– Chemin de fer régionale : le Burundi et la Tanzanie en pourparlers
– La RDC met en garde contre l’aide de l’UE au Rwanda dans la lutte anti-djihadistes au Mozambique
– Le Royaume-Uni transfère de force des demandeurs d’asile au Rwanda
– Ouganda : Le fils de Museveni nommé commandant en chef de l’armée
– Kenya : Interdiction de TikTok envisagé pour protéger les données
– Les pirates somaliens de nouveau actifs dans l’océan Indien
– Les Soudanais oubliés au profit des Gazaouis
Le journal The East African rapporte que la Tanzanie et le Burundi ont tenu des discussions sur les avancées du projet SGR (Standard Gauge Railway, chemin de fer à écartement standard). La semaine dernière, Mwigulu Nchemba, ministre tanzanien des Finances, a rencontré des représentants de la Banque africaine de développement (BAD) ainsi que des membres du gouvernement burundais.
Ces discussions de haut niveau marquent les premières discussions significatives depuis que la Tanzanie a conclu un accord de financement de 91,76 millions de dollars avec la BAD le 23 février dernier, visant à accélérer le processus de réalisation du projet. Ce dernier a été retardé de plus de deux ans en raison d’un manque de financement.
Les discussions ont eu lieu à Dodoma ce 15 mars, la capitale tanzanienne, entre Mwigulu Nchemba, ministre des Finances, et Dieudonné Dukundane, ministre burundais de l’Infrastructure, de l’Équipement et du Logement social.
Selon un communiqué du ministère tanzanien des Finances, des experts des deux pays se préparent à entamer la construction du projet SGR qui reliera les deux nations. Les deux ministres ont souligné que l’achèvement du projet SGR favoriserait la croissance économique entre les pays voisins.
En février, la Banque africaine de développement et le gouvernement tanzanien ont signé un accord de prêt d’un montant de 158,1 millions de dollars américains pour la construction du projet SGR, lequel reliera la Tanzanie, le Burundi et la République démocratique du Congo.
Le coût total du projet en Tanzanie et au Burundi est actuellement estimé à près de 3,93 milliards de dollars, soit plus de quatre fois le montant initial estimé à 900 millions de dollars lorsque les deux pays ont signé leur protocole d’accord commun pour le projet en janvier 2022.
RDC : L’UE et le Rwanda face à la colère de la RDC
La République démocratique du Congo (RDC) s’oppose à une nouvelle initiative de l’Union européenne (UE) pour soutenir le Rwanda dans ses opérations contre les militants jihadistes au Mozambique. Les autorités congolaises accusent le Rwanda d’être impliqué dans la crise du M23 et critiquent la politique de l’UE, qu’elles jugent trop accommodante envers Kigali. Rapporte la RFI.
L’Union européenne envisage de débloquer de nouveaux fonds pour appuyer l’armée rwandaise dans sa lutte contre les membres d’Ansar Al-Sunna dans la région de Cabo Delgado, au nord du Mozambique. Cette décision fait partie du cadre de la facilité européenne pour la paix et doit être discutée entre les représentants des 27 États membres dans les semaines à venir.
Pour la RDC, ce projet constitue une « ligne rouge ». La RDC a déjà exprimé son mécontentement le mois dernier lors de la signature d’un accord de coopération entre l’UE et le Rwanda concernant les minerais critiques, accusant son voisin de piller ses ressources naturelles.
Selon les autorités congolaises, le fait d’accorder de nouveaux financements à l’armée rwandaise reviendrait à soutenir une force impliquée dans le conflit dans la province du Nord-Kivu et à montrer la complicité de Bruxelles avec Kigali.
Cependant, Bruxelles assure que cette aide n’a pas pour but de renforcer les capacités militaires générales du Rwanda, mais plutôt de stabiliser le Nord du Mozambique. Cette région revêt une importance particulière en raison des projets de Total Energies dans le secteur du gaz naturel liquéfié, suspendus en 2021 en raison des attaques jihadistes.
Initialement, l’UE avait débloqué une enveloppe de vingt millions d’euros pour le transport des troupes rwandaises et l’achat de matériel logistique en 2022. Aujourd’hui, certains pays européens comme la France et le Portugal soutiennent l’idée d’une deuxième tranche, tandis que d’autres, comme la Belgique et l’Espagne, sont plus réservés, selon des sources diplomatiques.
Rwanda : adoption d’une loi controversée sur les demandeurs d’asile par le Royaume-Uni
Le Parlement britannique a adopté un projet de loi proposant de transférer les demandeurs d’asile arrivant au Royaume-Uni depuis n’importe où vers le Rwanda. Une demande d’asile sera ensuite évaluée au Rwanda. Si la demande d’asile est évaluée positivement, ils seront autorisés à vivre au Royaume-Uni. Dans le cas contraire, il existe deux voies : demander l’asile au Rwanda ou demander l’asile dans un « pays tiers sûr ».
Cette mesure vise à réduire le flux de migrants entrant au Royaume-Uni. Initialement jugé illégal par la Cour suprême britannique en raison des préoccupations concernant les droits de l’homme au Rwanda, le projet de loi a été révisé et approuvé, avec l’assurance du gouvernement conservateur que le Rwanda est maintenant considéré comme un pays sûr pour accueillir les demandeurs d’asile.
Malgré cette approbation, des questions persistent quant à la légalité et à l’efficacité de la mesure. Le gouvernement britannique mise sur son caractère dissuasif pour décourager les futurs arrivants, mais certains experts doutent de son impact réel.
De plus, le coût financier substantiel du plan, avec des dépenses estimées à 200 000 euros par demandeur d’asile relocalisé, suscite des préoccupations quant à sa viabilité économique et à son efficacité potentielle. Selon l’OWP (l’Organisation pour la paix mondiale)
Alors que le projet de loi est en attente d’examen par la Chambre des Lords, les débats se poursuivent sur ses implications éthiques et pratiques. Son adoption marque un tournant dans la politique d’immigration du Royaume-Uni et soulève des interrogations plus larges sur les droits de l’homme et les obligations internationales du pays.
L’issue de cette controverse reste incertaine, alors que le gouvernement cherche à mettre en œuvre une politique d’immigration plus stricte dans un contexte de débats persistants sur la migration et les droits de l’homme à l’échelle mondiale.
Ouganda : le fils de Museveni à la tête de l’armée
Africa News rapporte que le président ougandais Yoweri Museveni a déclenché une vague de controverses en nommant son fils, le général Muhoozi Kainerugaba, au poste de commandant en chef de l’armée. Cette décision a suscité des inquiétudes quant à une possible succession dynastique, une idée fortement répandue dans un pays où il est depuis longtemps suspecté que Museveni cherche à placer son fils à la présidence.
Malgré les récents engagements politiques de Kainerugaba, tels que des rassemblements à travers le pays, celui-ci prétend qu’ils sont apolitiques, visant à promouvoir le patriotisme.
L’annonce de la promotion de Kainerugaba a été faite jeudi soir, accompagnée d’un remaniement ministériel qui a vu deux de ses proches conseillers accéder à des postes importants.
Ces changements ont alimenté les spéculations selon lesquelles Museveni soutient activement les ambitions politiques de son fils.
Cette situation met en lumière le contrôle exercé par Museveni sur le parti au pouvoir, le mouvement de résistance nationale, et suscite des interrogations sur sa propre retraite et la succession présidentielle.
Certains partisans de Kainerugaba avancent qu’il pourrait représenter une voie vers un transfert pacifique du pouvoir, une perspective rare dans l’histoire politique tumultueuse de l’Ouganda. Cependant, de nombreux opposants au régime voient son avancement comme un pas de plus vers l’établissement d’une dynastie au pouvoir.
Bien que Museveni et Kainerugaba aient nié l’existence d’un « projet Muhoozi », la transition semble être en cours, avec Museveni entamant potentiellement son dernier mandat sans successeur clair au sein du gouvernement.
Kenya : le gouvernement envisage d’interdire TikTok pour protéger les données.
Selon the East African le gouvernement kényan envisage de restreindre l’utilisation de TikTok, la populaire plateforme de médias sociaux chinoise, par les responsables gouvernementaux afin de garantir la protection des données et la sécurité des citoyens.
Selon le ministère de l’Intérieur, cette décision est motivée par les menaces perçues posées par les plateformes de médias sociaux, dont TikTok, sur la sécurité nationale. Le secrétaire du cabinet de l’Intérieur, Kithure Kindiki, a souligné que le Conseil de sécurité nationale (NSC) examine la question et envisage d’interdire l’utilisation de TikTok par les agents publics pour protéger les données sensibles.
Lors d’une réunion de la Commission des pétitions publiques de l’Assemblée nationale, Marwa Gitayama, députée de Kuria Est, a soulevé des préoccupations concernant l’utilisation de TikTok par des individus détenant des informations gouvernementales critiques.
Elle a interrogé sur l’existence d’une politique gouvernementale régissant l’utilisation de TikTok et d’autres plateformes de médias sociaux par les représentants du gouvernement, notant que certains pays comme la Chine et certains États américains ont déjà pris des mesures restrictives similaires.
Le professeur Kindiki a indiqué que le NSC prendrait une décision éclairée sur la question après délibération, tenant compte des implications sur la sécurité nationale et des avantages économiques que TikTok apporte.
Il a souligné que bien que TikTok présente des opportunités économiques, il existe également des dangers sérieux, notamment la diffusion de contenus inappropriés et la menace pour les valeurs culturelles et religieuses du pays.
Les discussions ont également mis en lumière les préoccupations concernant la conformité de TikTok avec la loi sur la protection des données de 2019.
Le gouvernement, par le biais du commissaire à la protection des données, a contacté TikTok pour évaluer sa conformité et a exigé des mesures supplémentaires pour garantir la protection de la vie privée des individus. Le professeur Kindiki a souligné que si TikTok ne coopère pas, des mesures coercitives pourraient être prises conformément à la loi.
Cette démarche du gouvernement kényan intervient dans un contexte international où plusieurs pays prennent des mesures pour réglementer l’utilisation des plateformes de médias sociaux, mettant en avant la nécessité de protéger les données et la sécurité des citoyens dans un environnement numérique en constante évolution.
Somalie : les attaques de pirates se multiplient dans l’océan Indien
Africa news écrit que la piraterie dans l’Océan Indien semble reprendre de l’ampleur malgré les efforts des forces maritimes internationales pour la contenir.
Un récent incident met en lumière cette résurgence, impliquant un groupe de pirates somaliens ayant attaqué le vraquier Abdullah, appartenant au Bangladesh, et capturé son capitaine et son second officier. Cette action souligne les risques croissants pour le transport maritime, exacerbant une crise déjà complexe marquée par les attaques de milices telles que les Houthis au Yémen.
Depuis novembre, plus de 20 tentatives de détournement ont été signalées, entraînant une hausse des coûts de sécurité et des primes d’assurance pour les compagnies maritimes.
Cette résurgence de la piraterie est attribuée en partie à une réduction des opérations des forces navales internationales au large des côtes somaliennes, offrant ainsi aux pirates une opportunité de relancer leurs activités après une période d’inactivité d’une décennie.
Bien que la menace actuelle ne soit pas aussi grave qu’entre 2008 et 2014, les autorités régionales et les acteurs de l’industrie craignent que la situation ne s’aggrave. Le président somalien Hassan Sheikh Mohamud a averti que, si cette tendance n’était pas contenue rapidement, elle pourrait redevenir aussi problématique qu’auparavant.
Malgré ces défis, des mesures ont été prises pour contrer cette résurgence de la piraterie. La marine indienne a intercepté le navire Ruen, soupçonné d’avoir été utilisé comme base pour l’attaque contre l’Abdullah, et a libéré les otages sans incident.
Ces actions témoignent des efforts continus pour maintenir la sécurité dans la région tout en faisant face à un défi persistant de piraterie maritime.
Soudan : l’urgence humanitaire dans l’ombre du conflit palestinien
La guerre dévastatrice qui sévit au Soudan depuis près d’un an, débutée le 15 avril 2023, se trouve dans une impasse humanitaire alarmante, alors que l’attention internationale est largement focalisée sur le conflit en Palestine.
Selon les rapports récents du Bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (Ocha), la crise au Soudan atteint des proportions catastrophiques, tandis que la communauté internationale semble faire preuve d’une indifférence et d’une inaction préoccupantes.
Martin Griffiths, chef d’Ocha, a qualifié la situation au Soudan de l’une des pires catastrophes humanitaires en Afrique, soulignant l’ampleur des besoins humanitaires et le nombre croissant de personnes déplacées et confrontées à la famine. Carl Skau, directeur exécutif adjoint du Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations Unies, avertit que le pays risque de devenir un foyer majeur de famine, notamment si la guerre en cours perturbe la saison des semis, prévue pour mai.
Les combats se sont intensifiés en mars dans différentes régions du Soudan, en particulier à Omdurman et Khartoum, lorsque l’armée sous le commandement du général Abdel Fattah al-Burhan a confronté les Forces de soutien rapide (RSF) dirigées par Mohamed Hamdan Daglo.
Malgré les appels du Conseil de sécurité de l’ONU en faveur d’un cessez-le-feu pendant le Ramadan pour faciliter l’accès à l’aide humanitaire, les RSF renforcent désormais leurs positions près des frontières avec le Tchad et la Libye, suscitant des inquiétudes quant à leur éventuelle implication dans le recrutement de combattants étrangers.
Dans un contexte où la guerre au Soudan attire moins l’attention internationale, des préoccupations émergent quant à l’implication de pays voisins dans le conflit. Des rapports suggèrent que les RSF pourraient bénéficier de soutien logistique et de carburant en provenance du Soudan du Sud, suscitant des tensions supplémentaires dans la région.
En dépit des dénégations du gouvernement sud-soudanais, des preuves indiquent une implication potentielle de certains éléments de l’armée sud-soudanaise dans le commerce de carburant en faveur des RSF, ajoutant ainsi une complexité supplémentaire à un conflit déjà dévastateur.
Par Jules Bercy Igiraneza (Iwacu)