Par Kazirukanyo Martin

La fonction politique est la plus délicate de toutes les fonctions sociales, car c’est d’elle que dépend le progrès ou la décadence d’une société d’où pour qu’elle avance il faut des hommes généreux de cœur et d’esprit à la tête du pays dont la tâche principale est la promotion d’un meilleur destin, des hommes capables d’apporter des solutions appropriées et de proposer un projet de société adapté aux besoins des citoyens. Cela suppose bien entendu des hommes altruistes et non égoïstes travaillant pour le développement du bien commun contre vents et marrées.

Si on n’a pas un regard distant par rapport aux déclarations et agitations des différents acteurs politiques au Burundi, on peut tomber facilement dans la méprise totale de ce qui se passe réellement. Déçus par eux-mêmes devant leurs exploits médiocres sur le plan national, certains acteurs politiques jouent avec la vie des autres, à commencer par leurs propres membres, qui ne s’embarrassent pas d’hypothéquer l’avenir du pays tant que leurs ambitions égoïstes ne sont pas atteintes, n’épargnent rien pour essayer de garder leurs têtes hors de l’eau de l’oubli en manipulant l’opinion publique internationale via des fonctionnaires peu regardants par des affabulations imaginaires présentant un tableau cauchemardesque du Burundi d’aujourd’hui. Le but étant de masquer leurs angoisses existentielles, du fait de leur popularité dans le pays qui tend vers zéro compromettant à coup sûr leur avenir économique, le pays étant considéré de leur point de vue comme une vache à lait. Cette question pertinente pose la problématique de la remise en question de l’action politique dans notre société, du rôle et de la qualité des hommes politiques, des valeurs morales, philosophiques et politiques qui les animent.

Ne perdons pas de vue que tout homme politique n’est au fond que la résultante de son temps, que la conscience historique de sa collectivité agit en lui comme une sève d’un ensemble de pensées constituant ainsi son système de valeurs et de courants d’idées qui lui sont propres. C’est ce milieu éducateur qui lui donne le cursus de pratiques rassemblés à travers les temps comme mode de fonctionnement et d’action. L’être humain ne peut donc se soustraire à l’influence du climat social où il vit. La vision du monde qui l’entoure est le corolaire des conditions historiques préexistantes, qu’il s’agisse de culture, de morale ou de politique. C’est dans cette optique que nous devons essayer de comprendre les comportements irrationnels de certains de nos concitoyens politiciens quand ils décrivent le Burundi comme un volcan en éruption et qu’ils propagent des mensonges sans se soucier du mal qu’ils nous font gratuitement nous citoyens Burundais. 40 ans sous la dictature du Parti-Etat UPRONA ont laissé des traces indélébiles dont le jaillissement s’observe régulièrement dans le comportement des tenants du status quo d’hier. Ce sont eux en connivence avec des étrangers travaillant pour leurs intérêts que pour ceux des institutions internationales pour lesquelles ils ont été engagés, qui ensemble écrivent des rapports fabriqués de toutes pièces pour salir l’honneur de tout un peuple sans gêne ni remord.

Comment comprendre autrement le contenu du rapport douteux du BINUB que le Conseiller Principal chargé de la Sécurité (CSA) au Burundi a envoyé à ses supérieurs, par lequel il affirme que d’après les informations recueillies auprès d’informateurs clés, il y a eu distribution d’armes et de tenues militaires et de police au cours des mois de janvier et février aux jeunes affiliés au parti CNDD-FDD (Imbonerakure ), de même qu’aux démobilisés. Qu’une rencontre ad hoc a eu lieu à Rumonge dans un hôtel appelé KUKANYAMUNEZA qui appartient à un Général de Brigade, Nduwumunsi. Qu’une séance de formation à la manipulation de ces armes se serait tenue la nuit à côté de la prison centrale de Rumonge ( KUMUREMBWE). Que la population des environs aurait entendu des coups de feu. On considère que ces mêmes activités de distribution d’armes auraient eu lieu dans les communes de Nyanza Lac, Kibago et Mabanda dans la province de Makamba. Autre fait qui tend à confirmer ces nouvelles: les déclarations des personnes qui ont participé à ces réunions mais qui ont refusé de recevoir ces armes. En février, le BINUB avait fait également état de la disparition de 500 uniformes des camps militaires et de police, de même que la distribution de pistolets de 9mm. Il y a des indications, même si elles restent à confirmer, que les armes distribuées cette fois seraient des fusils d’assaut AK-47. Le Département de la Sécurité (DSS) a également fait état dans le passé de messages radio invitant la population à « être prête « . Toutefois, il n’a pas indiqué quelle radio avait diffusé ces messages et en quoi la population devait être prête, ce qui aurait été utile pour corroborer ou infirmer ces affirmations…

Ce Conseiller Principal chargé de la sécurité possèderait des informateurs clés infiltrés chez les imbonerakure de même qu’aux démobilisés, arrive à connaître le nombre d’objets volés dans les camps militaires et à la Police, peut déterminer avec précision le type d’armes distribuées en secret, sait quand des réunions ad hoc sont organisées, connait avec exactitude les activités nocturnes de formation de maniement des armes, bref rien n’échappe à sa vigilance même pas le moindre coup de feu tiré quelque part au Burundi par un Imbonerakure. Le ridicule ne tue pas, soit il est le principal organisateur de tout ce qui se passe ou alors il possède une boule de cristal infaillible. Sans entrer dans les détails, l’efficacité de ce fonctionnaire même dans les pays où les moyens techniques très avancés sont mis en œuvre n’est pas encore atteinte.

Dans ce jeu d’intérêts particuliers, il est difficile pour les décideurs travaillant uniquement sur base d’écrits non vérifiés par d’autres sources de dissocier la réalité du mensonge. Ceux qui établissent ces rapports douteux le savent bien, par une subtilité de style ils font que les faits purement matériels se mélangent inséparablement avec des jugements et des éléments psychiques irrationnels dont l’objet est de déclencher la désapprobation du reste du monde par rapport au pays dans le collimateur, la confiance abusée des grands décideurs c’est cela qui laisse le champ libre à ces personnes mal intentionnées et qui renforce leur capacité à dire des contre-vérités sans état d’âme du moment qu’ils y trouvent leur compte.
Abstraction faite des contre-vérités dues à une interprétation subjective des faits, la politique mélangée avec des intérêts économiques particuliers est le domaine par excellence du mensonge, de la duplicité, de la versatilité, de l’emploi de moyens incompatibles avec la morale. Il arrive même parfois que des politiciens ne reculent pas devant des manœuvres graves d’incitation à la violence, de diabolisation de l’adversaire, tout en s’efforçant de garder une moralité de façade pour les besoins de la cause, en se faisant passer pour être des victimes.

Ces derniers jours le Burundi malgré sa contribution pour la paix sur le continent Africain et reconnue par tous, n’est pas épargné par une bande de saboteurs (Burundais et étrangers) organisés et coalisés pour mener une campagne de diffamation par des écrits sans fondements en vue de décourager la participation de ses partenaires internationaux aux efforts de reconstruction du pays mais surtout pour compromettre la tenue des élections de 2015, leurs intérêts égoïstes se réalisant essentiellement dans le chaos.

Kazirukanyo Martin