Mwambutsa IV est mort en 1977, à Meyrin (GE), où il a été enterré conformément à ses dernières volontés. Exhumés en 2012 pour être rapatriés au Burundi, ses restes sont depuis entreposés aux pompes funèbres.

L’affaire a été plaidée devant le Tribunal civil de Genève mercredi matin. Une des nièces du monarque, renversé en 1966 et qui a obtenu l’asile en Suisse, s’oppose au transfert de la dépouille. Selon son avocat Vincent Spira, le testament est clair et doit être respecté: l’ex-roi a demandé à être enterré à Meyrin. Il était d’ailleurs en mauvais termes avec sa famille quand il a rédigé son testament.

Quant à un éventuel intérêt public prépondérant à rapatrier la dépouille au Burundi, il n’est pas vraisemblable, a relevé l’avocat. Comme le montre un jugement rendu en février par le Tribunal de police dans une procédure liée, l’intervention du Burundi est accessoire. «Le défunt appartient à lui-même. Va-t-on déplacer Napoléon des Invalides?», a avancé Me Spira.

«Réconciliation nationale»

«Napoléon est mort à Sainte-Hélène. Il a été inhumé aux Invalides sur ordre de Louis XIV qui voulait se rallier les Bonapartistes», a rétorqué Alain Marti, avocat de deux autres membres de la famille. Selon les règles de la monarchie, «la personne du roi est une personne sacrée qui ne s’appartient pas à lui-même mais à son peuple», a-t-il déclaré.

Le Burundi entend organiser des obsèques nationales, comme il l’a fait pour la dépouille de l’épouse du défunt roi qui a été rapatriée. Des milliers de Burundais avaient alors assisté au cortège funèbre. Pour Me Marti, l’intérêt public est évident: «Il s’agit de la réconciliation nationale d’un peuple au bord du gouffre.»

En outre, il estime que le testament ne s’applique plus. Comme l’a relevé le Tribunal de police, 35 ans se sont écoulés entre le décès et l’exhumation. La dépouille est passée de l’état de cadavre à celui de squelette. Elle ne bénéficie plus de la protection du Code pénal. Dans le même ordre d’idée, le respect du testament est limité dans le temps, a plaidé l’avocat. Le jugement sera rendu par écrit.
(ats/Newsnet)