« C’est triste comme nouvelle dans le mood de ce nouvel an 2023 », lâche Jérémie Hakeshimana, alias Yelé. Selon ce musicien et ingénieur du son, établi aujourd’hui en Belgique, le monde des artistes burundais vient de perdre un homme qui a tant donné pour la promotion de la culture burundaise.
Il a connu Jean-Luc Kesch depuis 1998 à l’école Belge de Bujumbura où il était membre du Conseil des parents. Jérémie se cherchait et il l’a recommandé à son ami, un scénariste, Jean-Luc Pening, coauteur du film, ’’Na Wewe’’, nominé aux Oscars, pour lui faire des cours de musique.
Convaincu de ses talents, Jean-Luc Kesch propose Jérémie comme professeur de musique à l’Ecole belge et c’est ainsi que les deux hommes tissent des liens d’amitié, discutent de tout, parlent de projet et surtout de promotion de la musique burundaise.
« C’est ainsi que l’association Menya Media est née, l’idée était de se doter d’un studio numérique pour enregistrer les chansons des différents clubs traditionnels, comme Higa et Lac aux oiseaux ainsi que les jeunes artistes comme Sybille, Sat-B, Lolilo et Fizzo, Fariouz à l’époque ».
Avant Menya Media, raconte cet ingénieur du son, les enregistrements étaient analogiques, sur bande magnétique dans un studio, quatre pistes, du ministère de Jeunesse, du Sport et de la Culture, avec comme technicien, Tula wa Lupini, trompettiste de l’orchestre ’’Amabano’’. « Avec Menya Media, c’était une révolution. Jean-Luc était mon coach, il motivait et encourageait les jeunes artistes, il les encadrait, guidait leur premier pas. A un certain moment, relate-t-il, 80% des nouvelles chansons burundaises étaient produites par le studio numérique de Menya Media.
Jérémie ne tarit pas d’éloge pour Jean-Luc : « Très peu de gens savent que c’est cet homme qui est derrière la Radio Fréquences Menya, dédiée à la promotion de la chanson burundaise et des artistes burundais ».
L’idée de lancer cette radio était simple, raconte Jérémie : « Pour Jean-Luc, il fallait une radio apolitique, chargée de promouvoir la musique burundaise et les artistes burundais ainsi que des actions positives ».
D’après ce musicien et ingénieur du son, le constat amer était que très peu de radios passaient les chansons burundaises sauf la RTNB. Si elles passaient une chanson, elle était suivie ou noyée dans des dizaines d’autres chansons congolaises rwandaises, tanzaniennes, américaines ou françaises.
« Pour Jean-Luc, il fallait pour cela initier une radio dédiée à la promotion de la musique burundaise. Un projet a été vite confectionné et il s’est chargé de chercher des fonds et la radio a été lancée », raconte Jérémie.
« Jean-Luc a toujours été là pour les artistes burundais, pour leur épanouissement, pour tout ce qu’il a fait dans ce pays, il mérite une médaille ou la nationalité burundaise, même à titre posthume en reconnaissance de ses initiatives ». Un appel lancé aux autorités burundaises par le musicien et arrangeur Jérémie Hakeshimana, alias Yelé.