situation sécuritaire à l’est de la RDC, écrit le quotidien ougandais New Vision.
Dirigée par le président burundais Evariste Ndayishimiye, en même temps président en exercice de l’EAC, les chefs d’Etat rwandais, tanzanien et kényan étaient présents dans cette réunion. La RDC était représentée par le premier ministre Sama Lukonde.
Le 5 novembre, Uhuru Kenyatta avait aussi rencontré, à Bujumbura, le président burundais Evariste Ndayishimiye. Selon le journal The New Times, les deux hautes personnalités ont exhorté toutes les parties à se joindre à la recherche de la paix durable dans l’est de la RDC à travers le dialogue inter-congolais. Ils ont appelé tous les groupes armés étrangers à retourner dans leurs pays d’origine sans condition.
Sud-Kivu : Des préoccupations de la société civile
La société civile est parmi les groupes qu’a rencontré le facilitateur régional Uhuru Kenyatta à Kinshasa, la capitale congolaise.
Selon Actualité.Cd, 56 groupes armés sur plus d’une centaine active ont été consultés et ont accepté de mettre en œuvre les recommandations du gouvernement congolais leur demandant de cesser les hostilités, de déposer les armes et d’intégrer le programme de mobilisation et réinsertion.
« Il y a un cycle infernal. Chaque fois que l’armée congolaise avance sur le front, il y a toujours cette tendance à lui imposer un dialogue ou un cessez-le-feu. Après le dialogue, les belligérants exigent d’intégrer l’armée. Ensuite, ils continuent à commettre des bévues, ils quittent l’armée, forment encore une fois une rébellion », a confié Néné Bintu Iragi, vice-présidente du bureau de la société civile et point focal du processus de Nairobi au Sud-Kivu.
Pour elle, la tendance d’envisager un dialogue pour la RDC devrait être aussi imposée en amont à l’égard de ceux qui financent ou entretiennent les groupes armés en RDC.
Au cours de ces consultations, la société civile a également mis en question le travail de la force armée régionale : « On se rend compte qu’au lieu de traquer les groupes rebelles étrangers, ils vont dans les forêts où se trouvent certaines populations congolaises, les minerais, le cuivre. (…) Ce n’est pas une bonne méthode ».
La société civile a appelé le gouvernement à améliorer les conditions de travail de l’armée nationale (FARDC) et d’impliquer les femmes et les jeunes dans les processus de résolution des conflits.
Goma : L’armée kényane s’engage à protéger l’aéroport stratégique de Goma
Les forces de défense du Kenya (KDF) ont promis, ce 16 novembre, de protéger l’aéroport stratégique de Goma, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), contre d’éventuelles attaques alors que les rebelles avançaient dans une bataille contre les forces congolaises, écrit The East African.
Lors d’un point de presse conjoint, les forces kényanes et congolaises ont déclaré que les troupes appartenant à la force régionale de l’EAC sont prêtes à défendre les installations stratégiques et les zones civiles, même si elles restent convaincues que la priorité est de rechercher la paix par le biais d’un processus politique et diplomatique.
« Personne ne prendra Goma. Nous sommes ici pour protéger l’aéroport de Goma », a déclaré Jeff Nyagah, l’officier militaire kényan, précisant qu’il n’y a pas d’intention immédiate de combat.
« Parfois, la guerre n’apporte pas la paix. Vous devez poursuivre la diplomatie. Ce n’est qu’après l’échec de la diplomatie et du désarmement que la force militaire sera utilisée », a-t-il déclaré.
Les soldats kényans sont arrivés alors que les rebelles du M23 avançaient vers Goma ce 16 novembre, provoquant des déplacements massifs de civils.
Selon The East African, les habitants rejettent les suggestions de dialogue avec le M23. Ils disent qu’ils veulent le vaincre militairement, ce qui est aussi la position des autorités politiques du pays.
« Notre position est claire et elle est connue : pas de négociation avec les terroristes. Il n’y aura pas de négociations avec les terroristes tant qu’ils ne se seront pas retirés des localités occupées. Nous nous en tenons à cela », a déclaré le porte-parole du gouvernement Patrick Muyaya.
Le commandant de la force régionale Nyagah a appelé les groupes armés opérant à l’est de la RDC à cesser les hostilités contre la population locale : « Nous avons été mandatés pour soutenir la RDC en collaboration avec les agences humanitaires afin de poursuivre l’assistance humanitaire aux populations touchées par les hostilités des groupes armés, y compris les personnes déplacées à l’intérieur du pays ».
RDC-Rwanda : Plus de 100 réfugiés congolais accueillis à Rubavu
Les autorités locales du district de Rubavu ont accueilli, ce 13 novembre, 89 citoyens venus de la RDC fuyant les combats entre les forces gouvernementales (FARDC) et le groupe rebelle M23, selon les informations fournis par le journal The New Times.
Ces réfugiés congolais sont entrés au Rwanda par le poste frontalier de Kabuhanga. Ils seraient venus des régions de Ruhunda et Buhumba dans l’est de la RDC. Selon les autorités locales de Rubavu, 33 familles dont 56 enfants ont été accueillies.
Jusqu’à ce mardi 15 novembre, au moins 113 réfugiés congolais étaient arrivés au Rwanda. Les autorités du district de Rubavu ont commencé à transférer ces réfugiés vers le centre de transit de Kijote situé dans le district de Nyabihu.
Dans un entretien avec The New Times, le maire du district de Rubavu, Ildephonse Kambogo, a confirmé que 113 réfugiés congolais étaient déjà arrivés au Rwanda jusqu’au 15 novembre : « Ils sont restés dans des familles d’accueil, mais nous allons les transférer maintenant au centre de transit de Kijote pour une gestion efficace ».
L’un des réfugiés est arrivé avec une blessure par balle et a été transféré d’urgence à l’hôpital militaire à Kigali, pour y être soigné.
Ouganda : L’opposition demande justice pour les victimes des manifestations de novembre 2020
Ce 17 novembre, des politiciens de l’opposition se sont réunis à Nairobi, au Kenya, pour demander justice à des dizaines de personnes tuées lors des émeutes du 18 novembre 2020 qui ont suivi l’arrestation du leader de l’opposition, Robert Kyagulanyi connu sous le nom de Bobi Wine, confie Daily Monitor.
Bobi Wine et Kizza Besigye ont appelé la communauté internationale à se joindre aux Ougandais en cas de perte de vies humaines lors d’une activité politique, indiquant que leur silence pourrait affecter la situation des droits humains en Ouganda.
Les chefs de l’opposition ougandaise ont également condamné les enlèvements de leurs militants qui apparaissent plus tard sur diverses plateformes médiatiques avec des marques de torture : « Les Occidentaux ne connaissent qu’Idi Amin comme tortionnaire, ils ne savent pas que Museveni a commis de pires atrocités ».
Selon Daily Monitor, des jeunes ont aussi organisé, ce 17 novembre à Kampala, une manifestation pour marquer deux ans depuis la fusillade de dizaines de manifestants dans différentes régions du pays : « Nous sommes ici pour hausser la voix et condamner les actes des dictateurs ».
Lors d’un discours télévisé quelques jours après les manifestations de novembre 2020, le président Museveni avait déclaré que 54 personnes avaient été tuées, dont 32 manifestants et 20 autres touchées par des balles perdues.
Par Egide Harerimana (Iwacu)