Ce vendredi 30 janvier, le procureur de la République en mairie de Bujumbura Arcade Nimubona et son substitut Emmanuel Nkurikiye sont à Muramvya pour une nouvelle audition du directeur de la Radio publique africaine (RPA).
« Bien que le ministère public parle d’une nouvelle audition pour complément d’instruction, certainement qu’il a enfin décidé de le relâcher », veut croire Me Alexis Nigarura, avocat de Bob Rugurika. Sinon, pour lui, rien ne justifie le déplacement de ces deux magistrats.
L’avocat indique qu’il s’attendait plutôt à ce que son client soit présenté devant la chambre de conseil du Tribunal de Grande Instance (TGI) de la mairie de Bujumbura. « Les chambres de conseil siègent normalement les jours impairs. Bien plus, il n’y a pas deux jours, le parquet disait qu’il était fin prêt à présenter ses moyens d’accusation. » Et de marteler : « Si Bob Rugurika n’est pas relâché, ce sera une confirmation que le ministère public n’a pas d’argument juridique justifiant son arrestation. »
Pierre Claver Mbonimpa, président de l’Aprodh, trouve que la nouvelle audition de Bob Rugurika n’est qu’une manœuvre dilatoire pour justifier le défaut de présentation de Bob Rugurika devant la chambre de conseil. « Pourquoi le parquet doit attendre le dernier jour prévu par la loi pour faire confirmer la détention préventive du directeur de la RPA par les juges du TGI ? » Et de se donner lui-même la réponse : « Le parquet a peur que les juges ordonnent la mise en liberté provisoire de Bob Rugurika ou prononcent la mainlevée purement simplement. »
Signalons que le Code de procédure pénal dispose que le ministère public doit présenter les prévenus écroués devant les juges pour confirmation de la détention dans un délai maximum de quinze jours à compter du jour de signature du mandat d’arrêt . C’est une audience à huis clos dite chambre de conseil. Pour le cas d’espèce, ce délai expirera mercredi 4 février.
Autres hypothèses
Le ministère public aurait pris conscience que les trois infractions retenues contre Bob Rugurika ne sont qu’une « aberration » (terme de Me Raphaël Gahungu, bâtonnier de l’Ordre des avocats près la Cour d’appel de Gitega). Pire encore, toujours dans son obstination de garder Bob Rugurika en prison, et pour ne pas passer pour incompétent voire ridicule devant les juges, le magistrat instructeur aurait décidé d’organiser une autre audience. Elle viserait la requalification des prétendues infractions.
Enfin, l’audition d’aujourd’hui pourrait être une séance de confrontation de Bob Rugurika avec une autre personne citée par la RPA, quitte à procéder, par la suite, à d’éventuelles inculpations, le cas échéant. Si l’on en croit Me Nigarura, la défense a révélé au ministère public l’identité de la personne qui confesse être l’assassin d’une des trois sœurs. La justice aurait-elle alors réussi à l’appréhender ?