L’Honorable Olivier Suguru : Un cumul de pouvoirs qui tue l’innovation ?

L’Honorable Olivier Suguru ou l’homme qui voudrait tous les postes y compris la Présidence de la Chambre Fédérale du Commerce et de l’Industrie du Burundi (CFCIB), réélu à la tête de la CFCIB le 18 juin 2025 pour un deuxième mandat, est désormais perçu comme le symbole d’une gouvernance sclérosée. Malgré son statut d’homme d’affaires influent de Gihanga et son récent mandat de député obtenu le 5 juin 2025, ses multiples casquettes – Président du Conseil d’administration de l’Agence de Développement du Burundi (ADB), Secrétaire Général de SAVONOR – soulèvent une question brûlante : *comment un seul homme peut-il diriger autant d’institutions sans sacrifier leur efficacité ?* . 

Les entrepreneurs burundais sont unanimes : sous sa présidence, la CFCIB est devenue une coquille vide. Aucun projet innovant, aucune dynamique pour stimuler le secteur privé, juste des réunions protocolaires et des voyages et des discours creux. Pire, ses détracteurs l’accusent d’utiliser ces postes comme des tremplins pour son ego, plutôt que pour servir l’économie nationale.  

*Des élections controversées et un mandat sans vision*  

Suguru a remporté les élections de justesse, après une campagne opaque. Mais la question reste : *que compte-t-il accomplir maintenant qu’il n’a pas réussi pendant ce dernier mandat ?* La CFCIB, censée être le moteur des entreprises burundaises, est en léthargie. Les investisseurs dénoncent son incapacité à moderniser les infrastructures commerciales ou à défendre leurs intérêts face à la bureaucratie étouffante.  

Le cumul de fonctions pose un problème criant de conflits d’intérêts. Comment peut-il légiférer à l’Assemblée tout en pilotant l’ADB, un organe exécutif ? Cette omniprésence interroge sur la pénurie de talents au Burundi. Trois ans auraient dû suffire pour former une relève compétente, mais Suguru semble indispensable… ou simplement irremplaçable par calcul politique ? 

*La révolte des entrepreneurs : vers un nouveau patronat ?*

Face à cette inertie, un vent de sang nouveau souffle parmi les chefs d’entreprise. Plus déterminés que jamais, ils envisagent de créer un *véritable patronat burundais*, inspiré des modèles asiatiques, occidentaux ou régionaux comme la CGECI en Côte d’Ivoire. Leur objectif ? Rompre avec l’ère Suguru et impulser une dynamique alignée sur la Vision 2040-2060, qui exige innovation et compétitivité.  

« La CFCIB doit être dirigée par des professionnels dédiés, pas par des cumulards », lance un entrepreneur sous couvert d’anonymat. Les projets comme *iSOKO*, une plateforme digitale pour les femmes commerçantes, ont certes émergé sous son mandat, mais ils restent l’exception – et souvent portés par des partenaires externes comme TradeMark Africa .  

*Conclusion : L’urgence d’un changement radical*

Olivier Suguru incarne aujourd’hui le paradoxe burundais : un pays qui aspire à l’émergence économique mais se heurte à des dirigeants accrochés à leurs privilèges. Si les entrepreneurs concrétisent leur projet de nouveau patronat, ce pourrait être le début de la fin pour son règne sans éclat.  

Le Burundi mérite mieux qu’un homme-orchestre surchargé. Il a besoin de leaders spécialisés, audacieux, et tournés vers l’avenir. La balle est désormais dans le camp du secteur privé… et du gouvernement, qui devra trancher !

Par Mushwabure Chadrack