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De longues files d’attente, saisie et confiscation des marchandises, non possession du registre de commerce simplifié… Quelques défis pour les petits commerçants. Mais ils espèrent une bouffée d’oxygène avec le lancement officiel du projet de facilitation du commerce et d’intégration dans la région des grands lacs (PFCGL) par le ministère du Commerce, jeudi 16 novembre, à Gatumba.

Selon les témoignages exprimés par les petits commerçants exerçant le commerce transfrontalier entre le Burundi et la RDC, ce commerce fait face à de nombreux défis.

Clarisse Baricako est commerçante de crèmes glaces depuis 2004. Elle épingle de longues files d’attente au niveau des frontières. « Nous passons beaucoup de temps devant les agents de l’OBR. Or « time is money », (le temps c’est de l’argent). Ceux qui ont des marchandises périssables enregistrent parfois de grandes pertes ».

Ida Niyonkuru est commerçante d’habits et d’ingrédients depuis 2005. Elle fait savoir que peu de marchandises sont autorisées dans ce commerce.

De son côté, Fidéline Ntiyankundiye, commerçante de bananes mûres et de poules depuis 2011, fustige l’existence de beaucoup de barrières de contrôle et les files devant les guichets des banques.

Elle dénonce aussi des cas de confiscation de marchandises. « Quand on saisit nos marchandises, elles ne nous sont pas remises ».

Mêmes lamentations du côté de Ramadhan Bakerebuke, commerçant de l’eau. Il dénonce les tracasseries policières, dont ces commerçants font objet.

Olive Mutoni est commerçante des amarantes et de l’eau depuis 2013. Elle s’insurge contre les fouilles effectuées à l’endroit des femmes, qui, déplore-t-elle, ne font que leur faire perdre du temps inutilement. Elle recommande la digitalisation des services aux postes frontalières.

Par ailleurs, elle épingle le manque d’information sur les règles régissant les postes frontalières. Et d’expliquer : « Tu peux acheter des marchandises et arriver à la frontière, on te dit que ces marchandises ne sont pas autorisées à franchir la frontière. C’est aberrant. Nous enregistrons de grandes pertes. »

Des recommandations

Ces commerçants demandent au responsable du nouveau projet un soutien financier pour augmenter leur capital. « Cela nous permettra de devenir de grands commerçants », espère Clarisse Baricako. Cette dernière réclame aussi des formations sur la législation régissant le commerce transfrontalier.

Pour Ida Niyonkuru, il faut permettre l’échange réciproque de marchandises entre les deux pays. Et de demander la confection de la carte dénommée « Ujirani mwema » (bon voisinage) et la multiplication des pages pour la carte de la CEPGL.

Fidéline Ntiyankundiye, quant à elle, demande le registre de commerce simplifié afin que les transactions commerciales se fassent dans la tranquillité et ainsi éviter les tracasseries au niveau des frontières.

La ministre tranquillise

« L’objectif de ce projet se veut être parmi les piliers du développement durable en se focalisant sur la facilitation du commerce transfrontalier afin d’augmenter la capacité du commerce et réduire les coûts rencontrés par les petits commerçants en particulier les femmes », a indiqué Marie Chantal Nijimbere, ministre du Commerce, lors du lancement dudit projet.

Elle a reconnu les défis auxquels font face les petits commerçants transfrontaliers notamment la loi facilitant le commerce transfrontalier. Et de les tranquilliser : « Je voudrais vous dire que les accords entre le Burundi et la RDC, précisant comment le registre de commerce simplifié sera mis en place, ont été signés ».

Quant aux longues files d’attente sur les frontières, la ministre Nijimbere a fait savoir que le projet va rénover le poste frontalier de Gatumba en le dotant des équipements modernes.

Pour Marie Chantal Nijimbere, il ne suffit pas seulement de construire et de rénover les postes frontaliers, mais il faut aussi la multiplication et la diversification des marchandises.

Et de préciser qu’à travers ledit projet, il y aura formation des commerçants sur le commerce transfrontalier et la multiplication des plantes faisant l’objet de commerce transfrontalier.

Par Felix Haburiyakira (Iwacu)