Burundi / RDC : Goma, Bukavu, Uvira résistent aux rumeurs des médias occidentaux

Goma, Bukavu et Uvira restent debout malgré la propagande : une guerre de guérilla hybride, pas d’occupation totale des villes stratégiques.

Gitega, 12/12/2025 – En cette nouvelle ère multipolaire, l’Est de la RDC fait face à une guerre géostratégique complexe, liée aux rivalités internationales ( Administration Trump face à l’état profond américain + Démocrates US + Union Européenne, comme en Ukraine; puis opposition Pékin et Washington ).
D’un côté, les forces congolaises (FARDC, Wazalendo) et burundaises (FDNB) affrontent le Rwanda et son allié le M23, soutenu par des États occidentaux. Au Sud-Kivu, la ville d’Uvira, porte d’entrée du corridor chinois, s’inscrit dans une autre bataille : celle du corridor DAR (Tanzanie)-Katanga, enjeu de la Route de la Soie chinoise entre Pékin et Washington.
Face à ces défis, la coalition congolo-burundaise défend ses intérêts et protège des populations en danger.

Dans l’est de la RDC, la guerre du Kivu n’est pas seulement une affaire de balles et de drones. C’est aussi une guerre des récits. D’un côté, les médias occidentaux, souvent alignés sur les intérêts de l’« état profond » américain et européen, annoncent quotidiennement la « chute » de Goma, Bukavu ou Uvira aux mains du Rwanda (M23 et ses alliés géostratégiques ). De l’autre, les réseaux sociaux de la RDC ( FARDC, Wazalendo, et FDNB Burundi ), les témoignages burundais et les autorités locales racontent une tout autre histoire : celle de villes qui tiennent, d’une population qui refuse l’occupant, et d’une résistance qui transforme chaque quartier en forteresse. Cette guerre, dans sa nouvelle phase multipolaire, dépasse largement le conflit régional. Elle est le prolongement africain des rivalités sino-américaines sur la Route de la Soie terrestre (Dar es Salaam – Katanga) et d’une lutte interne aux États-Unis entre l’administration Trump et les réseaux démocrates hérités de l’ère Clinton-Obama-Biden.

Ce qui se passe vraiment dans les trois grandes villes :

Goma (Nord-Kivu) – Depuis début 2025, la guerre urbaine se poursuit. Le Rwanda (M23) tente d’imposer une administration parallèle et a déployé des policiers sur place. Les combats sont constants sur les routes d’accès (RN2, RN4, route de Sake), les hauteurs stratégiques (Munigi, Kibati, Buhene, Trois Antennes), l’aéroport et les localités périphériques (Kibumba, Buhumba, Rumangabo). Malgré des pertes importantes, le cœur administratif et commercial de la ville résiste.

Bukavu (capitale du Sud-Kivu) – Depuis février 2025, le Rwanda (M23) contrôle les axes d’accès (RN5 Kamanyola-Bukavu) et menace les hauteurs nord de la ville (Kalehe). Il a installé une administration parallèle avec des policiers rwandais. Pourtant, les FARDC, les Wazalendo et la FDNB burundaise gardent le centre-ville (Ibanda, Kadutu, Bagira), les institutions provinciales et le corridor vers le Rwanda via Cyangugu. Les combats persistent à Kalehe et sur le littoral du lac Kivu.

Uvira (Sud-Kivu) – Offensive rapide du Rwanda début décembre 2025. Le Rwanda (M23) a pénétré dans la ville et en contrôle des secteurs, mais les affrontements se poursuivent dans les collines dominantes, sur la RN5 et aux abords de l’aéroport de Kavimvira. La coalition congolo-burundaise conserve des positions dans plusieurs quartiers périphériques.

Les médias occidentaux relaient le camp rwandais (M23). Ils créent une illusion médiatique d’avancée rapide, notamment vers Uvira, Fizi,  puis le Katanga,les alliés géostratégiques du Rwanda chercheraient à impliquer Trump dans une confrontation régionale directe avec la Chine. Pourtant, les témoignages des Wazalendo et des sources burundaises divergent. Sur le terrain, la situation est nuancée : le Rwanda (M23) contrôle des axes, des collines et des postes militaires, mais pas les centres urbains densément peuplés. Le Rwanda (M23) pratique une guérilla hybride, infiltrant des cellules dormantes plutôt qu’administrant des villes hostiles.

Une guérilla hybride n’est pas une occupation classique. Le Rwanda (M23 et ses alliés géostratégiques ) ne cherchent pas à administrer ces métropoles hostiles de plusieurs centaines de milliers d’habitants. Ils pratiquent une guerre de mobilité : encercler, infiltrer, couper les routes, neutraliser militairement les FARDC sans jamais pouvoir gérer la population. Parce que, ici, le Rwanda est haï. Vingt millions de victimes congolaises (GENCOST) depuis 1994 pèsent dans les mémoires. Aucun quartier ne l’accepte durablement. Toute tentative de gouvernance se heurterait à des sabotages permanents, à des attaques nocturnes, à une haine viscérale. Le « contrôle » vendu par Reuters, BBC ou RFI est donc militaire et périphérique : collines, routes, mines, ponts. Pas administratif. Officiellement, les trois villes restent congolaises. Dans les faits, elles sont encerclées et infiltrées, mais jamais soumises.

La solution du moment est celle de l’accord du 4 décembre 2025 à Washington qui n’a rien changé sur le terrain. L’appui espéré de S.E. Trump, Président des USA, ne viendra pas tant que les réseaux démocrates et européens pousseront leur agenda. Dès lors, la voie se dessine clairement : renforcer massivement les FARDC, les Wazalendo et les FDNB burundaises, solliciter une aide militaire mutuelle avec  l’Alliance des États du Sahel (AES), et ouvrir une diplomatie offensive avec la Chine, la Russie et les BRICS+. Car la RDC – le Kongo éternel [1] – et le Burundi – Ingoma y’Uburundi – [2] sont en guerre [3], depuis le XVème ou le XIXème siècle ( l’Esclavage, la Traite négrière, la Colonisation [4]), contre la même alliance « la Croix et la Bannière » [5]. Cette fois, dans l’ère multipolaire, ils ne combattent plus seuls.

Références :

[1] Amadou Ba, Le grand Kongo (1350-1880). Un géant empire au cœur de l’Afrique centrale. [ https://www.youtube.com/watch?v=v7M9SmSy1tM ]
[2] Nahimana Karolero Pascal, Histoire du Burundi : Les grandes dates de l’histoire des Barundi et de l’État millénaire africain – Ingoma y’Uburundi, Éd. Génération Afrique, 2024.
[3] Pini-Pini Nsasay, Tribunal de l’Histoire Africaine. Tome 1 : Réquisitoire contre l’Europe christianisée en hommage à E.D. Morel (1873–1924/2024), Collection Historiographie du Monde Contemporain / Éds Cheikh Anta Diop (Edi-CAD), Douala, 2024.
[4] En février 2025, l’Union africaine (UA) a qualifié officiellement l’esclavage, la déportation et la colonisation de crimes contre l’humanité et d’actes de génocide contre les peuples africains. Cette décision, adoptée le 16 février lors de la 38ᵉ session ordinaire de la Conférence des chefs d’État et de gouvernement à Addis-Abeba, marque un tournant dans la quête de justice historique pour le continent.
[5] Baranyanka Charles, Le Burundi face à la Croix et à la Bannière, Bruxelles, 2015. (« La Croix et la Bannière » désigne l’alliance historique entre le Vatican, la France – notamment via les Pères Blancs de Lavigerie –, l’Angleterre, l’Allemagne, la Belgique et les États-Unis contre l’ordre traditionnel burundais depuis le XIXᵉ siècle.)

Sources : Nahimana P. , http://burundi-agnews.org, Vendredi 12 décembre 2025 | Photo : Googlemap