’Assemblée nationale a renversé ce lundi soir François Bayrou, qui a échoué à obtenir la confiance des députés. Les regards sont désormais tournés vers Emmanuel Macron, obligé de trouver un nouveau Premier ministre s’il veut éviter une nouvelle dissolution.
Fin de partie pour François Bayrou: le gouvernement français renversé
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Deux options se présentent maintenant à Emmanuel Macron : soit trouver un nouveau Premier ministre, qui se chargera de former un nouveau gouvernement ; soit dissoudre à nouveau l’Assemblée nationale, un an à peine après les élections législatives anticipées.
Le président de la République française a déjà prévenu qu’il nommera un nouveau Premier ministre « dans les tout prochains jours« .
Emmanuel Macron a pour l’instant écarté la possibilité d’une nouvelle dissolution de l’Assemblée nationale, réclamée à cor et à cri par l’extrême droite. De nouvelles élections ne sont donc pas au programme pour l’instant.
Tous les regards sont désormais tournés vers le chef de l’Etat, contraint de trouver son troisième Premier ministre depuis sa décision de dissoudre l’Assemblée nationale en juin 2024. Les élections qui ont suivi ont dégagé trois blocs (alliance de gauche, centre-droit, extrême droite) sans majorité à l’Assemblée nationale et plongé le pays dans une instabilité chronique.
Après l’éphémère gouvernement de Michel Barnier (99 jours), le destin de celui de François Bayrou, qui lui avait succédé en décembre, était connu. Depuis plusieurs semaines, les partis d’opposition, de l’extrême droite à l’extrême gauche, avaient annoncé rapidement qu’ils voteraient non.
Se sachant condamné, François Bayrou a lancé lundi devant l’Assemblée nationale un ultime cri d’alarme sur la situation économique de la France, deuxième économie de l’UE.
Evoquant une « épreuve de vérité », il a répété que le « pronostic vital » du pays était « engagé » en raison de son « surendettement », qui atteint 114% du PIB.
« Notre pays travaille, croit s’enrichir, et tous les ans s’appauvrit un peu plus. C’est une silencieuse, souterraine, invisible et insupportable hémorragie« , a-t-il dit dans un discours ponctué d’invectives lancées par les partis d’opposition.
« Vous avez le pouvoir de renverser le gouvernement, mais vous n’avez pas le pouvoir d’effacer le réel« , leur a-t-il lancé, comparant « la soumission à la dette » à « la soumission par la force militaire ».
Tractations
Les tractations pour remplacer François Bayrou sont déjà bien entamées, pressées par l’impératif du budget 2026. Plusieurs dates plaident aussi pour une vacance courte : les mobilisations « Bloquons tout » le 10 septembre, syndicale le 18, ou la décision vendredi de l’agence Fitch qui pourrait dégrader la note de la dette française.
Plusieurs noms circulent : les ministres Sébastien Lecornu (Armées), Gérald Darmanin (Justice), Catherine Vautrin (Travail et Santé), Éric Lombard (Économie), le président LR des Hauts-de-France Xavier Bertrand, l’ancien chef de la diplomatie et ex-socialiste Jean-Yves Le Drian…
La tenue de nouvelles législatives n’est « pas une option, mais une obligation« , a affirmé lundi sa cheffe de file Marine Le Pen, dont le parti (Rassemblement national) et ses alliés sont donnés en tête du premier tour avec 33% des suffrages, devant la gauche et le camp présidentiel, en cas d’élections anticipées.
Une option qu’Emmanuel Macron a pour l’instant écarté.
Le Parti socialiste a, lui, répété ces derniers jours que la gauche, arrivée en tête aux dernières législatives, devait prendre la tête du gouvernement.
« Nous sommes prêts, qu’il vienne nous chercher », a lancé lundi le président du groupe socialiste à l’Assemblée, Boris Vallaud, à l’adresse d’Emmanuel Macron. Les socialistes ont toutefois prévenu qu’ils n’envisageaient qu’un gouvernement de gauche, sans les macronistes.
Le chef de l’Etat devrait plutôt tenter d’élargir son bloc central et chercher une personnalité de droite ou du centre qui serait acceptée par le Parti socialiste.
Mais la tâche s’annonce ardue face à des partis qui campent sur leurs positions. Plusieurs noms circulent, dont ceux des ministres des Armées Sébastien Lecornu, de la Justice Gérald Darmanin ou de l’Economie Éric Lombard.
Mouvements sociaux
« Le problème actuel en France, c’est que chacun (des partis) a des lignes rouges (qui) rendent totalement impossible la formation d’une coalition. Il n’y a pas de coalition majoritaire qui puisse tenir durablement« , estime pour l’AFP Mathieu Gallard, de l’Institut de sondage Ipsos.
Dans un contexte de défiance généralisée envers Emmanuel Macron, dont la cote de popularité est au plus bas depuis son arrivée au pouvoir en 2017 (environ 77% de mécontents selon un récent sondage), plusieurs échéances plaident pour une vacance courte.
Un mouvement « citoyen » né durant l’été sur les réseaux sociaux sous le slogan « Bloquons tout », soutenu par certains syndicats et la gauche radicale, a appelé à paralyser le pays mercredi. Mais la portée réelle de la mobilisation – qui rappelle à certains égards celui des « gilets jaunes » qui a secoué la France en 2018-2019 – reste incertaine.
L’ensemble des organisations syndicales ont par ailleurs appelé à la grève et aux manifestations le 18 septembre.
Vendredi, l’agence Fitch doit annoncer la note de la dette française, avec une possible dégradation à la clé dans le contexte d’incertitude actuel.
Par la rédaction avec AFP






