Le conseil national de sécurité qui s’est réuni hier a pris des mesures visant à favoriser le bon déroulement des campagnes électorales pour les communales et les législatives. Comme la loi le prévoit, les manifestations sont interdites dans cette période. C’est ainsi que l’armée s’est déployée hier soir à Nyakabiga et Cibitoke et qu’elle est en train de ramasser toutes les barricades installées par les manifestants. A Nyakabiga, il y aurait eu une forte résistance des jeunes et la police aurait dû tirer à balles réelles. Deux morts sont déplorés même si les circonstances exactes de ces crimes restent à élucider.

Devant un discours ferme du ministre de la défense, les manifestants crient à la trahison. Comme nous le confie un informateur du côté de Musaga, certains militaires ex-FAB qui réconfortaient le moral des manifestants ont pris des distances. Ils ont expliqué que le mouvement n’était pas encadré et qu’il y avait de grands risques que les jeunes replongent dans les barbaries de 1994. Un militaire qui s’est entretenu en aparté avec un manifestant lui a conseillé de regagner sa maison car quand l’ordre est donné, les militaires exécutent. Et le manifestant aurait alors supplié: »Laissez-nous manifester, c’est du travail vous savez! Le matin, on nous donne un petit déjeuner, à 14 heures, on nous donne de quoi manger. Et le soir nous percevons des primes d’encouragement! Le mandat, ça rapporte. Ceux qui sont sur les barricades rançonnent les véhicules. Parfois, nous récoltons jusqu’à deux cent mille! C’est pourquoi les jeunes prennent des risques. C’est la faute à Nkurunziza si nous sommes au chômage. « Et le militaire de lui demander qui vient leur donner la nourriture et l’argent. Malin, il n’en dira pas plus. Mais il reconnaît que beaucoup de manifestants se droguent pour se donner du courage et affronter les policiers.

Alors que la circulation reprend à Nyakabiga et que des spots publicitaires passent en boucle sur certaines radios pour appeler les parents à décourager la participation des enfants et des jeunes de moins de 18 ans aux manifestations, Pacifique Nininahazwe pique une colère de fauve pour menacer les militaires de mesures internationales de rétorsion. Il déclare que la communauté internationale allait prendre des sanctions pour chasser les contingents burundais des opérations de maintien de la paix. Pacifique Nininahazwe se montre très furieux et sans doute désespéré car le mouvement insurrectionnel doit se terminer en queue de poisson. Rappeler que déjà les militaires burundais étaient sous sanction à cause de la riposte foudroyante aux assaillants venus de Cibitoke, c’est le comble du cynisme. Car à Cibitoke, le pays a fait face à une agression armée. L’armée a défendu l’intégrité du territoire. Ce que Human Rights Watch a écrit était de mauvaise foi.

Pacifique Nininahazwe fait semblant d’oublier que l’armée défend les lois et les institutions. Si la loi impose l’arrêt des manifestations pendant les campagnes électorales, l’armée doit épauler les forces de sécurité pour que le processus électoral se déroule dans le calme et la sérénité. Pacifique Nininahazwe n’est candidat à aucune élection. Il ne représente aucun parti politique ni une liste d’indépendant. Et pis encore, il est sous le coup d’un mandat d’arrêt!

Les politiciens semblent avoir compris le jeu dangereux des activistes. C’est ainsi que nous notons le dépôt de plusieurs dossiers de candidature pour la présidentielle. Après Pierre Nkurunziza et Gérard Nduwayo hier, Agathon Rwasa, Jean Minani, Domitien Ndayizeye, Jacques Bigirimana et Jean de Dieu Mutabazi ont déposé leurs candidatures auprès de la CENI. C’est un pied de nez sur la figure des activistes et de tous ceux qui espéraient le boycott de la présidentielle. Il faut regretter l’abandon d’Epitace Bayaganakandi et d’Audifax Ndabitoreye. Maître Isidore Rufyikiri s’est désisté depuis longtemps. Cette participation a été sans doute encouragée par le message des évêques catholiques, la MENUB et les diplomates accrédités à Bujumbura. C’est en fin de compte, le triomphe de la raison et du réalisme politique. Allez Burundais aux urnes, courageusement.

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