L’ascension et la chute brutale d’Égide Niyogusaba, le « pion » de l’ombre d’Olivier Suguru

Bujumbura – Tel un château de cartes soufflé par un vent violent, la carrière d’Égide Niyogusaba au sein de la Délégation de l’Union européenne au Burundi vient de s’effondrer. Hier présenté comme un technocrate prometteur, adoubé par le tout-puissant commissionnaire et député Olivier Suguru, il a été démis de ses fonctions dans un fracas qui fait aujourd’hui trembler les couloirs feutrés de la diplomatie.

De simple cadre à « prince de l’énergie »

Arrivé en 2009 à l’Union européenne comme un employé anonyme, Niyogusaba a gravi les échelons au fil des années. Sa récente promotion en tant que spécialiste en énergie au sein de la section « Développement rural et infrastructures » n’était pourtant pas le fruit d’une reconnaissance professionnelle, mais d’un solide parrainage politique. Son ascension éclair, murmurent plusieurs sources, aurait été téléguidée par nul autre que le « parrain indéboulonnable » Olivier Suguru, dont l’influence dans les réseaux économiques et diplomatiques est connue comme le loup blanc.

Le coup de tonnerre venu de Bruxelles

Mais la foudre est tombée. Projeté à la retraite en 2026, Niyogusaba vient d’être sèchement débarqué par l’Union européenne. Les griefs sont lourds et sans appel : incompétence notoire, divulgation du secret professionnel et insubordination caractérisée. Un triple coup de massue qui résonne comme une sentence définitive. « L’Union européenne a fini par comprendre qu’on peut corrompre quelques personnes quelques jours, mais jamais tout le monde pour toujours », confie une source interne à la délégation.

Le masque tombe

Protégé des intrigues par l’aura de Suguru, Niyogusaba croyait être intouchable. Les corridors diplomatiques bruissent de ses airs de suffisance, lui qui se pensait couvert par le parapluie d’un homme capable de faire et de défaire des carrières. Mais les jours du mensonge sont comptés : Bruxelles a sifflé la fin de la récréation.

Selon nos informations, l’ex-fonctionnaire tente aujourd’hui de monter une action en justice contre l’Union européenne, une bataille perdue d’avance selon nos sources proches du dossier. « Ce serait une plainte sans lendemain », nous confie un employé de la délégation, avant d’ajouter, non sans gravité : « Il s’active surtout à tenter de bloquer les financements européens destinés au gouvernement burundais. »

Liaisons dangereuses

Derrière le masque du fonctionnaire européen se cache un réseau d’alliances troubles. Marié à une Rwandaise et voyageant régulièrement à Kigali où réside sa famille, Niyogusaba aurait entretenu des relations suspectes avec des cercles proches des autorités du renseignement extérieur rwandais. Une proximité qui suscite de lourdes interrogations sur sa loyauté à la nation burundaise. « Des informations sensibles sur le Burundi auraient pu traverser la frontière », glisse un diplomate sous couvert d’anonymat.

Mais ce n’est pas tout. L’homme collaborerait étroitement avec Bob Rugurika, le relais informationnel de Kigali,  se trouvant actuellement en Belgique et cultiverait des liens serrés avec des opposants notoires au parti au pouvoir. Ses accointances, au lieu de servir de pont entre l’Union européenne et Gitega, ont contribué à tendre davantage les relations.

La main noire de Suguru

Derrière Niyogusaba plane l’ombre tentaculaire d’Olivier Suguru. Homme d’affaires ou commissionnaire (qui sait ?) redouté, député influent, manipulateur hors pair, Suguru apparaît une fois de plus comme le grand metteur en scène. C’est lui qui, selon plusieurs enquêtes journalistiques voir sources du Burundi Forum, aurait utilisé ses réseaux pour placer son protégé à un poste stratégique au sein de l’UE. Un pion, utile pour verrouiller certains dossiers, orienter des décisions, voire bloquer des financements jugés hostiles à ses intérêts.

Mais le stratagème a fini par se retourner contre ses instigateurs. Bruxelles, en tirant le tapis sous les pieds de Niyogusaba, envoie un message clair : l’Union européenne refuse désormais d’être prise en otage par des manœuvres de coulisses et des trafics d’influence dignes d’un roman noir.

Une fin crépusculaire

Aujourd’hui, l’image d’Égide Niyogusaba ressemble à une étoile filante éteinte trop tôt. Sa carrière, qui devait se clore tranquillement en 2026, s’achève dans la disgrâce et le discrédit. Il restera, dans les mémoires de Gitega et de Bruxelles, comme l’exemple d’un haut fonctionnaire qui, croyant pouvoir se cacher derrière l’ombre d’un parrain, a fini par se brûler les ailes.

Car en diplomatie comme en politique, la vérité finit toujours par percer le voile des compromissions. Et dans ce dossier, une chose est sûre : le rideau est tombé sur le « bras droit » de Suguru.

Par Jean Solès RURIKUNZIRA.-