Mwaro: la multiplication des semences sélectionnées se développe
Le secteur de la multiplication des semences dans la province de Mwaro est développé, c’est le constat du Chef de l’Etat dans sa descente pour encourager les multiplicateurs de semences. Les rédactions de la RTNB ont visité deux parmi eux sur la colline Gihinga : Marc Bacanamwo et Emery Munezero, qui développent les semences de pommes de terre, de blé, de maïs et d’orge.

Emery Munezero, ancien réparateur de téléphones portables, devenu aujourd’hui grand semencier, développe les semences de pommes de terre sur 15 ha et de blé sur 8 ha. Sa réussite est le résultat du projet « Private Seed Sector Developments » (PSSD), sur financement de l’IFDC, qui a contribué à l’encadrement de ce jeune de 29 ans, qui atteint plus de 100millions BIF de chiffre d’affaire.

Cet entrepreneur semencier a donné de l’emploi temporaire à plus de 100 personnes, il donne également des semences sélectionnées à crédit à ses employés. Le veilleur de ces champs de pommes de terre par exemple, apprécie le travail de cet entrepreneur, qui lui permet de subvenir aux besoins de sa famille.

Marc Bacanamwo, entrepreneur semencier et secrétaire général du collectif des producteurs des semences au Burundi (COPROSEBU), développe pour sa part, les semences de pommes de terre, de maïs, de blé panifiable et d’orge, une culture innovatrice multipliée sur 8ha, avec une production potentielle de 16 tonnes. Il est prévu que cette production soit distribuée aux entreprises semencières et aux petits producteurs, sur commande de la BRARUDI qui utilise l’orge dans le brassage de la bière Royal et Viva Malte.

Marc Bacanamwo multiplie également les semences de pommes de terre sur 8ha et de blé panifiable sur 7 ha. Le blé panifiable qui sert de matière première pour la fabrication du pain, aiderait le pays à ne pas dépendre de l’importation de ce blé, et réduirait la consommation des devises, ce qui permettrait au pays de ne pas subir la turbulence des marchés, à cause des conflits comme celui entre l’Ukraine et la Russie.

Marc Bacanamwo multiplie aussi deux types de maïs, variété mugamba et isega, adaptées aux hautes altitudes mais aussi des variétés composites qui peuvent disparaître face à l’introduction massive des maïs hybrides, si l’on n’y prend pas garde.

Le secteur semencier connaît des défis notamment le manque de données statistiques sur la demande et l’offre en semences, pour que les multiplicateurs de semences produisent étant garantis du marché d’écoulement.

Un autre défi est lié à la disponibilité des terrains : les centres semenciers à travers le pays sont exploités de façon anarchique, ces derniers devraient être octroyés aux entreprises semencières professionnelles, pour les exploiter de façon rationnelle. Les entrepreneurs semenciers ne peuvent pas investir des fonds importants pour ériger des infrastructures durables comme les hangars, les clés de séchage et le matériel d’irrigation, sans contrats d’exploitation à long terme.

Le 3ème défi est le non accès aux crédits agricoles. Toutefois, les multiplicateurs de semences se réjouissent que certaines institutions de micro finance commencent à entrer en contact avec les entrepreneurs semenciers, pour discuter des possibilités de financement. Par exemple, la CECM a déjà financé le secteur agricole à hauteur de 1.5 milliards BIF.

Les entrepreneurs semenciers demandent au gouvernement d’organiser les états généraux de l’agriculture, pour échanger avec toutes les parties prenantes, sur les défis, les perspectives et la coordination des interventions des partenaires au développement, dans le domaine agricole.

Compte tenu du coût de production des semences sélectionnées, les petits producteurs n’ont pas l’accès facile à ces semences. A cet effet, les entrepreneurs semenciers demandent au gouvernement de subventionner ces semences, à l’instar des engrais chimiques, en vue d’augmenter la production agricole.

 
Par NKURUNZIZA Dieudonné