Vivre et croire
Vivre et croire,
c’est aussi accepter que la vie contient la mort
et que la mort contient la vie.
C’est savoir, au plus profond de soi,
qu’en fait, rien ne meurt jamais. Il n’y a pas de mort,
il n’y a que des métamorphoses. Tu ne nous a pas quittés
Mais tu t’en es allé au pays de la Vie,
Là où les fleurs
Plus jamais ne se fanent,
Là où le temps
Ne sait plus rien de nous. Ignorant les rides et les soirs,
Là où c’est toujours matin,
Là où c’est toujours serein. Tu as quitté nos ombres,
Nos souffrances et nos peines.
Tu as pris de l’avance
Au pays de la Vie. Je fleurirai mon cœur
En souvenir de toi,
Là où tu vis en moi,
Là où je vis pour toi. Et je vivrai deux fois…
Par Père André Marie
Qui a assassiné le Professeur Stanislas RUZENZA ?
« Un crime n’est véritablement un chef-d’œuvre que si l’auteur reste impuni. D’autre part, l’impunité n’est complète que si la justice condamne un faux coupable. » [Jean Richepin]
Introduction
Juin 1995 Campus Mutanga, Juin 1976, Soweto : deux barbaries perpétrées avec la complicité des forces de l’ordre utilisant les moyens d’Etat.
Depuis la chute de l’Apartheid en Afrique du Sud, la « June 16th » est commémorée chaque année en souvenir du massacre des jeunes de Soweto. Ces jeunes lycéens se rassemblaient en protestation contre l’obligation qu’ils avaient de suivre leur enseignement en Afrikaans. Cette langue était celle de la communauté blanche du pays et identifiée à l’Apartheid. C’était le 16 juin 1976 à Soweto.
Dix-neuf ans plus tard c’est au Burundi que ça se passe. Dans un climat d’Apartheid hutus-tutsis, se produit un massacre tout aussi crapuleux que celui de Soweto, avec plus d’envergure. C’est au courant de la nuit du 11 au 12 juin 1995 que des centaines d’étudiants hutus seront véritablement lynchés par leurs camarades tutsis et ce avec la supervision des forces de l’ordre.
En ce 21 juin 2018, vingt-trois ans plus tard, je voudrais rendre hommage au Professeur Stanislas RUZENZA. Par sa bravoure et son courage, il est resté aux côtés de ses étudiants dans ces moments difficiles, jusqu’à son dernier souffle.
Qui était Stanislas RUZENZA ?
Stanislas RUZENZA était originaire de la province de Muyinga, Nord-est du Burundi. C’était un dynamique père de famille qui faisait la fierté de ses proches. Docteur en Psychopédagogie, il était diplômé de l’UCL (Université Catholique de Louvain, Belgique). Il avait défendu une thèse portant sur l’orientation scolaire au Burundi, le corps académique de l’UCL ne tarissait pas d’éloges envers ce remarquable travail.
Après sa formation en Belgique, il revient servir son pays en 1992. Il dispense des cours à la faculté de Psychologie et Sciences de l’éducation à l’Université de Bujumbura. Très vite, une opportunité s’offre à lui : il devient Directeur de la Recherche Scientifique au sein la même institution.
Diverses responsabilités lui seront confiées, notamment la représentation de son pays à travers de hautes institutions internationales (Commissions Scientifiques et Techniques de L’ONU, New York – GENEVE 1994). L’éducation, les questions socio-économiques étaient tant de domaines qui lui portaient à cœur. Aujourd’hui je peux affirmer que son projet pour sa terre natale était réellement « l’excellence d’une nation à travers l’enseignement. »
Son assassinat …un complot !!
Quelques jours avant les massacres des étudiants, Stanislas RUZENZA avait déjà échappé à plusieurs tentatives d’assassinat. Dans la nuit du 19 au 20 juin, deux jours avant son assassinat une grenade sera lancée dans sa résidence à Mutanga Nord. Toutes ces menaces furent vaines face à sa détermination et sa volonté d’organiser un enterrement avec dignité pour les étudiants victimes d’une barbarie fratricide.
Durant cette période, aucun responsable de l’Université, pas même un représentant du Ministère de l’Education n’a daigné prendre l’initiative d’organiser l’enterrement de ces étudiants laissés pour la plupart à l’abandon à l’Hôpital Roi Khaled de Kamenge. C’est ainsi que le Pr. Stanislas RUZENZA prit ses responsabilités d’homme : il décida d’offrir aux étudiants assassinés une inhumation digne et humaine. La veille de son assassinat, sa soirée fut rythmée par les contacts téléphones ici et là, essayant de retrouver les étudiants rescapés pour que ces derniers puissent accompagner leurs camarades décédés.
Le matin du 21 juin 1995, il se rendit au travail. Hélas la force du mal l’avait devancé. Il fut sauvagement assassiné par balles dans la matinée, sans jamais avoir réalisé l’objectif du jour : rendre un dernier hommage aux étudiants massacrés. Le Pr. Stanislas RUZENZA Stanislas sera alors inhumé en même temps que certains d’entre eux.
Au vu des faits et des menaces envers Stanislas RUZENZA, on peut aisément émettre l’hypothèse d’un complot…Nos espoirs sont dirigés vers La Commission Vérité et Réconciliation qui devrait nous aider à dissiper les zones d’ombres qui persistent sur cet assassinat ainsi que sur les massacres du campus.
Attentes concrètes formulées par sa Famille
La famille de Feu RUZENZA Stanislas reste toujours en attente d’une véritable justice : l’arrestation de véritables commanditaires.
L’institution académique pour laquelle il travaillait devrait par ailleurs reconnaitre à leur juste valeur le courage et la bravoure dont le Professeur a fait preuve durant ces moments difficiles, et qui de surcroît lui ont coûté la vie.
Repose-toi en paix Cher Père !!
Alain Blaise RUKUNDO