La date souvenir nous rappelant chaque année, les violences inter-ethniques de 1972 qui, comme celles de 1993, ont emporté d’innombrables vies humaines et mis plusieurs centaines de milliers de Burundais sur le chemin de l’exil. Des Burundais ont été sauvagement massacrés par d’autres Burundais parce qu’ils sont nés tels. Face à l’incurie du pouvoir politique de l’époque, la répression fut tout aussi violente, ajoutant le drame au drame.
La date souvenir nous rappelant chaque année, les violences inter-ethniques de 1972 qui, comme celles de 1993, ont emporté d’innombrables vies humaines et mis plusieurs centaines de milliers de Burundais sur le chemin de l’exil. Des Burundais ont été sauvagement massacrés par d’autres Burundais parce qu’ils sont nés tels. Face à l’incurie du pouvoir politique de l’époque, la répression fut tout aussi violente, ajoutant le drame au drame.
L’année 1972 figure parmi celles qui ont fait honte à notre Histoire. Inoculé dans le tissus social burundais par l’administration coloniale belge, le venin de la haine ethnique s’est rapidement multiplié comme par voie de reproduction parmi toutes les couches de la population burundaise, amenant les Hutu et les Tutsi à s’entretuer pour la seule raison qu’ils sont nés tels alors qu’ils vivaient harmonieusement en clans avant la période coloniale, la question ethnique au Burundi n’ayant été qu’une pure et honteuse création du colonisateur belge. Ce n’est ni l’ancien gouverneur résident Jean Paul Harroy ni l’ancien président du parti du peuple Albert Mauss qui nous contrediraient du fond de leurs tombes. Il est à rappeler qu’Albert Mauss se pendit après la victoire du Prince Louis Rwagasore et que Jean-Paul Harroy n’a pas voulu assister aux cérémonies de l’indépendance de notre pays, le 1er juillet 1962. Parmi les ennemis les plus farouches du héros de l’indépendance qui appelait le peuple burundais à l’unité figuraient, notamment Jean-Paul Harroy et Albert Mauss, deux noms de triste mémoire. Ce sont ces derniers et bien d’autres qui, à longueur de journées, enseignaient la haine ethnique pour asseoir la devise de l’ancienne administration coloniale belge, consistant à diviser pour régner.
Les Burundais se sont ainsi massacrés, élargissant les cimetières et détruisant leur pays de leurs propres mains. Que de temps perdu à nous entre-tuer, à vider le Burundi de ses meilleurs enfants ! Nous aurions pu utiliser ce temps à mieux faire, en construisant le Burundi, legs de nos ancêtres, un précieux cadeau de Dieu à garder jalousement.Quarante six ans après les violences inter-ethniques de 1972, où en sommes-nous ? Sachant l’origine des maux qui nous ont douloureusement frappés, nous pouvons affirmer aujourd’hui sans risque de nous tromper que nous sommes en rupture radicale avec le passé. Dans son message à la nation à l’occasion du Nouvel an 2018, le président de la République, Pierre Nkurunziza, a clairement indiqué que : « le combat qui nous reste à mener aujourd’hui demeure le combat pour le développement ainsi que le combat pour extirper les atavismes de la haine ethnique semée par le colonisateur… ».
Partant des propos du chef de l’Etat, il nous est tout à fait légitime de comprendre qu’aujourd’hui doit être différent d’hier pour des lendemains meilleurs. Attelons-nous, dans la paix et l’unité, au travail productif pour un meilleur développement durable. Attelons-nous également à nous réconcilier durablement pour édifier solidement, main dans la main, un pays qu’un passé malheureux a détruit. Nous y parviendrons, tous ensemble, aux dépens des revanchards d’une époque coloniale qui ne peut plus se renouveler. Le passé appartenant au passé, nous devons nous convaincre que nous avons une mission commune, celle de construire un pays que nous laisserons en héritage à nos enfants et petits-enfants.
Louis KAMWENUBUSA