La manifestation annoncée dans la précipitation par les opposants et les militants déchus du parti au pouvoir n’a pas eu lieu. Ce fut un camouflet cinglant. Une leçon politique qui va peser dans l’équilibre des forces sur le landerneau politique burundais. Non seulement là population de la capitale n’a pas pris au sérieux l’appel à manifester un jour de travail mais surtout l’improvisation suscitait beaucoup de méfiance. On note également une présence policière très importante et très dissuasive surtout que la manifestation avait été interdite. A juste titre. Car ce serait favoriser le chaos, l’anarchie. On ne se lève pas et sur un coup de tête, on décide de paralyser la ville! Juste pour une quête de visibilité? Et le pays dans tout ça?
Il faut noter que la manifestation avait été rejetée par Agathon Rwasa. Il aurait compris que tous les opposants aux abois comptaient sur lui pour ne pas disparaître dans cette sélection naturelle qui ne dit pas son nom. En politique, les morts et les résurrections sont monnaie courante. Il faut savoir tirer les leçons, accepter des traversées du désert ou des replis. Avec l’échec cuisant de la manifestation annoncée pour le mercredi 15 avril 2015, l’opposition doit comprendre que seules les élections intéressent la population voire même la communauté internationale.
Et pourtant, nous apprenons que l’opposition s’entête et qu’elle annonce d’autres essais pour ce vendredi. Ce sera à coup sûr une occasion manquée, un gâchis de trop. Et si d’aventure quelques désoeuvrés répondaient à cet appel, ils se heurteraient à l’action musclée des forces de l’ordre. En effet, l’opposition perd le Nord car elle a compris que la question du mandat n’est plus une préoccupation de la communauté internationale. Celle-ci exige seulement que la stabilité du pays ne soit point compromise et que les élections se déroulent dans des conditions de paix et de transparence. C’est d’ailleurs ce que le Secrétaire Général de l’ONU vient de repéter au ministre burundais de l’intérieur lors d’une audience qu’il lui a accordée à New York.
Pendant que les opposants et les frondeurs du parti au pouvoir se donnent en spectacle, les dissensions s’amplifient dans les partis. Il faut reconnaître que ces dissensions sont déjà maîtrisées du côté du parti au pouvoir même les dégâts sont loin d’être minimes. Mais c’est du côté de l’ADC Ikibiri que tout s’accélère: un parti vient de claquer les portes de la coalition et les jeunes Intakangwa du FRODEBU prennent à partie Léonce Ngendakumana qu’ils accusent d’enterrer le parti de Melchior Ndadaye.
L’appel à manifester devient donc un échappatoire pour camoufler les véritables difficultés de l’opposition. Point n’est besoin de rappeler que Jean Minani a été chassé de la coalition RANAC et qu’il a perdu le soutien au profit de Domitien NDAYIZEYE! L’union sacrée est donc loin d’être un atout pour cette opposition en lambeaux et qui espère manipuler l’opinion. Un roi nu peut-il inspirer une nation? Il est plaint et on s’en détourne avec beaucoup de peine pour les âmes sensibles. C’est l’image de l’opposition burundaise. Et le monde entier s’en rend compte. Voilà pourquoi, faute d’alternative à Nkurunziza, la communauté internationale fait pression sur le gouvernement: qu’il se montre à la hauteur du défi d’organiser les élections et de permettre au peuple de récolter les dividendes de la paix et de la stabilité de la région. Les fauteurs de troubles ont-ils un plan B? Les carottes sont vraiment cuites!
Paul Sorongo